L'Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) vient de dévoiler sa position quand à l'arrestation, le 31 août dernier, de la journaliste Hajar Raissouni pour des chefs d'accusation liés aux «relations sexuelles hors mariage», «avortement» et «participation à l'avortement». Dans un communiqué rendu public ce 9 septembre 2019, l'ADFM annonce avoir «appris avec stupéfaction» l'arrestation de la journaliste, d'un gynécologue et de son équipe et d'un universitaire résidant au Maroc. L'Association déclare considérer que la poursuite et l'inculpation doivent cibler les articles 449 à 458 et 490 à 493 du Code pénal, et non la journaliste en question. Dans son plaidoyer en faveur des libertés individuelles, l'ADFM estime que «les déclarations et éclaircissements ayant suivi ultérieurement cette nouvelle sont pour la plupart, affligeants et déconcertants dans la mesure où ils constituent une violation des droits de la personne et de la protection de la vie privée». Tout en condamnant le "préjudice" subi par Raissouni, l'Association exprime sa solidarité avec la concernée et demande sa libération ainsi que celles des autres personnes arrêtées pour les mêmes motifs. «C'est plutôt les dispositions juridiques ayant présidé aux poursuites, qui remontent à une époque esclavagiste révolue où les individus étaient contrôlés dans leurs mouvements et leur vie privée, qui doivent être poursuivis et condamnés», prône l'ADFM. L'association profite ainsi de cette affaire pour "rappeler au gouvernement, au parlement ainsi qu'à l'opinion publique (ses) revendications" réitérées à maintes reprises depuis l'ouverture du chantier de réforme de la législation pénale, notamment la dépénalisation des relations sexuelles consenties entre adultes en abrogeant les articles 490 à 493 du code pénal, le transfert des dispositions relatives à l'Interruption Volontaire de la Grossesse (IVG) du code pénal au code de la santé, ainsi qu'une révision globale du projet de loi 10.16, modifiant et complétant le code pénal, particulièrement au volet des dispositions relatives à l'IVG, «la mouture actuelle des articles s'y afférents est extrêmement restrictive et incapable d'apporter des réponses effectives aux problèmes posés par ce phénomène eu égard à son ampleur dans notre pays», argumente l'Association. De même, l'Association a rejeté les chefs d'accusation inscrits dans la catégorie des délits et crimes «portant atteinte à l'ordre des familles et de la moralité publique» retenus contre la journaliste. «L'ADFM s'attend, par ailleurs, à l'abrogation de ces lois injustes et arbitraires qui permettent de porter des accusations indignes du projet de société auquel le Maroc aspire», conclut le communiqué.