Chloroquine, remdesivir, vaccin, prise de participation dans des entreprises aux recherches prometteuses... la recherche du remède miracle contre le coronavirus stimule la compétition entre les laboratoires et aiguise les appétits politiques des Etats. Alors que le stade de pandémie est atteint dans plusieurs pays, les scientifiques du monde entier sont lancés dans une course contre la montre pour trouver un vaccin ou un traitement de la maladie. Les laboratoires américains qui disposent de plus de moyens sont conscients des enjeux financiers d'une telle découverte. Résultat : les Instituts nationaux de santé américains ont annoncé lundi 17 mars, l'ouverture d'un premier essai clinique à Seattle du mRNA-1273, développé par Moderna. Pas moins de 45 patients participeront à cet essai pendant environ 6 semaines, tous volontaires, âgés de 18 à 55 ans et en bonne santé. Ils recevront des doses d'une substance appelée « messager ARN », qui suffirait à déclencher une réponse immunitaire du corps humain. La société de biotechnologie américaine Inovio Pharmaceuticals affirme que son propre projet de vaccin est presque aussi avancé. Le premier essai devrait impliquer 30 volontaires. L'entreprise veut ensuite étendre « rapidement » ses essais « en Chine et en Corée du Sud, où l'épidémie touche le plus de gens ». Et se dit capable, si les tests sont concluants, de livrer « un million de doses d'ici la fin de l'année ». Un traitement à la chloroquine ? Peu onéreux, couramment utilisé contre le paludisme, la chloroquine est annoncée comme le remède miracle en raison des résultats encourageants enregistrés à l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection de Marseille. Depuis le 9 mars, le traitement de 24 malades du Covid-19 avec de la chloroquine 24 a permis la guérison de 75 % patients volontaires testés et les autres seraient en voie de guérison. Cependant, cet optimisme est tempéré par la communauté des scientifiques. « Ce ne sont que des effets d'annonce pour l'instant, et n'en faisons surtout pas le médicament miracle, implore le professeur Jean-Daniel Lelièvre, infectiologue à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil (Val-de-Marne). Quant à l'efficacité de l'antipaludéen, l'infectiologue rappelle que la chloroquine est “connue pour son action antivirale en laboratoire, mais que, jusqu'à maintenant, cela n'a jamais donné de résultats sur l'homme en pratique”. Etats-Unis -Allemagne, le bas de fer Mais c'est en Allemagne que l'espoir d'un vaccin dans “quelques mois” est le plus attendu. Le laboratoire CureVac, situé à Tübingen, dans le sud-ouest du pays, travaille sur un vaccin contre le Covid-19, en bénéficiant de subventions du gouvernement allemand. La société affirme être “à quelques mois” de pouvoir présenter un projet pour validation clinique. Et les premiers résultats sont encourageants au point que le président américain, Donald Trump a tenté de prendre des participations dans ladite entreprise. Mais c'est sans compter sur le refus de CureVac, félicité par le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, d'avoir refusé les avances de Washington et poursuit : “Le gouvernement a la possibilité d'examiner de près des acquisitions d'entreprises allemandes par des Etats étrangers, surtout s'il en va des intérêts de sécurité de l'Allemagne et de l'Europe”. Et si c'était Le Remdesivir ? Il s'agit d'un médicament créé pour lutter contre Ebola sans prouver son efficacité. Même s'il n'est autorisé pour le traitement d'aucune maladie, le 25 février un responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déclaré : Il n'y a pour l'instant qu'un seul médicament dont nous pensons qu'il pourrait avoir une réelle efficacité. Et c'est le Remdesivir ». Son principal atout, empêchez la multiplication du virus et ajoute à celui-ci des mutations non désirées qui pourraient le détruire. Produit par la firme américaine Gilead, Remdesivir a été testé en Chine avec des résultats prometteurs, et utilisé aussi en France, à Bordeaux, pour guérir le premier cas de Covid-19 annoncé dans le pays.