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Régionalisation : Le découpage territorial, principale problématique
Publié dans Finances news le 13 - 05 - 2010

* Répartir le Maroc en 23 régions ou bien en 6. Le découpage des régions marocaines continue de faire l’objet de moult propositions de spécialistes.
* L’aspect culturel de la régionalisation n’est pas en reste et la réhabilitation des diversités culturelles demeure le point central du projet.
La régionalisation et le développement durable ont été à l’honneur la semaine écoulée à Fès lors d’un colloque international organisé par le Centre Sud Nord et l’Association Fès-Saiss. Cet événement a été l’occasion de faire intervenir un parterre de personnalités politiques et économiques afin de les sonder sur le grand chantier qu’est la régionalisation et dans lequel est engagé le Maroc.
Ainsi, «le projet de régionalisation en cours de finalisation au Maroc doit avoir pour objectif majeur de créer des pôles capables de produire toutes les conditions d'enrichissement à travers la mise en place du plus grand nombre possible de projets de développement», a affirmé l'universitaire Ali Sedjari, responsable de la Chaire UNESCO pour l'enseignement, la formation et la recherche en matière de droits de l'Homme. C’est d’ailleurs dans ce sens que les différents intervenants, lors de ce colloque, ont insisté sur la nécessité de revoir la répartition régionale du pays en se basant sur des critères logiques permettant à la fois de promouvoir une répartition correcte des richesses du pays tout en créant une dynamique de compétitivité entre celles-ci. Cette proposition vient en réponse à la constatation que «les régions sont aujourd’hui construites autour des villes à fort potentiel de croissance, tout est restant pénalisées par le vide qui se fait tout autour et qui tire leurs performances vers le bas», remarque Lahcen Daoudi, universitaire et parlementaire du PJD. Ce dernier estime que le Maroc devrait être réparti en
23 régions dont une dizaine seulement seraient qualifiées de « régions riches». Ce découpage devrait, selon la même source, permettre d’identifier les régions pauvres et leur consacrer le soutien du pouvoir central afin de les doter des moyens nécessaires à leur développement. Mais cette proposition s’est trouvée contredite par la vision de A. Sedjari sur le découpage des régions car celui-ci estime que «le Maroc, n’étant pas suffisamment riche, devrait avoir un nombre réduit de régions limité à 6 afin que les sources de richesse du pays soient réparties d’une manière égale». Le responsable de la Chaire UNESCO pour l'enseignement, la formation et la recherche en matière de droits de l'Homme a regretté, par ailleurs, le nombre de découpages trop élevé qu’a connu le Maroc par le passé, sachant que l’actuel gouvernement a d’ores et déjà lancé la réflexion sur un nouveau découpage administratif du pays sans que celui-ci ne prenne la peine d’attendre les recommandations que devrait apporter, durant l’année en cours, la commission chargée de la régionalisation. Il a également insisté sur le fait que l’on devrait procéder à un découpage régional tenant compte du potentiel productif de chaque région, de la mobilité humaine, des infrastructures de base existantes, des projets dominants, des ressources en présence et de la proximité de la frontière ou de la mer. La problématique de l’élite régionale n’a pas non plus été omise par A. Sedjari qui recommande d'instituer un mode électoral à deux tours, seul capable de faire émerger des élites capables de mieux gérer les affaires de la région.
Sur un autre registre, le projet de régionalisation qu’est en train de préparer la Commission Consultative de la Régionalisation devra également jouer un rôle dans la promotion d'un développement culturel, adapté aux spécificités de chaque région. C’est du moins ce qu’a affirmé Ahmed Boukous, recteur de l'Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM) lors du colloque. La région est qualifiée pour jouer pleinement son rôle dans la réhabilitation de tous les éléments du patrimoine matériel et immatériel au Maroc et, partant, dans la revalorisation des composantes de la pluralité et de la diversité culturelles.
C'est pourquoi il est nécessaire de reconnaître aux régions leur personnalité culturelle et de leur octroyer les moyens de promouvoir les différentes cultures locales.
* Le projet de régionalisation marocaine : Rétrospective
Le colloque international sur la régionalisation a aussi été l’occasion de faire une rétrospective sur ce qu’est la régionalisation au Maroc. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’elle a réellement vu le jour en 1971 quand le Maroc fut découpé en 16 régions inscrites dans la Constitution. Mais à cette époque, elles s’apparentaient seulement à des régions économiques. A partir de 1976 où Feu Hassan II fait adopter le premier texte sur la décentralisation, la Charte communale, et qui définit l’organisation des finances dans les collectivités locales et prévoit l’organisation des premières élections communales, c’est une nouvelle vision de la régionalisation qui s’est dessinée au pays. Cependant, ce n’est que dans les années 90 que les régions marocaines se sont vu officiellement octroyer le statut de collectivités locales, tenant compte à la fois des aspects économique, culturel et social, mais aussi un statut juridique propre. Quelques années plus tard, les régions ont été habilitées à élire des assemblées, des conseils régionaux et ont pu s’assurer des moyens propres, des prérogatives précises, tout en entretenant des synergies avec les autres collectivités locales décentralisées. Et c’est là la réelle naissance de la régionalisation comme on l’a connue jusque-là. Certes, les années 2000 ont également connu des changements, avec notamment la considération des régions comme locomotive de développement, où encore l’octroi de budget propre, mais le dernier discours du Souverain de ce début d’année restera sans nul doute la réelle métamorphose de la régionalisation au Maroc en annonçant une nouvelle ère où elle sera certainement bien plus avancée qu’elle ne l’a été auparavant.


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