* Le Trésor dépasse son programme de levées nettes au cours de l'exercice 2005 de 8 Mds de DH. * A 70% du PIB, le niveau de la dette globale est jugé trop élevé par rapport à la moyenne. Les indicateurs budgétaires à fin 2005 indiquent que la dette intérieure continue sur sa lancée et enregistre une nouvelle augmentation. Des contraintes budgétaires exceptionnelles ont ainsi pesé plus lourdement sur la dette intérieure à fin 2005. Ces contraintes se répartissent en l'apurement des arriérés de la Caisse Marocaine des Retraites (11,08 Mds de DH), le programme des départs volontaires à la retraite (9,7 Mds de DH) et la hausse du baril de pétrole qui ne fait plus partie des exceptions, mais devient récurrent. Tous ces éléments font que l'encours de la dette intérieure publique a évolué de 34,6 Mds de DH durant l'année 2005, soit une hausse de 15,5% pour atteindre 258,5 Mds DH contre 223,9 Mds à fin 2004. Le ratio de la dette intérieure par rapport au PIB s'inscrit en hausse de 5,7% passant de 50,5% à fin 2004 à 56,1% à fin 2005. En matière de financement, le Trésor n'a pas enregistré de perturbations notables tant au niveau des volumes des soumissions proposées sur le marché primaire qu'au niveau des taux offerts. Cette situation reflète la bonne tenue de la liquidité bancaire sur toute l'année, favorisant la tendance baissière. En ce qui concerne la configuration de la dette interne, les fortes levées sur le long terme se traduisent par le rallongement de la durée de vie moyenne de la dette intérieure. Cette politique s'est traduite également par la baisse de l'encours des maturités courtes et moyennes pour se situer respectivement à 13% et 40%. Quant au long terme, il représente désormais près de 47% de l'encours global de la dette intérieure. Financement externe : complément de la dette interne Le recours au financement externe s'impose comme une alternative à la rareté des ressources internes, mais encore faut-il que la dette externe reste maîtrisée. A rappeler qu'au cours des années 80, au moment où le Maroc croulait sous le poids de la dette externe, des réformes du système financier marocain ont été entamées. Celles-ci visaient un double objectif : permettre au Trésor de se procurer un financement stable et durable tout en réduisant autant que possible les charges de la dette sur les recettes budgétaires afin de pouvoir affecter plus de ressources aux dépenses publiques, et notamment à l'investissement, et de réduire progressivement la dépendance du Trésor vis-à-vis des financements d'origine externe en vue de diminuer le poids de la dette externe. Toutefois, et en dépit de la stabilisation de la dette externe, sachant qu'elle s'est établie à 115,1 Mds de DH à fin 2005 contre 115,3 Mds de DH en 2004, il est à reconnaître que cette stabilisation résulte essentiellement d'une politique de gestion active de la dette qui a consisté en une reconversion en investissements. La maîtrise de la dette externe a donné un coup de fouet aux mécanismes de vases communicants. «Le recours massif aux ressources locales n'est pas grave, tant que la croissance économique reste faible et le marché financier peu sollicité», explique un universitaire. «Il permet aussi de limiter les remboursements en devises étrangères et de se prémunir contre les risques de change», ajoute-t-il. Les financements extérieurs mobilisés permettent quant à eux de mettre à la disposition du Trésor public, des entreprises publiques et même privées des financements de longue durée et à des taux d'intérêt souvent concessionnels. Or, il est à rappeler que le Maroc s'engage aujourd'hui dans de vastes chantiers ( ports, autoroutes, infrastructures hôtelières ) dont la mobilisation des financements externes s'avère une condition nécessaire, étant donné le volume des ressources requis pour leur réalisation qui dépasse souvent les capacités du marché national. A noter aussi que le recours aux ressources de financement externe permet de mobiliser l'assistance technique étrangère et surtout les énergies renouvelables en vue de réaliser des réformes profondes au niveau des secteurs de l'économie. Toujours dans le même sillage, le gouvernement a mobilisé des financements extérieurs importants au cours des dernières années qui ont atteint plus de 14 Mds de DH. Ces engagements s'inscrivent dans la politique volontariste et permettront de réaliser des projets importants dans les domaines des infrastructures routières et ferroviaires ( liaisons autoroutières et ferroviaires entre le réseau national et le nouveau port de Tanger-Med), de l'eau potable, de l'électrification rurale (4ème phase du PAGER), de l'énergie renouvelable (parc éolien de Tanger), de l'environnement, de la santé et de l'enseignement. Les principaux bailleurs de fonds du Maroc demeurent l'UE, la Banque africaine de développement, le Fonds arabe de développement économique et social Un question s'impose désormais : le Maroc en pleins chantiers ne risque-t-il pas de voir sa dette publique globale augmenter aussi bien sur le plan interne qu'externe ? L'argentier du Royaume, dans la Loi de Finances 2006, ne prévoit aucun changement de stratégie. Le département de Oualalou table, en effet, sur une progression de plus de 12% de la dette publique. L'endettement extérieur continuera sa baisse (-10%), alors que la dette intérieure explosera de 20%. Dorénavant, il faudra se pencher sur la problématique de la dette globale. Selon le dernier rapport de Standard & Poor's, le Maroc ne pourrait espérer décrocher la note tant convoitée par les pays émergents (BBB) que s'il parvient à maîtriser sa dette globale. Pour le moment, à 70% du PIB, le niveau est jugé trop élevé par rapport à la moyenne.