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L’île de la tentation
Publié dans Finances news le 19 - 03 - 2010

Le défunt journaliste et dramaturge français, Alfred Capus, disait de l’escroquerie que c’est «une bonne affaire qui a rencontré une mauvaise foi».
Il n’a pas tort, au regard notamment du scandale qui vient d’éclabousser la société de crédit à la consommation Salaf, la filiale de Taslif (voir page 8). Une escroquerie peu banale de près de 100 MDH. Le dossier est aujourd’hui entre les mains de dame Justice.
Au-delà de cette affaire préjudiciable pour les comptes de Salaf (même si le management estime qu’il n’y aurait pas d’impact sensible sur le résultat), il faut reconnaître que le milieu financier, d’une manière générale, est l’objet de beaucoup de tentations. C’est l’île de la tentation où, à défaut de jeunes couples qui testent leur amour, l’on a plutôt affaire à des personnes dont l’amour pour les billets est mis à rude épreuve. Et, malheureusement, l’appel du Dirham fait parfois mouche, car à force d’en brasser des centaines, voire des millions (le plus souvent de manière virtuelle), certains cèdent à la tentation. Et lorsque les montants en jeu sont conséquents, cela fait évidemment beaucoup de bruit.
L’on ne peut, à ce titre, oublier les nombreux scandales qui ont secoué certaines institutions financières de la place dans un passé récent. Avec pour corollaire la poursuite et l’incarcération de leurs principaux dirigeants victimes, le plus souvent, d’un système qui avait érigé le laxisme et les financements douteux en mode de gouvernance.
Cette époque, pour autant, n’est pas révolue, malgré les dispositifs de contrôle et des mesures prudentielles encore plus drastiques. Car ceux qui ont en commun le sens du trafic et de la concussion s’adaptent ingénieusement aux nouvelles règles pour tenter de «légaliser» des agissements peu scrupuleux. Et quand bien même leurs tours de passe-passe finissent toujours par être déjoués, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils démontrent qu’aucun système de sécurité, fut-il sophistiqué, n’est à l’abri de personnes malintentionnées.
Mais le plus étonnant dans cette «affaire Salaf», c’est que le terrain de la malversation semble s’être déplacé. Car, de mémoire d’homme, l’opinion publique s’est beaucoup plus «habituée» aux transactions douteuses sur le marché boursier et aux détournements de fonds au sein des établissements bancaires, avec des agents qui s’envolent avec la caisse ou manipulent les comptes des clients, qu’à des escroqueries au niveau des sociétés de crédit à la consommation où l’argent ne circule point et où tout se fait via des écritures comptables.
Par ailleurs, faut-il noter que pour que cette escroquerie ait pu atteindre des montants aussi importants, c’est que, manifestement, elle s’est déroulée sur une période assez longue. Le temps, certainement, que le nouveau système d’information soit complètement opérationnel.
A l’évidence, avec l’éclatement de cette affaire, c’est peu de dire qu’aucun secteur de la finance n’est à l’abri de ce type d’individus qui piétinent leur conscience professionnelle histoire de se hisser sur une échelle sociale encore plus élevée. Cela sonne comme un avertissement. Du côté des sociétés de financement, plus que jamais, la vigilance est de mise. Il est donc fort à parier que ce rocambolesque dossier Salaf va indirectement inciter à un renforcement des mesures de contrôle au niveau des autres sociétés du secteur. Des mesures de contrôle qui sont pourtant déjà assez contraignantes, conformément aux exigences de Bank Al-Maghrib.


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