Adieu Renard, bonjour Halilhodzic. Le nouveau sélectionneur national, présenté ce jeudi 15 août à Rabat devant les médias par la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et dont le mandat devra durer 4 ans, fera les choux gras de l'opinion publique durant les jours qui viennent. Dans les maisons, cafés, bureaux et moyens de transports, seront passés au crible sa personnalité, son tempérament, son parcours de joueur, sa carrière d'entraîneur, ses tops et flops. Mais il n'en reste pas moins qu'une nouvelle page commence, et que l'homme a le bénéfice du doute. Jusqu'aux premiers matchs des Lions, critiques et éloges devront attendre. Mais d'abord, qui est Vahid Halilhodzic, et à quoi devront nous nous attendre avec lui? Un attaquant de formation Halilhodzic est né le 15 mai 1952 à Jablanica, une ville de l'ex-Yougoslavie, située aujourd'hui en Bosnie-Herzégovine. Il commence sa carrière de footballeur en 1971 dans un club local, le Velez Mostar, où il évoluera pendant 10 saisons et avec lequel il remportera la Coupe de Yougoslavie en 1981. Lors de la même année, cet attaquant de formation prend son envol vers le championnat français, où il signera sur les meilleurs saisons de sa carrière avec le FC Nantes. Il a été sacré champion de France avec les Canaris en 1983. Buteur prolifique, il a remporté le titre de meilleur buteur du championnat lors de la même année (27 buts), ainsi qu'en 1985 (27 buts également). En 1986, Halilhodzic signe au Paris-Saint Germain, où il disputera la dernière saison d'une carrière riche de 446 matchs et de 232 buts. Le bosniaque a également marqué de son empreinte la sélection Yougoslave. Il portera les couleurs nationales lors de 15 rencontres entre 1976 et 1985, au cours desquelles il marquera 8 buts. En sélection, Halihodzic disputera le Championnat d'Europe en 1976 et la Coupe du Monde 1982 en Espagne. Le Raja, tremplin d'une carrière mouvementée d'entraineur Désireux d'entamer une carrière d'entraineur, Halilodzic s'oriente vers son club formateur, le Velez Mostar, qui lui donnera les commandes de l'équipe première en 1990. La guerre faisant rage en Yougoslavie le pousse à émigrer en France, où il sera sollicité par l'AS Beauvais Oise en 1993, club qui évoluait en 2e division française. Il les quittera un an après, et traversera une période de chômage avant d'être conseillé par Henri Michel, le sélectionneur des Lions de l'Atlas à l'époque, qui l'incite à postuler pour le Raja de Casablanca. Il est nommé entraineur du club casablancais en 1997. C'est là où le nom de Halilhodzic prendra de l'ampleur dans les milieux footballistique. Entre 1997 et 1998, le Bosniaque décroche avec les verts sa seule compétition continentale, la Ligue des Champions d'Afrique, en battant les ghanéens d'Obuasi Goldfields aux tirs au but. Il remporte également le championnat marocain en 1998. En dépit du succès trouvé au Maroc, le désir de renouer avec l'ambiance des stades français le pousse à repartir vers l'hexagone. Commence alors un périple mouvementé entre différents clubs et sélections nationales. De 1998 à 2019, Halilhodzic a entrainé 11 collectifs et n'aura remporté que deux titres (Coupe de France en 2004 avec Lille LOSC, Championnat de Croatie en 2011 avec Dinamo Zagreb). La carence en titres n'étant représentative que de la moitié vide du verre, le Bosniaque peut s'attribuer certains succès, dont celui d'avoir qualifié trois sélections nationales à la Coupe du monde : la Côte d'Ivoire en 2010, l'Algérie en 2014 et le Japon en 2018. Coach Vahid, un "tyran"? Faisant vibrer les filets en tant que joueur, il se forme une "philosophie" offensive sur les bancs. Il dit aimer le jeu offensif, mais ne trouve pas de peine à produire un jeu ultra-défensif quand le besoin s'en fait. Cependant, plusieurs joueurs qui ont évolué sous sa tutelle lui reproche une sévérité extrême. A ses débuts, il a même été qualifié de "coach tyrannique". Sa carrière a été ponctuée d'échanges sulfureux avec des joueurs (surtout au Japon) et dont les médias faisaient périodiquement écho. Ce point, précisément, a été évoqué dans le point de presse de présentation, le 15 août au siège de la FRMF, à Rabat. A la question d'un journaliste sur la gestion du collectif, l'entraineur répond que ses méthodes font valoir des valeurs telles que la rigueur et le dévouement. Il a promis de discuter avec les joueurs et de sélectionner les meilleurs à l'instant "t", affirmant qu'il n'est pas là pour faire des faveurs mais pour produire du bon football d'abord. Et de promettre de donner la chance aux joueurs du championnat local. Il a aussi bien fait savoir qu'il restera professionnel dans ses échanges avec les médias (également tumultueux de par le passé), mais qu'il n'appréciera pas les critiques gratuites ou les informations infondées. En somme, les derniers "followers" de Hervé Renard quitteront les pages des équipes saoudiennes de Football, où ils avaient produits des posts satyriques à profusion (surtout à cause de l'incident Hamdallah). Tous les regards seront portés sur Halilhodzic, l'ambition étant d'assurer une participation pérenne en Coupe du Monde et, pourquoi pas, un titre africain tant recherché.