* Forte progression des indicateurs de rentabilité. * Le Maghreb et l'Afrique subsaharienne sur la ligne de mire Il aura fallu pratiquement deux tours d'horloge pour Khalid Oudghiri, PDG d'Attijariwafa bank, et son staff afin de présenter et commenter les résultats du groupe au titre de l'exercice 2005. Performance et rentabilité, c'est ce qui ressort en gros des chiffres consolidés rendus publics. Ainsi, le produit net bancaire consolidé affiche une croissance de 10,2% par rapport à 2004 pour s'établir à 5,64 Mds de DH, tandis qu'à la faveur d'une bonne maîtrise des charges d'exploitation, le résultat brut d'exploitation consolidé s'inscrit en hausse de 22,6% à 3,05 Mds de DH. Contrairement à l'effort consenti en 2003 et 2004, l'exercice 2005 a vu les dotations nettes des reprises accuser un repli de 40,4% à 721 MDH. De ce fait, le résultat net part du groupe ressort à 1,63 Md de DH contre 201 MDH en 2004. Pour leur part, les fonds propres part du groupe enregistrent une progression de 15,2% à 10,9 Mds de DH, pour un ROE de 16,7% et un coefficient d'exploitation de 51,6%. Le total bilan consolidé s'élève, quant à lui, à 138,67 Mds de DH, en hausse de 28,1% par rapport à l'exercice 2004. Ressources en hausse La politique commerciale agressive initiée a permis une consolidation des ressources globales (hors pensions) de la banque, lesquelles s'élèvent, au 31 décembre 2005, à 95,93 Mds de DH, soit une progression de 15,4%. A elles seules, les ressources non rémunérées atteignent 57,48 Mds de DH, soit +12,7% par rapport à 2004. Attijariwafa bank détient ainsi 26,56% de parts de marché en terme de ressources, occupant la seconde position juste derrière le CPM (26,97% de PDM) et devançant de loin la BMCE qui occupe le troisième rang avec une PDM de 13,77%. Une analyse plus détaillée de cette rubrique fait ressortir qu'au niveau des ressources locales, le groupe présidé par Oudghiri occupe la place de leader avec 26,7% de PDM, alors qu'il reste second pour ce qui concerne les ressources MRE (26,1%), un segment largement dominé par le CPM (57,8% de PDM). La même tendance haussière est observée au niveau des crédits par décaissement (65,1 Mds de DH, +20,5%) et des engagements par signature (21,39 Mds de DH, +20,8%), traduisant, comme le souligne le management de la banque, «une forte implication dans le financement de l'économie». Ainsi, au niveau des crédits à l'économie et des engagements par signature, Attijariwafa bank détient des parts de marché respectives de 22,71 et 29,69%, devenant leader du marché sur ces deux segments. En ce qui concerne le résultat social, Attijariwafa bank dégage un produit net bancaire de 4,6 Mds de DH, en progression de 6,2% par rapport à l'exercice 2004, et un RBE en hausse de 17,2% à 2,5 Mds de DH. Le résultat net, quant à lui, affiche une croissance de 81,3% à 1,2 Md de DH. A ce niveau, il faut signaler un «write-off» de 1,3 Md de DH, synonyme d'un nettoyage du bilan de toutes les créances couvertes par les provisions. A noter qu'il est prévu la distribution d'un dividende de 36 DH par action. Ambitions de développement soutenues Les réalisations sur le segment des «Particuliers & Professionnels» restent plus que satisfaisantes. Attijariwafa bank détient en effet le leadership sur la clientèle des particuliers résidents, avec une part de marché comptes chèques locaux de 28,9%, ainsi qu'au niveau de la bancassurance avec un encours global de 3,6 Mds de DH. Par ailleurs, les crédits particuliers & professionnels s'inscrivent en hausse de 11,7% à 13 Mds de DH. Ces performances légitiment sans aucun doute les ambitions affichées du groupe d'occuper une place autrement plus importante dans le crédit immobilier. Il faut dire que ces réalisations sont le fait d'une stratégie bien circonscrite, déclinées, entre autres, en l'ouverture de 52 nouvelles agences en 2005 et un parc GAB porté à 370 et qui devrait se chiffrer à 500 d'ici fin 2006. Tout autant, outre la forte mobilisation commerciale pour l'acquisition et l'équipement de la clientèle en produits et services, il a été procédé à la généralisation de l'organisation commerciale (à travers notamment la séparation de la production et de la distribution) et de l'outil CRM. Parallèlement, la banque ne cache pas sa volonté de s'investir davantage dans le segment MRE au sein duquel la part de marché ressources atteint 26,1% pour un volume de transfert de 3,2 Mds de DH. En cela, une stratégie de développement à l'horizon 2010 a été arrêtée, avec pour objectif de «devenir la banque de référence des MRE». D'ores et déjà, un Business Unit a été mis en place; il est dédié aux MRE, tandis que le lancement de la filiale bancaire française «Attijariwafa bank Europe» devrait permettre de mieux réussir cette approche MRE. Cela traduit implicitement les ambitions du groupe à l'international, au demeurant confirmées également par la prise de contrôle de la Banque du Sud (Tunisie), ainsi que la demande d'agrément en Algérie, laquelle semble être sur la bonne voie. Il est prévu d'y ériger une structure avec un capital de 30 millions d'euros, ainsi qu'un investissement d'un milliard de dirhams pour le développement d'une banque de détail. Si la Mauritanie est sur la ligne de mire du groupe, à Dakar (Sénégal), quatre agences dédiées au corporate et au retail (particuliers à revenus moyens/supérieurs) seront ouvertes dès juillet 2006. «Le Sénégal devrait servir de tête de pont pour conquérir les autres marchés de l'UEMOA», précise Oudghiri. Pari réussi Khalid Oudghiri a visiblement réussi son pari : ériger «une grande banque marocaine aux partenariats internationaux et à vocation régionale». Il ne dit d'ailleurs pas autre chose lorsqu'il soutient que «nous avons relevé un défi, avec en substance une forte progression des indicateurs d'activité». Aujourd'hui, Attijariwafa bank peut s'enorgueillir d'être le premier groupe bancaire du Maghreb et la 8ème banque africaine. Contrairement à ce que tout le monde craignait, «ce projet est aujourd'hui perçu comme un projet de fusion-développement qui a créé de la valeur pour l'ensemble des actionnaires», soutient le PDG du groupe. Et cette dynamique devrait être soutenue et renforcée par «Izdihar 2010», visant à consolider les acquis et déployer les activités afin de «se positionner en tant qu'acteur de référence pour la région du Maghreb». Pour Khalid Oudghiri, «il s'agit de croître dans une logique de développement durable et de concilier performance économique et prise en compte de l'intérêt général». En chiffres, cela se traduirait en 2010 par des dépôts atteignant 155 Mds de DH, soit +40% par rapport à 2005. Les crédits s'élèveraient à 172 Mds de DH (x 2,5), tandis que le PNB se situerait à 10,5 milliards (x 1,7). Quant au RNPG, il devrait s'élever à 3,3 milliards (x 2) et le total bilan à 230 milliards, soit une progression de 66%.