Au Maroc, c'est l'un des rares quartiers qui racontent la coexistence entre musulmans et juifs, « Le Mellah ». Dans les années 1940, plus de 27.000 juifs habitaient dans ce quartier, sur les 35.000 installés dans la région à l'époque. Après 1948 et les premières vagues de départ pour Israël, l'Europe et l'Amérique du Nord, ils ne seront plus que 12.000 à y vivre. Aujourd'hui, la communauté est beaucoup plus réduite avec à peine 200 marocains installés dans la cité ocre. Parmi eux, il y a ceux qui n'ont même jamais quitté leur quartier natal. Rebaptisé Essalam, il y a une vingtaine d'années, le Mellah de Marrakech a repris début 2017 son nom originel, sur décision de SM Mohammed VI. Une initiative à la fois symbolique et inédite pour que soit préservée la mémoire historique des lieux, comme le souligne Jacky Kadoch, le président de la communauté juive de la région. Titi Halioua, née à la fin des années 1940 à Marrakech, nous raconte avec beaucoup de nostalgie le Mellah de son enfance. Fille de commerçant, elle garde de beaux souvenirs de son quartier qu'elle n'a jamais quitté. Comme elle, quelques uns de ses coreligionnaires y tiennent toujours des commerces. C'est le cas pour Moche Halioua, vendeur de tissus et David Ohayon, fabriquant de verre. 2M.ma a rencontré ces témoins de la longue tradition de coexistence entre juifs et musulmans dans les ruelles de la médina de Marrakech. Reportage.