* Une réforme de la TVA simpose dans les meilleurs délais. * Le Directeur des impôts aspire à ladoption de la «flat taxe» sans toutefois craindre le changement. * En dépit de louverture des frontières, la TVA ne sest pas améliorée à cause des incohérences. Cest devant une salle archicomble dadhérents avides de connaître les principales dispositions de la Loi de Finances 2006 que Noureddine Bensouda, Directeur général des impôts, a fait un exposé jeudi dernier, en tant quinvité de la Chambre Française de Commerce et dIndustrie au Maroc (CFCIM). Les questions à lordre du jour sur la fiscalité, ce nest pas ce qui manque chez Luc Martinet, président de la CFCIM. La Loi de Finances est une occasion pour réitérer les propositions en vue de rendre le cadre fiscal plus propice. Cest également loccasion donnée à Bensouda de clarifier les opérateurs sur certaines dispositions importantes, dont notamment le code général des impôts, les dépenses fiscales et lIGR dont la baisse a été reportée à plusieurs reprises. A cet égard, le Directeur général des Impôts précise que la divergence sur la fiscalité provient essentiellement dune tendance à vouloir perpétuer les privilèges. Mais cela nempêche pas lAdministration des impôts de camper sur ses objectifs, à savoir aller vers la réalisation dun système fiscal harmonieux, logique et ordonné. Le Directeur des impôts compare de fait lAdministration à une entreprise opérant dans le secteur privé. Dans un secteur pareil, les entreprises transparentes et gagnantes se battent pour augmenter la productivité et réduire les prix. En fiscalité, tous les efforts déployés depuis 1984, année de la réforme fiscale, visent également à augmenter la productivité qui permet lamélioration des recettes fiscales pour pouvoir enclencher la baisse des taux. Le but étant daboutir à une baisse de la pression fiscale sur les consommateurs et les salariés et une meilleure contribution des entreprises, dont 60% déclarent chaque année quelles affichent un déficit. «Il sagit dun comportement avec des mentalités dhier et qui freinent malheureusement les ambitions daujourdhui», explique N. Bensouda. «Doù la nécessité de trouver un équilibre», sempresse-t-il dajouter. Parce que le choix en matière fiscale doit se focaliser sur la faisabilité des réformes. Les décisions fiscales sont dessence politique, doù la nécessité dun arbitrage entre les considérations socio-économiques et les doléances. Il rappelle à ce titre quen vue dêtre conforme aux choix politiques et économiques, léconomie et le social ont toujours occupé des places prépondérantes. Les entreprises (tous secteurs confondus) ont pu bénéficier de mesures visant lamélioration des ressources nécessaires à leur développement, telles que les amortissements dégressifs, les provisions pour investissement et recherche et les incitations pour la transformation des entreprises individuelles en sociétés. De même, des secteurs jugés porteurs ont profité de multiples exonérations, réductions dimpôts, abattements et autres mesures dencouragement. Les ménages aussi ont bénéficié dune détente de la pression fiscale au titre de limposition des salaires qui sest traduite, au plan de lIGR, par la baisse des taux dimposition, le relèvement de la tranche exonérée, lamélioration du traitement fiscal des retraites et des produits de lépargne longue, la déductibilité des intérêts sur les prêts au logement Pour une évolution progressive de la réforme Cest toujours avec une certaine fierté que N. Bensouda rappelle lordre chronologique de la réforme fiscale. En 1986, le premier impôt ayant fait lobjet de la réforme est celui de la TVA, et ce pour une meilleure contribution à la modernisation de léconomie. En 1987, ce fut la révision de limpôt sur les sociétés. En 1990, la réforme a porté sur limpôt sur les revenus en vue dune meilleure équité sociale par le biais du regroupement de tous les revenus catégoriels dans lImpôt général sur le revenu. En 2004, la réforme sest focalisée sur les droits denregistrement. Ces droits qui, pour leur part, se limitaient à un assemblage de textes disparates, ont été refondus dans une configuration nouvelle épousant la même architecture que celle des autres impôts. Aujourdhui, cest la réforme de la fiscalité des collectivités locales qui est attendue. Ce cheminement de fait révèle que lédification dun système fiscal moderne et adapté au Maroc ne pouvait se faire par la rupture, mais plutôt par une évolution réaliste et progressive. Aujourdhui encore, avec ladoption du livre dassiette et de recouvrement en 2006, le code général des impôts a été mis en application. Il constitue ainsi une étape essentielle dans le processus des réformes poursuivies. Lautre étape tout aussi fondamentale dans ce processus est lévaluation des régimes dérogatoires. Il sagit dun rapport qui recense 337 dispositions dérogatoires au sein du système fiscal. Parmi ces 337 dispositions dérogatoires, 102 mesures ont été évaluées : elles ont totalisé un manque à gagner pour le Budget de lÉtat, en 2005, de lordre de 15 milliards de DH, soit 3,4% du PIB. Ce montant représente léquivalent de 76,5 % du budget dinvestissement de lEtat qui sest élevé à 19,6 Mds de DH en 2005. Ce document révèle les véritables bénéficiaires des dépenses publiques. La TVA saccapare 53 % des dépenses fiscales et, sur un plan sectoriel, limmobilier représente près de 20 % de lensemble de ces dépenses. Ce rapport, explique Bensouda, accompagnera dorénavant le projet de Loi de Finances. Il sera amélioré en 2007 en tenant compte des études dimpact économique et social. Entamée en 2006, la réforme de la TVA se poursuivrait en 2006 selon un programme volontariste qui a permis la suppression de certaines exonérations, tout en améliorant le traitement fiscal de certaines opérations. Enfin, le Directeur des impôts aspire à ladoption de la «flat taxe» (taux unique) sans toutefois craindre le changement.