Le Groupe Banques Populaires domine sur tous les fronts, au regard du classement que nous avons établi avec, comme critères, le total bilan, le produit net bancaire et le résultat net au 30 juin 2004. Lachèvement du processus de fusion BCM-Wafabank changera certainement la donne, car cette nouvelle entité voudra, bien entendu, bouleverser la hiérarchie établie. La grande réforme de 1993 aura permis aux banques commerciales daméliorer considérablement leur situation financière. Une évolution visible à travers une lecture du produit net bancaire dégagé par le système bancaire, mais aussi le rendement des fonds propres et des actifs. Toutefois, les banques spécialisées suivent difficilement le rythme dévolution des autres établissements bancaires, tant en ce qui concerne la qualité des actifs que la profitabilité. Il faut, en effet, souligner que, onze ans après cette fameuse réforme, lenvironnement bancaire a profondément changé, avec en toile de fond une concurrence davantage exacerbée. Cette concurrence a dépassé le cadre établi des activités de production pour sétendre également aux activités de distribution, laquelle est une source davantages concurrentiels qui tire légitimement profit de lapparition des nouvelles technologies. Actuellement, seules affichent un bon profil les banques qui ont su améliorer et diversifier leurs services, filialiser certaines de leurs activités et développer des métiers rémunérés non plus par des intérêts, mais par des commissions (à cause de lérosion des marges). Les autres, bien évidemment, présentent des résultats en berne. Cette situation a par conséquent favorisé la tendance à la concentration, traduisant une forte rationalisation de la structure du système bancaire marocain. Cela a eu pour conséquence labsorption de certains petits établissements bancaires (Uniban, Abn Amro Maroc, SMDC ) pour favoriser lémergence dentités solides pouvant évoluer dans un environnement de plus en plus globalisé. Cest cette logique qui sous-tend la naissance du mastodonte BCM + Wafabank, dont le processus de fusion sera bientôt bouclé. Un mastodonte qui va sérieusement contester la suprématie du Groupe Banques Populaires, lequel, dans le classement que nous avons établi et qui retient comme critères le total bilan, le produit net bancaire et le résultat net, domine outrageusement le système bancaire. Classement selon le total bilan Le classement selon le total bilan, au 30 juin 2004, laisse apparaître une nette domination du GBP avec un total bilan qui sélève à 99,1 milliards de DH, suivi de loin par la BCM (63,9 milliards de DH) et la BMCE (62,25 milliards de DH). Wafabank occupe le 4ème rang avec un total bilan de 38,74 milliards de DH. Néanmoins, sa fusion avec la BCM bouleversera la hiérarchie établie car, ensemble, elles ont un total bilan dun peu plus de 102 milliards de DH. Avec 20,14 milliards de DH, le Crédit du Maroc ferme logiquement le peloton, tandis quavec sa 5ème place, le Crédit Agricole réalise, avec la BCM (+20,8%), lune des meilleures progressions du total bilan (+19,6% à 27,54 milliards de DH). Dailleurs, lactivité consolidée des principaux groupes bancaires, qui sapprécie à travers le total bilan, suit depuis plusieurs années un trend haussier. Notons, en outre, que la somme du total bilan des trois premières banques de notre classement représente 61% du total bilan de lensemble des banques retenues. Une analyse plus détaillée des chiffres fait ressortir des bilans dont lévolution repose fortement, au Passif, sur les «dépôts de la clientèle» et dans une moindre mesure sur les «dettes envers les établissements de crédit et assimilés». Si ce dernier poste cité sest inscrit en hausse pour pratiquement tous les établissements bancaires, il a accusé un net recul de pour la BMCI (-32% à 870,8 millions de DH) et BMCE Bank (-36% à 4,78 milliards de DH). Quant au poste «dépôts de la clientèle», il a enregistré une progression pour tous les établissements bancaires, notamment pour le Crédit Agricole avec une évolution de 23,6% à 15,7 milliards de DH. Néanmoins, cest la BMCE Bank qui rafle la mise avec une augmentation de ce poste de 25%, grâce essentiellement à la forte hausse des dépôts à terme qui passent dune période à lautre de 10,17 à 15,65 milliards de DH (+54%). Cette performance est expliquée par le management de la banque comme le résultat de la stratégie agressive initiée sur le marché des particuliers notamment. Cette stratégie sest traduite, outre une hausse de la part de marché sur le segment MRE (+0,6 point à 6,4%) et une croissance du nombre de contrats de bancassurance, par lémission de 134.000 nouvelles cartes monétiques au cours du premier semestre 2004 (pour un stock qui atteint 600.000 cartes à fin juin 2004), ainsi que le lancement de différents produits visant la clientèle des particuliers et professionnels (BMCE Carte Voyage, Carte Oxygen, Immo Plus Saisonnier et Immo Plus Evolutif). Cependant, si la BMCE a pu améliorer sa part de marché dépôts (16,4%), cest toujours le Groupe Banques Populaires qui mène les débats avec des dépôts clientèle qui sélèvent à 85,5 milliards de DH, soit un accroissement de 7,4% et une part de marché de 30,21% contre 29,93% à fin 2003. Il faut noter que le GBP, à travers différents plans de développement, a également une politique de proximité très agressive qui lui permet de financer plus efficacement le secteur des PME et des artisans. Classement selon le PNB Pour la période 2002-2005, le GBP vise, entre autres, à adapter son offre bancaire via le développement de la bancassurance, du capital-risque et de loffre monétique. Cette démarche explique sans aucun doute lextension continue du réseau qui compte actuellement 470 agences gérant plus de 2.200.000 clients. Le classement selon le produit net bancaire napporte aucun changement sur le haut du tableau. Les quatre premières banques de tête conservent leur rang respectif. Le Groupe Banques Populaires est largement en tête avec un PNB de 2,4 milliards de DH (+9,1%), caractérisé par une progression de la marge dintérêt de 7% et de la marge sur commission de 33%. Au bas du tableau, le Crédit Agricole, avec un PNB de 432,7 millions de DH, ferme la marche tout en réalisant la plus forte progression (+12,8%). La SGMB (882,5 millions de DH, soit -0,9%) gagne deux places pour occuper la 5ème position juste derrière Wafabank (893,7 millions de DH, soit -2%): ces deux banques sont les seules dailleurs à présenter des PNB en régression par rapport au 30 juin 2003. Il faut noter que la SGMB et Wafabank ont enregistré des diminutions de leur marge dintérêt respectivement de 4,8% (648,9 millions de DH) et 0,6% (666,4 millions de DH). Une lecture plus fine de létat des soldes de gestion montre que cest le poste «résultat des opérations de marché» qui a tiré le PNB vers le haut pour presque lensemble des banques, quand bien même lévolution notée au niveau de la «marge sur commissions» nest pas négligeable. Ainsi, le poste «résultat des opérations de marché» sest apprécié de 206% pour le Crédit Agricole, 54% pour BCM, 23% pour BMCI et 11% pour Wafabank. Classement selon le résultat net Selon le résultat net, le classement ne laisse apparaître aucun changement au niveau du trio de tête. Le GBP dirige le peloton avec un résultat net de 585 millions de DH (+27,5%), malgré la constitution de dotations aux provisions pour créances en souffrance de 421 millions de DH et pour risques généraux (libre dimpôt) de 150 millions de DH. De fait, la rentabilité financière du groupe est portée à 12,5%, en progression de 1,8 point. Le GBP est suivi de loin par la BCM, qui enregistre une très forte progression (+63,9% à 338,8 millions de DH), et par la BMCE Bank (+18% à 187,5 millions de DH). Occupant la 5ème place devant le CDM (106,7 millions de DH), la SGMB enregistre un recul significatif de son résultat net qui seffrite de 27% à 155 MDH. Wafabank, qui ferme la marche, affiche une perte nette de 17,2 MDH : ce résultat est quand même en amélioration comparé au résultat net réalisé à la fin de décembre 2003 et qui était de -393 millions de DH. Signalons enfin que le Crédit Agricole, qui a vu son résultat net régresser de 76% à 71 millions de DH, procède, tel que stipulé dans lattestation des commissaires aux comptes, «à la classification des créances agricoles en souffrance sur la base des règles dantériorité des impayés différentes de celles retenues par les mesures prudentielles prévues par Bank Al-Maghrib en matière de couverture des créances en souffrance par des provisions». Le niveau de provisionnement affecté en couverture des engagements du Crédit Agricole a ainsi été estimé 5,4 milliards de DH, dont 3,4 milliards de DH ont été comptabilisés au 30 juin 2004. Par ailleurs, signalent les commissaires aux comptes, certaines dispositions édictées par les circulaire et instruction de BAM nont pas été systématiquement appliquées par la banque. Il sagit notamment de lévaluation récente des garanties hypothécaires reçues en couverture des engagements (le Conseil dAdministration a démarré, à cet égard, en 2002, une opération en vue de lévaluation de lensemble des garanties détenues) et de la classification parmi les créances en souffrance de crédit accordés à des clients présentant des situations financières déséquilibrées.