Le directeur du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), Abdelhak Khiame s'est entretenu avec l'hebdomadaire français Valeurs actuelles qui a consacré dans sa dernière livraison un reportage à la lutte contre le terrorisme au Maroc. Lors de cette interview le patron de la BCIJ revient sur le dispositif marocain de lutte contre le terrorisme. Le 16 mai 2003, Casablanca a été frappée par une série d'explosion. Depuis le Royaume, mène une guerre contre le terrorisme sur plusieurs fronts. « Sous l'impulsion du Roi, le Maroc a adopté une politique sécuritaire anticipative. Grâce à une loi votée en 2003, il y a certes, eu le renforcement de l'arsenal juridique et sécuritaire, permettant d'agir avant qu'un terroriste ne passe à l'acte, mais également la réforme intégrale du champ religieux pour ne pas laisser l'Islam à l'emprise des mouvances extrémistes », a expliqué Abdelhak Khiame. « Il a fallu aussi lutter contre la précarité et la pauvreté, le meilleur terreau de l'Etat islamique », ajoute-t-il lors de l'interview. Avant la prison, de nombreuses équipes constituées de juristes, psychologues, sociologues, oulémas interviennent pour toucher les populations à risque. Ces spécialistes interviennent aussi dans le milieu carcéral pour amener les terroristes à réviser leur opinion sur le djihad. « Même s'il ne faut pas crier victoire trop vite, nous observons une baisse de la radicalisation au Maroc depuis quelques mois », a déclaré Khiame à l'hebdomadaire. Concernant le nombre de cellule démantelé, le patron du BCIJ a fait savoir qu' « en 2017, nous avons neutralisé 186 terroristes. Depuis la création du BCIJ, nous avons démantelé 21 cellules terroristes en 2015, 19 en 2016, 9 en 2017 et 4 pour le moment [au 25 avril, NDLR] en 2018 ». Egalement, Abdelhak Khiame a rappelé que le BCIJ dépend de la Direction générale de la surveillance du territoire, et que ce sont les agents de toutes les directions de ce service qui communiquent les renseignements avant que les cellules ne passent à l'acte. Cette stratégie anticipative permet de gagner un temps considérable avant d'intervenir puisque tout est décloisonné. Ainsi, Le BCIJ a accès aux renseignements du terrain, qu'il peut croiser avec des analyses ou avec des renseignements partagés avec d'autres pays. Par ailleurs, le directeur du Bureau central d'investigations judiciaires a qualifié d'excellente la coopération sécuritaire avec la France, faisant savoir que le BCIJ échange beaucoup avec les services français, principalement la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), mais aussi avec la police judiciaire française.