Plusieurs travailleuses saisonnières marocaines en Espagne dans la région de Huelva sont souvent victimes d'harcèlement sexuel, viol et toutes formes de maltraitance. C'est du moins ce que révèle une enquête choc menée par BuzzFeed News en collaboration avec le média allemand Correctiv. Sur les 100 femmes interviewées, 28 d'entre elles ont déclaré avoir été agressées sexuellement ou violées par leurs supérieurs; environ la moitié ont fait état de violences physiques et de menaces. Toutes les femmes ont affirmé avoir été harcelées verbalement, insultées et maltraitées. Mais seule une poignée d'entre elles ont porté plainte, et aucun des agresseurs présumés n'a fait l'objet de poursuite pour crime, déplore l'enquête. « Si je ne fais pas ce qu'il me dit, il me tuerait », a déclaré Kalima, une travailleuse marocaine en Espagne dont le nom a été changé pour garder son anonymat. Kalima a déclaré à BuzzFeed News que son superviseur l'avait violée à plusieurs reprises en mars et avril 2017. « Il m'a forcé à avoir des relations sexuelles anales », a-t-elle confié. Kalima est l'une des rares femmes ayant décidé de briser le silence. Après avoir porté plainte contre son agresseur, et même après avoir retournée au Maroc, Kalima continue de recevoir des menaces de la part de son agresseur qui travaille toujours dans la même ferme, bien qu'une enquête ait été ouverte à son encontre, précise l'enquête.En Espagne, les responsables syndicaux ont comparé les conditions de travail des femmes à «l'esclavage». En effet, elles travaillent 12 heures par jour contre 25 à 30 euros. Elles sont généralement moins payées que les hommes pour le même travail, déplore l'enquête. Une délégation maroco-espagnole se rendra à la province de Huelva pour contrôler les conditions de travail des saisonnières Dans un communiqué publié par la MAP, le ministère du Travail et de l'Insertion professionnelle a appelé à la “vigilance” à l'égard de vidéos faisant état de l'exposition de certaines ouvrières marocaines saisonnières au harcèlement et à l'exploitation dans des exploitations agricoles espagnoles. Afin de donner les éclaircissements nécessaires à l'opinion publique marocaine, le ministère du Travail et de l'insertion professionnelle informe tous ceux qui suivent de prés ce sujet que les vidéos qui circulent sur certains sites présentent effectivement des champs de culture de tomates et mettent en évidence des événements qui auraient pu survenir entre mars et avril 2017. Le communiqué précise également qu'une délégation conjointe maroco-espagnole se rendra au cours de cette semaine à la province espagnole de Huelva en vue de s'enquérir des conditions de travail et de séjour de cette population. Ce déplacement sera également l'occasion d'examiner avec la partie espagnole les questions liées à la gestion de la migration de la main-d'œuvre saisonnière, précise la même source, notant qu'à chaque fois qu'une plainte est transmise au ministère du Travail ou à l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC), elle est immédiatement signalée aux autorités espagnoles pour faire le nécessaire.