* Le Maroc sest doté dune nouvelle loi qui sinspire des normes internationales. * Les textes établissent la catégorisation des sites qui sont classés selon leurs caractéristiques : parc national, parc naturel, réserve biologique, réserve naturelle et site naturel. * Pour assurer leur contrôle et la réalisation des objectifs, les aires protégées seront dotées de plans daménagement et de gestion. Enfin un cadre régissant les aires protégées ! Une loi dédiée a été publiée récemment au bulletin officiel. Le Maroc se met aux normes internationales en la matière dautant que le pays présente une diversité naturelle notoire, la deuxième dans le bassin méditerranéen après celle de la Turquie. En effet, les textes régissant le secteur sont anciens ne répondant pas aux conventions internationales, ni à lévolution socioéconomique que connaît le pays. Le texte le plus important est un Dahir datant de 1934. Il a été promulgué à une époque où les normes écologiques étaient moins contraignantes. Il faut dire aussi quà cette date, les risques de pollution ou de dégradation de lenvironnement étaient mineurs. Cette loi tente dassocier lensemble des acteurs à la mission de protection des sites naturels, notamment ladministration, les collectivités locales, les citoyens et les entreprises. La poussée démographique et la croissance économique sont une réelle menace pour ces aires naturelles, et «la loi est censée répondre aux effets secondaires de ces phénomènes. Elle vise la conservation, la mise en valeur et la réhabilitation du patrimoine naturel et culturel du pays», souligne-t-on au Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. Outre lobjectif de protection, la loi vise également la conscientisation et le divertissement du citoyen avec la création de parcs dattractions contrôlés et envisage lencouragement de lécotourisme et la contribution au développement économique et social durable. Lintroduction dun nouveau cadre est venue à point nommé pour répondre aux doléances de plusieurs militants écologiques. Plusieurs sites connus à léchelle nationale sont menacés et des ONG, ou des associations locales, ont tiré la sonnette dalarme. Cest le cas par exemple du site de Sidi Abderrahmane à Casablanca qui est en voie dasphyxie sous la poussée immobilière et la promotion touristique. Dautres exemples peuvent être cités comme celui dEl Oualidia au sud dEl Jadida. Sa lagune est typique à plusieurs niveaux, mais la station est victime de son succès et reste à la merci des vacanciers et des constructions parfois anarchiques et labsence dun réseau dassainissement adéquat. Marchika, lautre lagune tout près de Nador, lun des sites les plus représentatifs de la Méditerranée, est lui sous la menace de la pollution. Pour ce faire, la création dune aire protégée doit répondre à certains critères préalablement définis. Il sagit notamment de la protection des écosystèmes naturels pour la sauvegarde despèces de la faune et de la flore et de la conservation de sites qui représentent un intérêt particulier sur le plan biologique, scientifique, culturel ou qui renferment des paysages naturels de grande valeur esthétique. Pour plus de précision, la nouvelle loi a bien défini la notion daire protégée. Elle distingue plusieurs catégories en fonction des caractéristiques du site concerné. Une distinction est établie entre parc national, parc naturel, réserve biologique, réserve naturelle et site naturel. La création dune aire protégée répond à la décision de ladministration compétente ou à la demande dune collectivité locale. Le projet est soumis à une enquête nationale menée par une commission regroupant plusieurs administrations compétentes comme le Secrétariat à leau et à lenvironnement, le ministère de lAgriculture ou celui de lIntérieur et le Haut Commissariat aux eaux et forêts. Cette enquête est appelée à déterminer le type de catégorie, la délimitation géographique et la description du site. Certaines aires protégées, comme les réserves biologiques, appartiennent exclusivement aux domaines de lEtat, dautres peuvent être une propriété privée. Selon limportance du site, lEtat peut acquérir à lamiable ces terrains ou par voie dexpropriation et les incorporer à son domaine selon la législation en vigueur. La loi reconnaît, par ailleurs, le droit dusage mais elle en définit les contours. Cest le cas par exemple des forêts darganiers qui sont toutes des sites protégés mais qui offrent par la même occasion à la population locale certains droits dusage comme les activités délevage ou lutilisation du bois comme combustible. «Les droits dusage sont entendus comme étant des prélèvements à but non commercial, pour les besoins domestiques, vitaux et /ou coutumiers, réservés à la population locale », stipule la loi. Les textes dapplication expliquent les modalités dexploitation de ces droits dusage. Ils désignent les populations bénéficiaires et les zones dexercice. Le nouveau cadre régissant les aires protégées insiste sur la nécessité de la préservation du cachet naturel des sites concernés en introduisant linterdiction de certaines activités dusage comme la pêche, la chasse ou lintroduction de nouvelles espèces sans autorisation préalable des autorités compétentes. La loi interdit également les travaux publics, les fouilles, les terrassements ou la construction, linstallation de certains équipements, notamment les réseaux de télécoms, délectricité et deau. Pour assurer le contrôle et la réalisation des objectifs dédiés aux sites, les aires protégées seront dotées de plans daménagement et de gestion. Ces plans prévoient des buts à réaliser dans limmédiat et le long terme. Il sagit des mécanismes suivis et leur impact sur lenvironnement et surtout des besoins financiers sur des bases quinquennales. Leur durée ne doit pas dépasser dix ans et les modalités de leur approbation et de leur révision sont fixées par voie réglementaire.