l Les représentants de 15 pays ont pris la parole au cours des tables rondes lors de la deuxième édition du Womens Tribune. l La question des quotas et de la discrimination positive a fait lobjet de débats ardus entre ses adeptes et ses opposants lors de cette deuxième édition. l En termes de textes de lois, le Maroc occupe une place honorable en ce qui concerne légalité des chances, mais les principaux obstacles sont sur le terrain. l Point de vue de Fathia Bennis, Présidente et co-fondatrice du Womens Tribune. - Finances News Hebdo : Quels ont été les moments-phares de cette deuxième édition placée sous le thème « Femmes et pouvoir : du discours à laction » ? - Fathia Bennis : Cette deuxième édition a été ponctuée par trois tables rondes : « Femmes et pouvoir politique », « Femmes et pouvoir économique », puis « Femmes et pouvoir des médias » et qui ont soulevé des débats animés. Tout le monde a été daccord pour reconnaître que le pouvoir politique reste largement machiste, et ce à léchelle de presque tous les pays. Le pouvoir économique est partagé jusquà un certain niveau, lorsque le plafond de verre est atteint, les femmes se trouvent bloquées. Quant au 4ème pouvoir, on constate que les femmes sont encore souvent absentes en tant quactrices dans les médias dits masculins, en particulier dans les rubriques politiques et économiques. Leur avis leur est rarement demandé sur les sujets politiques ou économiques. - F. N. H. : Pouvez-vous nous rappeler les principales recommandations de la première édition et dans quelle mesure elles ont été concrétisées ? - F. B. : La 1ère édition du Womens Tribune qui sest déroulée fin mars 2009, a contribué à une action concrète : la remise dun chèque de 400.000 DH à la Fondation Zakoura pour lEducation afin de permettre à des enfants démunis (filles et garçons) du monde rural de poursuivre leurs études. La 2ème mesure proposée était le projet de création de crèches dentreprises. Au cours de cette deuxième édition, la première et la seule entreprise marocaine qui dispose dune crèche est venue témoigner des avantages que procure la création dune telle structure en son sein. La 3ème mesure est la création dun observatoire régional pour la préservation des acquis et la promotion de la femme. Enfin, la tenue même de cette seconde édition (du 27 au 29 mars 2010) a permis de démontrer, si besoin était, que le Womens Tribune est bien un lieu de débat, de partage, de réflexion et dactions qui donne la parole aux femmes et aux hommes toutes générations confondues, pour promouvoir la place des femmes, leur vision et leur visibilité au sein de la société. - F. N. H. : Vous avez défendu lidée que les quotas au Maroc ont permis aux femmes daccéder au Parlement et aux postes ministériels puisque la société na pas lhabitude de voter pour des femmes. Comment, dans ce contexte de société patriarcale, pensez-vous aboutir, via ces rencontres, à faire sortir lélite féminine vers le champ daction politique à tous les niveaux ? - F. B. : La question des quotas et de la discrimination positive a fait lobjet, dès le premier jour, de débats ardus entre ses adeptes et ses opposants. Mais à lissue des tables rondes, les partisans du quota ont réussi à faire admettre quil sagit dune étape dont on ne peut faire léconomie ni au niveau politique, ni même dans le secteur économique (quota au sein des Conseils dAdministration), du moins jusquà ce que toute la société ait intériorisé la féminisation possible des centres de décisions, alors le quota pourra disparaître. - F. N. H. : Pour cette édition, on a constaté une forte représentation française. Ne pensez-vous pas quil est important de ratisser plus large vers des expériences étrangères plus réussies en termes démancipation féminine ? - F. B. : Les représentants de 15 pays ont pris la parole au cours des tables rondes de cette 2ème édition du Womens Tribune. 25 pays étaient pressentis, malheureusement nous avons dû faire un choix en tenant compte des dessertes aériennes et des moyens financiers du Womens Tribune qui na pas pu se tenir que grâce à des sponsors qui croient en la femme et à son combat. Vous me donnez loccasion de les remercier chaleureusement et très sincèrement. Jen profite également pour les citer, il sagit de lOffice Chérifien des Phosphates, de la BMCE Bank, du Crédit Agricole, de Poste France, de la Banque Centrale Populaire, de la Centrale Laitière, de lONEP, de lONE, de la Fondation BMCE, de la Fondation CDG, de Total, dAttijariwafa bank, dArtbourse, de GDF Suez, de FIAT, de Lesieur Cristal, des Conserveries de Meknès, de Ciments du Maroc, de lONMT, du Groupe Accor, de la Marocaine des Jeux, de C.B.I, de Province dEssaouira, dAtlas Hospitality et des Eaux Minérales dOulmes. Nous formulons le souhait que lan prochain nous puissions avoir une plus grande et une meilleure représentation géographique. - F. N. H. : À votre avis, quels sont les principaux obstacles qui se dressent encore devant une réelle émancipation féminine au Maroc ? - F. B. : En termes de textes de lois, le Maroc occupe une place honorable en ce qui concerne légalité des chances, mais les principaux obstacles sont sur le terrain et dans la mentalité des Marocains et des Marocaines. Il faut reconnaître que la désaffection à légard du politique est largement partagée par les deux sexes. Nous devons donc travailler pour amener les femmes et les hommes à remplir leur rôle de citoyen à part entière. Assez de critiques, soyons dans laction, il y va du développement de notre pays.