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Entretien : «Les problèmes de gouvernance posent des problèmes d’éfficacité»
Publié dans Finances news le 22 - 07 - 2010

* Dans l’état actuel des choses, le Maroc est loin d’être un pays à revenu intermédiaire élevé.
* Alors que les plans sectoriels doivent être élaborés au sein du gouvernement qui doit en assurer la cohérence dans le cadre d’une stratégie globale, cette tâche serait reléguée aux cabinets d’étude.
* Eclairage de Najib Akesbi, professeur universitaire, économiste et membre du Cercle d’Analyse Economique de la Fondation Abderrahim Bouabid.
- Finances News Hebdo : D’après le travail de réflexion collectif, deux scénarios se posent pour le Maroc. Celui de devenir en l’espace de 25 à 30 ans un pays à revenu intermédiaire élevé, ou de devenir un pays à indice de développement humain. Lequel de ces deux scénarios vous semble le plus plausible pour le Maroc ?
- Najib Akesbi : Je pense qu’il y a une chose à clarifier pour commencer. Il n’y a pas deux scénarios opposés. On n’a pas fait de la prospective, et les deux approches se complètent. La démarche a été de dire que pour apprécier la croissance actuelle, on fixe un niveau que l’on estime nécessaire en fonction de nos ambitions. Notre ambition est claire. On veut qu’en l’espace d’une génération le Maroc devienne un pays classé parmi les pays qu’on considère à revenu intermédiaire, mais dans la tranche supérieure. Et, en fonction de cela on dit : voilà le taux de croissance qu’il faudrait réaliser en moyenne chaque année pour pouvoir atteindre ce revenu (voir tableau).
Evidemment, quand on évoque la croissance, il s’agit du taux de croissance du PIB, mais le développement est également une situation sociale qu’on peut évaluer par des indicateurs de développement humain.
On dit qu’être à un niveau de développement d’un pays à revenu intermédiaire de tranche supérieure suppose de passer également par un indice de développement humain de l’ordre de 0,75, alors que l’actuel est de 0,65 seulement. Donc, on n’est pas dans une situation de choix entre deux scénarios, mais on clarifie certains objectifs à travers des indicateurs qu’il faudra atteindre en l’espace d’une génération.
Avec une croissance de 7 points de PIB et une évolution démographique de l’ordre de 1 point, ça veut dire qu’il nous faudra avoir un taux de croissance de 8 points pour devenir en 25 ans un pays ayant un PIB par tête de 15.000 $ et un indice de développement humain de l’ordre de 0,75.
Cela nous permet aussi d’apprécier de manière plus «instruite» les taux de croissance actuels : si on nous dit qu’on va faire 3-4% de croissance, on peut répondre que cela ne représente que la moitié de ce qu’il faudrait faire pour aller dans le sens de nos ambitions… C’est donc un repère pour pouvoir apprécier la croissance actuelle et celle à venir, mais en l’inscrivant dans une perspective stratégique. C’est là l’objet de cette réflexion.
- F.N.H. : Dans l’état actuel des choses, pensez-vous que c’est un objectif facile à atteindre sur la période d’une génération ?
- N. A. : Certainement pas ! Avec les politiques menées aujourd’hui, non, on est loin du compte. Et c’est bien là l’objet de la deuxième partie du rapport rédigé par le Cercle d’Analyse Economique. En effet, si dans la première partie l’on explique ce qu’il faudrait réaliser comme performances pour concrétiser notre ambition, dans la deuxième partie, on souligne que cet objectif ne pourrait pas être atteint avec la même politique économique que nous avons actuellement. Le rapport explique quelques «mégacontraintes» qu’il faudrait impérativement dépasser pour l’objectif de 8 points de croissance.
- F.N.H. : L’un des points soulevés dans la deuxième partie du rapport concerne les plans sectoriels. Dans quelle mesure ces plans, concoctés par le gouvernement, ont montré leur limite en l’absence d’un débat lors de leur élaboration ?
- N. A. : Il faut bien se mettre d’accord sur le fait que ce sont, dans les meilleurs des cas, des plans de départements ministériels et non pas d’un gouvernement, et la nuance est importante. Qu’on parle de Plan Azur ou d’autres comme Halieutis, en passant par Emergence ou Rawaj, la démarche est pratiquement la même : un ministre ou un conseiller du Roi commande une stratégie à un cabinet d’études étranger qui pense et élabore une stratégie à la place de ceux qui auraient dû le faire. Le plan une fois élaboré, présenté au Roi et signé devant ce dernier, est figé dans le marbre. On ne peut plus en débattre pour en modifier quoi que ce soit. Il devient une stratégie du gouvernement, alors qu’il a été élaboré par un cabinet d’études et validé seulement par un ministre ou quelques conseillers du Roi.
Tout cela n’est pas sain, et je ne parle même pas de l’aspect institutionnel et démocratique que cette démarche soulève. En effet, avez-vous déjà vu le Parlement débattre d’un de ces plans sectoriels alors qu’ils étaient en phase d’élaboration ? Bien évidemment, il y aura un moment où un ministre va venir faire son speech devant telle ou telle commission parlementaire, et lui raconter ce qu’il veut, avancer les chiffres qu’il veut, et l’affaire est réglée ! Bref, là aussi, on voit bien que le Parlement ne remplit pas son rôle qui est de contrôler l’action du gouvernement. Normalement, un plan, avant d’être adopté, doit être discuté, mais surtout approuvé par le Parlement. Donc, pour résumer, il y a d’abord des problèmes de légitimité, d’équité, des problèmes de gouvernance, mais au-delà, nous mettons aussi en évidence le fait que ces problèmes de gouvernance posent des problèmes d’efficacité. Ce sont des plans condamnés à rester inefficients et, en tout cas, ne produiront pas les résultats qu’on en attend parce qu’ils ne sont pas élaborés, discutés par ceux qui ont la légitimité et/la compétence pour le faire. Ainsi, le déficit de légitimité conduit au déficit d’efficacité.
- F.N.H. : Lors du débat du rapport élaboré par le Cercle d’Analyse Economique, on a prôné la nécessité d’avoir une instance qui saura assurer une cohérence entre les différents plans sectoriels, mais également d’en assurer le suivi et le contrôle dans l’exécution. Qu’en pensez-vous ? D’autant qu’à l’arrivée d’un nouveau ministre, le plan sectoriel initial de son ministère sera modifié ou prolongé dans le temps… Ou est-ce là un rôle qui incombe au gouvernement ?
- N. A. : La tâche de conception, d’élaboration, de choix des options stratégiques relève de la responsabilité du gouvernement. Puisqu’en principe un gouvernement est élu justement pour assurer ces missions. Si un gouvernement a obtenu la légitimité des urnes, c’est précisément pour faire des choix et conduire une politique déterminée. Maintenant, si les instances gouvernementales doivent être soutenues par des expertises ponctuelles, étrangères ou nationales, sur des points particuliers, cela ne pose aucun problème pourvu qu’il y ait la compétence ! La dérive actuelle est que «l’expertise» devient elle-même l’instance d’élaboration stratégique. Elle se substitue donc au gouvernement au lieu de se contenter de le «soutenir» par son savoir-faire. Concernant l’évaluation des politiques publiques, le contrôle de la mise en place de ces politiques et l’évaluation des objectifs atteints, gagneraient à être faits par une instance indépendante. Dans les pays démocratiques, il existe ce type d’entités indépendantes qui assurent un travail de contrôle et d’évaluation des politiques publiques. Au Maroc, nous avons une instance d’évaluation de la politique de l’éducation nationale. Mais, c’est une petite structure qui reste cantonnée dans le domaine de l’éducation. Ce qu’il nous faudrait, c’est une instance d’évaluation indépendante pour l’ensemble des politiques publiques. Pour revenir à la cohérence entre les différents plans sectoriels, elle doit être assurée en amont et en aval. En amont, l’élaboration d’un plan sectoriel doit se faire au niveau du gouvernement qui doit en assurer la cohérence avec les autres plans sectoriels. Parce que si le gouvernement est à la base et en principe cohérent, il doit produire des politiques cohérentes. Et il est de la responsabilité politique du gouvernement d’inscrire ces plans dans une vision stratégique globale.
Pour ce qui est du suivi des plans et de leur exécution, ils gagneraient à être faits par une instance indépendante qui rendrait compte au gouvernement et au Parlement, en aidant notamment ce dernier à jouer son rôle de contrôle de l’action gouvernementale.


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