Le défunt journaliste et dramaturge français, Alfred Capus, disait de lescroquerie que cest «une bonne affaire qui a rencontré une mauvaise foi». Il na pas tort, au regard notamment du scandale qui vient déclabousser la société de crédit à la consommation Salaf, la filiale de Taslif (voir page 8). Une escroquerie peu banale de près de 100 MDH. Le dossier est aujourdhui entre les mains de dame Justice. Au-delà de cette affaire préjudiciable pour les comptes de Salaf (même si le management estime quil ny aurait pas dimpact sensible sur le résultat), il faut reconnaître que le milieu financier, dune manière générale, est lobjet de beaucoup de tentations. Cest lîle de la tentation où, à défaut de jeunes couples qui testent leur amour, lon a plutôt affaire à des personnes dont lamour pour les billets est mis à rude épreuve. Et, malheureusement, lappel du Dirham fait parfois mouche, car à force den brasser des centaines, voire des millions (le plus souvent de manière virtuelle), certains cèdent à la tentation. Et lorsque les montants en jeu sont conséquents, cela fait évidemment beaucoup de bruit. Lon ne peut, à ce titre, oublier les nombreux scandales qui ont secoué certaines institutions financières de la place dans un passé récent. Avec pour corollaire la poursuite et lincarcération de leurs principaux dirigeants victimes, le plus souvent, dun système qui avait érigé le laxisme et les financements douteux en mode de gouvernance. Cette époque, pour autant, nest pas révolue, malgré les dispositifs de contrôle et des mesures prudentielles encore plus drastiques. Car ceux qui ont en commun le sens du trafic et de la concussion sadaptent ingénieusement aux nouvelles règles pour tenter de «légaliser» des agissements peu scrupuleux. Et quand bien même leurs tours de passe-passe finissent toujours par être déjoués, il nen demeure pas moins vrai quils démontrent quaucun système de sécurité, fut-il sophistiqué, nest à labri de personnes malintentionnées. Mais le plus étonnant dans cette «affaire Salaf», cest que le terrain de la malversation semble sêtre déplacé. Car, de mémoire dhomme, lopinion publique sest beaucoup plus «habituée» aux transactions douteuses sur le marché boursier et aux détournements de fonds au sein des établissements bancaires, avec des agents qui senvolent avec la caisse ou manipulent les comptes des clients, quà des escroqueries au niveau des sociétés de crédit à la consommation où largent ne circule point et où tout se fait via des écritures comptables. Par ailleurs, faut-il noter que pour que cette escroquerie ait pu atteindre des montants aussi importants, cest que, manifestement, elle sest déroulée sur une période assez longue. Le temps, certainement, que le nouveau système dinformation soit complètement opérationnel. A lévidence, avec léclatement de cette affaire, cest peu de dire quaucun secteur de la finance nest à labri de ce type dindividus qui piétinent leur conscience professionnelle histoire de se hisser sur une échelle sociale encore plus élevée. Cela sonne comme un avertissement. Du côté des sociétés de financement, plus que jamais, la vigilance est de mise. Il est donc fort à parier que ce rocambolesque dossier Salaf va indirectement inciter à un renforcement des mesures de contrôle au niveau des autres sociétés du secteur. Des mesures de contrôle qui sont pourtant déjà assez contraignantes, conformément aux exigences de Bank Al-Maghrib.