l Une série de rencontres réunissent les représentants de la FIFAGE avec les grandes surfaces de distribution, pour trouver un palliatif au sac plastique noir désormais interdit. l Le sac en papier, d'un coût légèrement supérieur, incite la fédération à demander des subventions étatiques pour un prix plus compétitif. l Retour sur cette activité qui reprend avec Mounir El Bari, le président de la Fédération de l'industrie forestière, des arts graphiques et de l'emballage. - Finances News Hebdo : Quelle a été l'issue de la réunion avec les grandes surfaces ? - Mounir El Bari : Notre fédération, la FIFAGE, a été approchée par la Direction de la production industrielle du ministère du Commerce et de l'industrie et des Nouvelles Technologies, pour proposer un palliatif aux sacs noirs plastiques, interdits par la loi depuis le premier janvier 2010. En effet, notre fédération a répondu présent à cette initiative et nous avons participé à une série de réunions aussi bien avec les GMS (grandes et moyennes surfaces) qu'avec l'Ordre national des pharmaciens. Les acteurs de notre fédération peuvent donc proposer des sacs en papier, surtout pour les petites et les moyennes contenances : ceci afin de pouvoir utiliser un papier recyclé et fabriqué au Maroc. Malheureusement, le coût du sac en papier est légèrement supérieur à celui du sac en plastique. Pour les grandes contenances en papier, le papier recyclé ne fait pas l'affaire et il est obligatoire d'utiliser du papier kraft importé des USA ou des pays scandinaves. Pour cette utilisation, notre fédération demande à l'Etat des subventions afin que le sac en papier soit compétitif par rapport au sac plastique. - F. N. H. : Dans quelle mesure l'offre qui a été faite de recourir à des sacs en plastique de couleur est-elle plus intéressante ? - M. E. B. : L'offre en sacs en plastique de différentes couleurs est venue juste pour détourner la problématique ; en effet, le mal est le même quelle que soit la couleur. Pour cette raison, il faut donner une valeur marchande au plastique pour que les ménages ne le jettent pas facilement. Il faut par exemple augmenter le grammage des sacs en plastiques !! - F. N. H. : Quelle est la production actuelle du papier recyclé et, dans quelle mesure la production actuelle pourrait-elle répondre aux besoins des grandes surfaces ? - M. E. B. : Pour les petites et les moyennes contenances, il faut revenir à l'histoire durant les années 80 et 90 où le sac en papier gris avait sa place dans le marché marocain : fruits et légumes, fruits secs, .. Le sac plastique noir est venu le remplacer (vers 1995). À l'époque, les papeteries marocaines suivaient bien le marché et beaucoup de société avaient soit mis la clé sous le paillasson, suite à l'envahissement du sac plastique noir, soit avaient converti leurs machines pour d'autres utilisations (sacs de ciment en kraft). Aujourd'hui, les papeteries marocains sont tenues par de grands groupes internationaux ou nationaux: IP (International Paper, le premier groupe papetier à l'échelle mondiale, CMCP Kénitra), le Groupe Chaabi à travers sa société GPC Meknès, le groupe Sefrioui et sa société Med paper, le groupe Jabry et sa société Lex papier sans oublier le groupe Kendouci à Meknès qui peut fabriquer du papier recyclé pour les sacs. Ces grands groupes sont tous prêts à investir dans ce projet national d'envergure. Par ailleurs, il existe sur la place plusieurs fabricants de sacs en papier, qui utilisent soit du papier recyclé soit du papier kraft importé ; nous pouvons citer la société Sorepac du groupe El Anba, la société Akymmo du groupe Nabil Sekkat et plusieurs autres sociétés. - F. N. H. : Qu'en est-il, en termes de gains sur le plan financier, mais également de protection de l'environnement ? - M. E. B. : Le gain est net au niveau écologique puisque le papier est biodégradable et le fait de le recycler réduit la facture énergétique du pays (le papier fibre vierge consomme beaucoup plus d'électricité que le papier recyclé) et réduit l'émission d'un gaz à effet de serre nocif : le méthane qui se dégage pendant l'incinération du papier. En terme financier, j'ai déjà répondu à votre question. - F. N. H. : La demande allant crescendo, est-ce que l'activité de ramassage et de traitement du papier recyclé est déjà à pied d'uvre pour y faire face ? - M. E. B. : Effectivement, c'est une très bonne question ; aujourd'hui, le Maroc ne collecte que 30 % de sa consommation nationale estimée à 450.000 tonnes de papier et la politique de ramassage ne pourrait réussir en l'absence de l'implication de l'Etat et de l'Administration marocaine. C'est pour cette raison que notre fédération organise le 12 mai à Casablanca une Journée nationale dédiée à la collecte de vieux papier et cartons. Cette journée est placée sous l'égide du ministère du Commerce et de l'Industrie et verra la participation de plusieurs experts nationaux et internationaux. Le programme de la journée sera explicité à l'occasion du point de presse que nous donnerons très prochainement.