* Le projet de loi 30-08 vient réformer la loi 06-99 qui avait posé pour la première fois le principe de la liberté des prix. * Les amendements apportés touchent essentiellement le Conseil de la concurrence et la protection du consommateur. Après son adoption par le Conseil des ministres le 20 octobre, le projet de loi 30-08 complétant la loi 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence a été approuvé par la Chambre des conseillers le 24 novembre dernier. Le nouveau cadre juridique intervient 10 ans après ladoption de la première loi qui avait sorti le Maroc de la phase du contrôle strict des prix. La réforme vise surtout à doter le Conseil de la concurrence de nouveaux outils pour son intervention. A commencer par un assouplissement considérable des règles de sa saisine. Ainsi que par la mise en place dun nouveau cadre pour la fluctuation des prix. Il faut relever que la réforme apportée par le projet de loi 30-08 est intervenue presque un an près la mise en place effective du Conseil de la concurrence. La loi 06-99 a été en effet jugée par une bonne partie des praticiens du droit comme «peu audacieuse» et posant uniquement dans son principe la libre détermination des prix en fonction de la loi de loffre et de la demande. A remarquer également que le nouveau code de la protection du consommateur a aussi précipité cette modification apportée à la loi 06-99. Ce nest pas un hasard si les deux projets ont été étudiés simultanément. Une manière pour le pouvoir exécutif de marquer le souci majeur de ces réformes institutionnelles, qui est une protection accrue du consommateur contre tous les types dabus. Surtout ceux pouvant naître dune fixation abusive des prix qui ne tient nullement compte de la réalité du pouvoir dachat ou de la culture de consommation de notre pays. Cest ce que mentionne dailleurs le préambule de la nouvelle législation qui fait une mention expresse du souci «daméliorer le bien-être du consommateur» à travers la transparence et la loyauté dans les relations commerciales. Le champ dapplication de la nouvelle réglementation sétend pour sa part à «toutes les personnes physiques ou morales quelles aient ou non leur siège au Maroc». Il ny a aucune distinction entre les opérateurs économiques, qu «ils exercent ou non des missions de service public ou des prérogatives de puissance publique». Les exceptions admises à la règle de la liberté des prix sont toujours fixées dune manière limitative et expresse par la loi. Limportant demeure que lAdministration est toujours le centre de décision et ce «après concertation avec les organisations professionnelles» qui désirent que les prix de leurs activités soient réglementés. Les pratiques anticoncurrentielles restent pour leur part définies dune manière négative. Autrement dit, toutes les pratiques et manuvres visant à «fausser le jeu de la concurrence sur un marché, les actions concertées, conventions, ententes ou coalitions expresses ou tacites», sont interdites. Le Conseil de la Concurrence doit toujours être consulté par la Primature sur «toutes les opérations de concentration économique, notamment par la création ou le renforcement dune position dominante». Le Conseil est obligatoirement consulté dans dautres cas. La loi cite 4 scénarii où le gouvernement doit absolument faire intervenir linstitution présidée par A. Benameur. Il sagit en effet du cas où laccès à un marché pourra devenir difficile après ladoption dun texte législatif réglementaire. Il y a aussi lhypothèse où le gouvernement veut imposer des monopoles ou dautres droits exclusifs, ainsi que loctroi daides étatiques à un secteur donné.