Le ministre de l'Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Said Amzazi, a assuré, mercredi à Salé, que son département s'emploie à assurer aux pensionnaires des établissements pénitentiaires les mécanismes appropriés d'apprentissage, partant en cela de la garantie du droit d'accès à l'éducation et à la formation sur la base de l'équité et de l'égalité des chances. Dans ce cadre, l'action du ministère est axée sur le soutien des programmes d'enseignement primaire, collégial et secondaire selon les tranches d'âge des détenus, tout en leur permettant de passer les examens à l'instar des autres élèves, a affirmé le ministre qui s'exprimait à l'ouverture de la 7ème édition de l'Université d'automne, organisée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI par la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) sous le thème: "Quelles solutions pour le problème de la récidive?". Il a souligné qu'en 2019, le taux de réussite aux examens du baccalauréat était de 47% parmi les candidats pensionnaires des établissements pénitentiaires, en hausse de 10,24% par rapport à 2018, ajoutant que son département oeuvre aussi à soutenir les programmes d'enseignement supérieur dans les prisons tout en élargissant le cercle des détenus bénéficiaires des programmes de formation. Le nombre de pensionnaires des établissements pénitentiaires inscrits dans les universités s'est élevé à près de 842 étudiants au titre de 2018/2019, a indiqué M. Amzazi, faisant en outre savoir que le ministère a équipé 60 centres de formation dans des établissements pénitentiaires au titre 2017-2018 afin de permettre aux détenus de bénéficier d'une formation professionnelle facilitant leur réinsertion sociale et professionnelle à travers la création d'activités génératrices de revenus. Il a sur un autre registre relevé que la lutte contre les cas de récidive nécessite l'implication sérieuse et responsable de tous les secteurs gouvernementaux et des acteurs concernés, réaffirmant la disposition de son département à contribuer efficacement à toutes les initiatives visant la mise en œuvre des bases solides pour la réinsertion des détenus après leur libération, de manière à prévenir la récidive. De son côté, le ministre délégué chargé des Relations avec le parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a souligné l'importance de la conjugaison des efforts de tous les acteurs concernés pour lutter contre la consommation de la drogue qui demeure l'une des principales sources de la récidive. Il a également noté que 25% de la population carcérale était poursuivie dans des affaires liées à la consommation de la drogue, appelant à l'activation de l'article 8 du Dahir du 21 mai 1974, stipulant la possibilité d'arrêter la poursuite judiciaire en cas de placement dans une institution thérapeutique. Le ministre a estimé que l'activation de cet article permettrait de contribuer à limiter les cas de récidives liés à la consommation de la drogue, saluant les efforts déployés à cet égard depuis le lancement du programme national de lutte contre les conduites addictives que la Fondation Mohammed V pour la Solidarité veille depuis 2010 à le mettre en oeuvre, conformément aux Hautes instructions royales. Pour sa part, le président de l'Université Mohammed V de Rabat, Mohammed Rhachi, a affirmé que l'université accorde une grande importance au prisonnier, dans le cadre de son ouverture sur son environnement socioculturel, ajoutant que son action est axée dans ce sens sur la formation, la qualification et la réinsertion des détenus. À cet égard, M. Rhachi a rappelé que l'Université Mohammed V avait signé un accord de coopération et de partenariat avec la Délégation Générale à l'Administration Pénitentiaire et à la Réinsertion afin de créer, au sein de la Faculté des lettres et des sciences humaines, un centre de recherche universitaire pour la réinsertion sociale. Ce centre a pour missions d'encourager les chercheurs à mener des études scientifiques sur l'espace pénitentiaire et les exigences de la réinsertion, d'organiser des journées d'études et d'établir des partenariats nationaux et internationaux sur les questions liées au crime, aux prisons et à la réinsertion des détenus. L'Université a créé le Master de "l'Institution pénitentiaire: prévention et réinsertion", ouvert au personnel de la Délégation Générale à l'Administration Pénitentiaire et à la Réinsertion, de même qu'elle oeuvre à permettre aux détenus de poursuivre leurs études universitaires, a-t-il dit, faisant savoir que l'université et la délégation s'emploient à mettre en place une stratégie efficiente visant la qualification et la formation des détenus. Organisée sur deux jours à la prison locale de Salé 2, la 7ème édition de l'Université d'automne connaît la participation de 200 détenus. Plusieurs institutions gouvernementales, magistrats et responsables au sein des administrations publiques prennent part à cette édition. Des responsables et représentants de la société civile ainsi que des universitaires marocains et étrangers débattront à cette occasion des causes, aspects et conséquences du phénomène de la récidive et son incidence sur la réinsertion. Au menu de cette rencontre figurent quatre sessions thématiques intitulées: "Phénomène de la récidive: étude comparative", "Lectures sur les motivations de la récidive", "la récidive, entre responsabilité individuelle et institutionnelle" et "la récidive: entre solutions et garanties". Ces sessions présenteront en outre, les résultats d'une étude menée pour la première fois sur le phénomène de la récidive dans les établissements pénitentiaires.