C'est l'un des endroits les plus prisés des Rbatis, des visiteurs de la ville et des touristes étrangers venant découvrir la Qasbah des Oudayas, et que les marocains ont cru avoir perdu. Les images circulant depuis ce début de semaine du café Maure, ou de ce qu'il en reste, ont provoqué un vif tollé sur la toile et pour cause : le bâtiment qui date de 1922 a été presque complètement rasé. L'incompréhension était générale et les craintes vives, surtout que le bâtiment reste l'un des édifices angulaires de la Qasbah classée au Patrimoine mondial de l'Unesco, mais les images prêtaient à confusion et les explications n'ont pas tardé à venir. Ces travaux visent à réhabiliter une structure qui menaçait ruine et dont les jours étaient comptés. Sa reconstruction se fera à l'identique mais selon les techniques de construction traditionnelles, rassurent les acteurs prenant part à ce chantier. "Les techniques utilisées précédemment n'avait aucun rapport avec la construction initiale du café", a expliqué Abderrahmane Badraoui, vice-président de l'Association "Espace Oudayas", aux équipes de 2M qui se sont déplacées sur le site des travaux.
Les témoignages des riverains confirment aussi que l'édifice était dans un état de délabrement avancé, et que les séquelles forgées sur ses murs par l'humidité touchaient ses voisins directs. D'ailleurs, il n'est pas le seul de la zone à souffrir des marques du temps : deux autres sites sont également en voie d'être restaurés, à savoir le musée de la Qasbah et son jardin, a informé Mohamed Seddiqi, président du Conseil de la ville de Rabat.
Toujours dans le souci de rassurer l'opinion publique alarmée, Les associations Ribat Al Fath et RabatSalé Mémoire ont tenu à confirmer, dans un communiqué conjoint en date du 15 juillet, que l'intervention sur le Café Maure s'intègre dans un projet global de mise en valeur de la Qasbah des Oudaias. Lors d'une réunion à laquelle ont pris part les présidents des deux associations, le Wali de la région de Rabat-Salé-Kénitra et le directeur régional du ministère de la Culture, il a été révélé que cet espace emblématique souffre de graves problèmes sur le plan structurel dus à "des ajouts hors norme constituant aujourd'hui des vices cachés tels que l'érosion des sols d'assises du café, la fragilisation des contreforts, la corrosion des aciers des dalles en béton armé, l'infestation et la dégradation des poutres en bois soutenant les banquettes en encorbellement sur falaise et l'absence de fondations des poteaux de la structure en béton armé". C'est ainsi que le projet actuel de réhabilitation vise à favoriser le retour aux véritables composantes structurelles et architecturales originelles du lieu telles que attestées par différents travaux et supports photographiques d'époque et préalablement recommandées par l'étude d'impact patrimonial établie en la circonstance, a-t-il été expliqué. De plus, pour éviter la répétition des incompréhensions similaires, chose qui risque d'entraver l'adhésion collective aux projets de cette nature, les deux parties ont convenu de la concertation préalable future avec l'ensemble des acteurs concernés par le patrimoine dont la société civile. Il a été aussi convenu de la création d'une commission de suivi de la réalisation de l'ensemble des projets sensibles impactant l'image et la mémoire de la ville. Lancement du processus de mise à jour du plan de gestion de Rabat Concrètement, la dynamique de réhabilitation des édifices et monuments de la ville, dont le Café Maure et les bâtiments de la Qasbah des Oudayas ne forment qu'une partie, va bon train. Dernière actualité en date, la rencontre de lancement du processus de mise à jour du plan de gestion de “Rabat, capitale moderne et ville historique, un patrimoine en partage” a été organisée ce vendredi 17 juillet par la Fondation pour la sauvegarde du patrimoine culturel de Rabat en partenariat avec le ministère de la Culture. "Cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la dynamique impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, pour la préservation et la valorisation du patrimoine de la Capitale et conformément à la résolution du dernier Conseil d'Administration de la Fondation, présidée par Son Altesse Royale La Princesse Lalla Hasnaa le 14 février 2020", indique un communiqué de la Fondation. L'événement, qui a réuni l'ensemble des acteurs concernés par la sauvegarde du patrimoine (institutionnels, société civile, secteur privé, organisations professionnels, etc.) a été l'occasion de partager les conclusions de l'évaluation du premier plan de gestion, d'enclencher le processus de concertations autour de sa mise à jour et d'arrêter la démarche pour l'élaboration d'un nouveau plan de gestion pour la période 2021-2025, est-il expliqué. A travers l'implication de l'ensemble de ces acteurs, cette rencontre a été porteuse d'une nouvelle dynamique au profit d'une meilleure protection et mise en valeur du bien inscrit, notamment à travers le lancement du processus de mise à jour du plan de gestion du bien inscrit, la communication autour des acquis et des réalisations enregistrées jusqu'à aujourd'hui, ainsi que la mobilisation des partenaires institutionnels, de la société Civile et du privé autour de la démarche à suivre pour une meilleure appropriation de ce processus, conclut la Fondation.