Être soigné par un écran interposé, consulter son médecin via une webcam, montrer son grain de beauté à un dermatologue depuis son smartphone, se faire prescrire un traitement après une vidéo consultation est aujourd'hui possible. La pratique médicale à distance en utilisant les technologies de l'information et de la communication, est devenue une réalité depuis l'entrée en vigueur, en juillet dernier, du décret n° 2-18-378 qui officialise le lancement de la télémédecine en fixant les modalités et les conditions de sa pratique. Une nouvelle technique présentée ce mercredi à Marrakech, lors de l'ouverture de l"Africa Digital Medical Hub" et l'"Africa Health Tourism Congress", deux événements dédiés à l'innovation au service de la santé. L'Afrique compte aujourd'hui environ 24% des personnes malades dans le monde, et seulement 3% de l'effectif mondial des professionnels de la santé. Un constat alarmant rappelé par les professionnels de la santé présent à cet événement. Organisé sous l'égide du ministère de la santé, l"Africa Digital Medical Hub" et l'"Africa Health Tourism Congress" ont pour objectifs de débattre de la place de "la santé numérique" dans l'écosystème africain avec un focus sur le Maroc. Cet événement de l'innovation numérique au service de la santé, offre aussi l'occasion pour rappeler que la télémédecine est un outil au service des organisations territoriales et au service d'une meilleure organisation des soins aux profits des citoyens. Le Maroc se lance ainsi dans une vraie dynamique afin d'organiser la gouvernance du système de santé, de mettre en place des infrastructures et un plateau technique appropriés, de mutualiser l'utilisation des infrastructures, d'accompagner la monté en compétences des ressources humaines, et d'œuvrer au rapprochement les structures sanitaires des citoyens, enfin, d'assurer une meilleure prévention et prise en charge des maladies épidémiques. Consacré à la promotion de la santé numérique en Afrique et au Maroc en particulier, l'Africa Digital medical Hub vient à point nommé puisque « la santé numérique » constitue l'un des domaines les plus porteurs d'espoir pour bâtir des systèmes qui produiront de la santé. « Le Maroc prévoit l'engagement de lourds investissements d'innovation et d'expérimentation en Télémédecine & e-Santé, allant de l'hôpital numérique jusqu'à la création de plateforme de télémédecine des 12 régions du Royaume » annonce le secrétaire générale du ministère de la santé, Pr. Hicham Najmi lors de la séance d'ouverture. L'adoption grandissante du digital par le secteur de la santé ouvre de nouvelles perspectives, notamment grâce aux données de santé. En effet, les Technologies de l'Information et de la Communication assurent une meilleure circulation des informations, pour une meilleure prise en charge du patient ; plus fiable et coordonnée. En matière d'accès aux soins, la télémédecine permet de redessiner la carte sanitaire, d'opérer un rééquilibrage territorial pour les zones à faible densité médicale, et de faciliter les parcours de soins. Ainsi, la santé numérique jouera indéniablement un rôle de levier dans le renforcement du système de santé national. Les actes médicaux réalisés dans le cadre de cette nouvelle pratique seront bientôt couverts par l'Assurance maladie obligatoire (AMO). Afin de palier l'enclavement sanitaire, le Maroc veut déployer progressivement des sites de télémédecine dans 160 municipalités isolées représentant 6,25% de la population à l'horizon 2025.