* Copenhague s'est fixé un objectif vague de limitation à 2° C de l'augmentation de la température moyenne de la Terre à l'horizon 2050. * L'Accord de Copenhague se contente de fixer cet objectif global, sans prévoir les engagements précis de chaque pays. * Le Sommet de Copenhague n'a pas non plus décidé de créer l'Organisation mondiale de l'environnement qui aurait pu contrôler les engagements pris, et distribuer les financements. * J. Kerdoudi, président de l'IMRI, livre son point de vue. - Finances News Hebdo : Quelle comparaison pouvons-nous faire du Sommet de Copenhague par rapport à celui de Kyoto ? Jawad Kerdoudi : Le Sommet de Kyoto est parvenu à des engagements précis de réduction des gaz à effet de serre, alors que celui de Copenhague s'est fixé un objectif vague de limitation à 2°C de l'augmentation de la température moyenne de la Terre à l'horizon 2050, par rapport à la situation pré-industrielle. - F.N.H. : Quel bilan global peut-on faire du Sommet de Copenhague ? - J. K. : Le bilan du Sommet de Copenhague est décevant. Outre le fait qu'il n'est parvenu à aucun engagement précis de la part des différents pays, et notamment des grands pollueurs de la planète (Etats-Unis, Chine), il n'a pas non plus décidé de créer l'Organisation mondiale de l'environnement qui aurait pu contrôler les engagements pris, et distribuer les financements. Le seul résultat encourageant est la promesse de mettre à la disposition des pays en développement un montant de 100 milliards de $ par an à partir de 2020. - F.N.H. : Quel sera le coût que vont subir les pays en développement si, d'ici 2050, on n'arrive pas à des recommandations très concluantes ? - J. K. : Si des mesures efficaces ne sont pas prises contre le réchauffement climatique, les conséquences pour les pays en développement seront dramatiques. Au-delà d'un réchauffement supérieur à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, seront menacés, l'accès à l'eau et à la terre, la sécurité alimentaire pour les pays insulaires. En effet, on assistera à une réduction de la calotte glaciaire, une augmentation du niveau de la mer, une modification de la biodiversité et une intensification des phénomènes climatiques : tempêtes, sécheresse, inondations, cyclones. Le coût estimé par les experts est de 100 milliards de $ par an d'ici 2020. - F.N.H. : Les négociations de Copenhague ont mis en exergue le rôle incontournable de la Chine et des Etats-Unis. Est-ce que cela veut dire que le sort de la planète reste entre les mains de ce tandem ? - J. K. : En effet, la Chine et les Etats-Unis contribuent à eux deux à 40% des émissions de gaz à effet de serre. Ce sont donc les plus grands pollueurs de la planète. On peut dire en effet que le sort de la planète est entre leurs mains. Durant la conférence de Copenhague, la Chine a indiqué que sa priorité est le développement, et s'est refusée à toute vérification internationale de ses émissions de gaz à effet de serre. Le président Barack Obama, de son côté, n'est pas allé assez loin dans les engagements des Etats-Unis, craignant une non ratification de l'Accord par le Sénat américain. Il faudrait que la communauté internationale augmente sa pression sur ces deux grands pays avant la prochaine Conférence internationale climatique qui aura lieu en décembre 2010 au Mexique. - F.N.H. : Quelles ont été les principales mesures quantitatives du sommet de Copenhague ? - J. K. : Comme déjà indiqué, la seule mesure quantitative est la limitation à 2°C du réchauffement de la terre à l'horizon 2050 par rapport à l'ère pré-industrielle. Mais l'Accord de Copenhague se contente de fixer cet objectif global sans prévoir les engagements précis de chaque pays. - F.N.H. : Quelles sont les mesures prises en interne par le Maroc et qui visent à contrecarrer, un tant soit peu, le réchauffement climatique ? - J. K. : Le Maroc a tout intérêt à s'inscrire dans une économie sans carbone, d'une part parce qu'il ne dispose pas pour le moment d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) et, d'autre part pour diminuer ses propres émissions de gaz à effet de serre. Aussi, il n'a d'autre choix que de développer les énergies renouvelables, notamment l'éolien et le solaire. Notre pays qui a déjà lancé des plans de développement pour ces deux énergies, doit redoubler d'efforts pour attirer des investisseurs, et une partie des fonds prévus par les pays riches pour aider les pays en développement.