Après des décennies de lutte contre ce qu'ils appelaient «l'occupation espagnole et marocaine», les chefs des tribus de la région d'Aousserd et d'Oued Eddahab ont fini par prêter allégeance à Hassan II, qui, le 14 août 1979, déclare le parachèvement de l'intégrité territoriale du Maroc. C'était le 14 août 1979, soit 4 ans après la marche verte. Une délégation des oulémas, des cheikhs et des notables de la région d'Aousserd et d'Oued Eddahad se dirige à Rabat. Ils lisent devant le roi Hassan II un texte où ils lui prêtent allégeance et rappellent les liens étroits qui unissent leurs tribus au Maroc. La cérémonie, diffusée sur l'unique chaîne de télévision à l'époque, prend une allure de fête nationale et Hassan II en profite pour prononcer un discours. Dans son speech, le roi envoie des messages indirects à l'Algérie et à la Mauritanie et rappelle aux notables sahraouis que leur allégeance est un serment qu'il ne faudra jamais trahir. Vers la fin de son discours, Hassan II déclare que le Maroc a parachevé son indépendance. Plus de vingt tribus et sous tribus ont signé via leurs représentants ce document que Hassan II qualifiera de second manifeste de l'indépendance. Parmi les tribus, on retrouve les Ouled Dlim, Reguibat, Aït Lahcen , Lâaroussiyine, Oulad Cheikh Maa-alaïnine, les sahraouis d'Aït Bâamrane, et Amghrane. Tous leurs représentants ont été reçus dans la cour du palais royal de Rabat pour parapher une lettre qui stipule: «Nous nous considérons désormais comme des sujets de Amir Al Mouminine, son soutien et ses soldats, pour la noblesse de ses actes, pour ses efforts tendant à la libération de la patrie et sa réunification et à la prospérité de ses sujets». La lettre sera lue par Cheikh Ahmed Habib Allah Ould Bouh, Cadi de Dakhla et représentant des chefs de la totalité des tribus des provinces d'Aousserd et de Oued-Eddahab. Ce dernier avait fini sa lecture en affirmant être «honoré» de s'inscrire dans le cérémonial de ses ancêtres pour proclamer au nom de tous l'allégeance des populations de Oued Eddahab au roi du Maroc. Ravi de ce qui se passait devant ses yeux, Hassan II annonce: «Nous nous faisons un devoir de garantir votre défense et votre sécurité et d'œuvrer sans relâche pour votre bien». Aidé militairement et financièrement par l'Algérie, une partie des membres des tribus refusaient de rentrer dans les rangs et comptaient multiplier les agressions au Sahara et occuper Oued Eddahab. Le roi Hassan II rassure les cheikhs et souligne la volonté du royaume de ne pas laisser les «fils du Maroc» livrés à eux-mêmes. Pour ce faire, il procédera à la distribution d'armes, de fusils aux représentants des tribus d'Oued Eddahab, une manière de leur signifier son soutien militaire. L'allégeance et l'engagement mutuel entre le Maroc et les tribus fût scellé par ce geste. Rappelons que cet événement intervenait 4 ans après la marche verte du 6 novembre 1975. Hassan II avait surfé, à l'époque, sur la décision de la Cour pénale de justice du 16 octobre 1975, qui énonçait que le Sahara n'était pas une «terra nullius» (Ndlr, une terre sans maître) au moment de son occupation par l'Espagne en 1884. La Cour s'est basé sur les articles de la convention de Bruxelles de 1890, parlant d'un «Maroc dont les frontières s'étendaient de Figuig au Cap Blanc (Nouadhibou, en Mauritanie) et comprenant Saquia al-Hamra et Rio de Oro, aujourd'hui (Oued Eddahab).