Espacer de six semaines les deux injections de vaccins anti-covid, au lieu de trois à quatre semaines actuellement, constitue une option "raisonnable", assure la Haute autorité de santé (HAS), pour protéger les plus vulnérables et faire face à la "flambée épidémique". "Dans un contexte de limitation en nombre de doses de vaccin et afin de permettre une augmentation de la couverture vaccinale des personnes les plus vulnérables à court terme, l'allongement du délai entre deux doses vaccinales est une option à considérer", indique l'instance française dans un rapport publié samedi. Le schéma de vaccination suivi jusqu'ici est l'administration de deux doses espacée d'au moins 21 jours pour le vaccin Pfizer-BioNTech et de 28 jours pour celui produit par Moderna. L'allongement du délai d'injection des deux doses permettrait d'"accélérer l'administration de la première dose aux personnes les plus vulnérables", soit, selon les projections de la HAS, au moins 700.000 personnes supplémentaires "qui seraient protégées par le vaccin" sur le premier mois d'application de cette mesure. A l'échelle individuelle, "le risque de perte d'efficacité" du vaccin entre deux doses "paraît limité", indique la HAS. Les résultats des essais cliniques de phase 3 pour les vaccins à ARN messager "montrent une efficacité du vaccin Comirnaty® de Pfizer BioNtech qui débute à partir du 12e jour après la première dose et celle du vaccin de Moderna à partir du 14e jour après la première dose", explique-t-elle. Par la suite, les personnes les plus âgées vaccinées "montrent une réponse immunologique satisfaisante et une efficacité vaccinale similaire à celle retrouvée chez les personnes les plus jeunes". Mais pour qu'une telle mesure d'espacement des doses de vaccins puisse accélérer la couverture vaccinale et freiner la circulation du virus, la Haute autorité estime qu'il faut respecter trois conditions préalables. La première est de vacciner les personnes les plus à risques par ordre de priorité, à savoir celles âgées de 75 ans et plus, puis "celles de 65 ans à 74 ans en commençant par ceux qui présentent des comorbidités", et donc plus de risques de décès liés au Covid. La deuxième est la mise en oeuvre de cette modification du schéma vaccinal doit être "rapide". Et troisièmement, "la totalité des doses disponibles des deux vaccins" doivent être utilisées et "la capacité vaccinale y compris, pendant les potentielles périodes de confinement" doit être maintenue. La Haute autorité travaille par ailleurs sur de nouvelles indications pour les tests par prélèvement salivaire, préconisés pour l'heure aux personnes présentant des symptômes. Ces tests, bien moins invasifs que ceux par prélèvement nasopharyngé, pourraient être étendus aux personnes asymptomatiques. La sensibilité de ces tests est jugée satisfaisante (en moyenne 85%), bien qu'inférieure à celle des tests nasopharyngés (estimée à 92%), selon des analyses menées sur des personnes symptomatiques et d'autres asymptomatiques. Cédric Carbonneil, chef du Service d'évaluation des actes professionnels, a jugé "rassurante" cette estimation, qui pourrait permettre d'"utiliser à terme" les tests salivaires chez les personnes asymptomatiques. Mais avant cela, il faut réaliser "une optimisation technique" pour "s'assurer que les tests salivaires seront performants chez toutes les personnes testées", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse de la HAS.