Des chercheurs de l'Université de Cadi Ayyad de Marrakech, membres d'une équipe internationale élargie, viennent de faire une découverte exceptionnelle. Ils sont arrivés à prouver que la plus ancienne organisation collective et sociale sur notre planète remonte à près d'un demi-milliard d'années, a annoncé l'Université dans un communiqué. Les chercheurs de la FST relevant de l'Université ont contribué, au sein d'une équipe internationale et avec le soutien de l'Académie des Sciences et Techniques Hassan II, à démontrer que certains animaux ont acquis des comportements collectifs, voire sociaux, depuis au moins 480 millions d'années. Bien que l'on l'anatomie des premiers animaux, apparus il y a environ un demi-milliard d'années, soit connue grâce à l'étude de certains spécimens à préservation exceptionnelle, on ignore pratiquement tout de leur comportement, faute de preuves tangibles, explique l'Université. En effet, les traces fossiles, considérées parmi les meilleurs indicateurs du comportement locomoteur, ne livrent généralement pas d'informations précises sur leurs auteurs, c'est à dire les espèces concernées. C'est ainsi grâce à l'étude du fossile d'un groupe d'Ampyx, un trilobite de l'Ordovicien inférieur du Maroc, découvert dans le site de Fezouata (région de Zagora), que cette découverte a pu être établie. Les Ampyx en question sont tous orientés vers une même direction forment des files régulières, et maintiennent entre eux des contacts étroits via leurs très longs processus épineux.
"L'analyse de ces associations atypiques et du sédiment qui les renferme montre que ces trilobites ont été ensevelis en position de vie par des dépôts de tempêtes. Tout semble indiquer qu'ils se rassemblaient et se déplaçaient en groupe sur les fonds marins mais pour quelles raisons ?", s'étaient demandé les chercheurs, une question à laquelle ils ont trouvé des éléments de réponse dans les comportements d'animaux actuels. "Certaines langoustes d'Amérique du Nord se déplacent en file indienne pour échapper aux perturbations environnementales induites par des tempêtes saisonnières. Elles réagissent à des signaux hydrodynamiques et maintiennent la cohésion du groupe grâce à des contacts tactiles. Chez d'autres espèces, comme les limules, c'est au contraire l'attraction chimique qui provoque la migration et le regroupement de nombreux individus pendant de la saison de reproduction. Les processions d'Ampyx pourrait donc bien correspondre à des comportements collectifs similaires déclenchés par des perturbations environnementales cycliques ou des signaux chimiques liés à la reproduction", explique le communiqué de l'Université. Cet exemple indique que le comportement collectif a une origine très ancienne, poursuit l'Université. "Il a sans doute représenté très tôt, chez les premiers animaux, un avantage évolutif permettant d'échapper au stress environnemental et d'augmenter ses chances de reproduction", conclut le communiqué.