* Le secteur de la sidérurgie affiche depuis plusieurs mois un repli au niveau mondial du fait des méfaits de la conjoncture économique actuelle. Le leader sectoriel au Maroc, Sonasid, a affiché des indicateurs peu reluisants, mais qui restent toutefois meilleurs que ceux présentés par dautres mastodontes mondiaux du métier. * Bérold Costa de Beauregard, Directeur général de Sonasid, nous livre ses impressions concernant lactivité de la filiale marocaine dArcelor Mittal. - Finances News Hebdo : Sonasid présente des indicateurs financiers en chute pour le compte du premier semestre 2009 ; quest-ce qui explique cette tendance ? - Bérold Costa de Beauregard : Le premier semestre 2009 nous a apporté de bonnes et de mauvaises nouvelles. La mauvaise nouvelle dabord : les prix, que nous croyions enfin stabilisés fin 2008, ont repris leur chute au premier semestre 2009, jusquà toucher un plus bas en février 09. Au résultat, comme lindustrie sidérurgique dans son ensemble, Sonasid sest trouvé confronté à une forte dépréciation des stocks, au-delà de ce qui avait été subi fin 2008. La bonne nouvelle, en revanche, reste la bonne tenue du marché marocain du fil machine et du rond à béton. La croissance du premier semestre, (+2%), peut paraître modeste eu égard à la moyenne de 10% enregistrée depuis le début de la décennie, mais il sagit bien dune croissance alors que lensemble des marchés internationaux, dont nos proches voisins européens, a subi un recul considérable. Lavantage de Sonasid est bien son implantation dans un marché durablement dynamique lié aux besoins déquipement du pays. Cest considérable. Les prix sont ce quils sont, par contagion des fluctuations mondiales, tant pour les matières premières que pour les produits finis. Mais les volumes sont là. Lenjeu pour Sonasid est daméliorer sa compétitivité coût et sa performance qualité et service, cest évidemment plus facile quand on sait compter sur un marché substantiel dans la durée. - F.N.H. : Vous avez décidé de proposer à votre prochaine Assemblée générale la distribution dun dividende exceptionnel. Quest-ce qui motive cette décision et comment commentez-vous labsence de réaction du marché boursier face à cette décision ? - B. C. B : Le Conseil dAdmi- nistration avait décidé, au titre de lexercice 2008, de retenir la moitié du dividende distribuable dans la perspective dinvestissements de développement en cours dévaluation. Ces derniers nayant pas été confirmés, il a naturellement décidé de soumettre une proposition de dividende exceptionnel à lapprobation de la prochaine Assemblée générale ordinaire, le 28 octobre 2009. Quant à la réaction du marché, pourquoi serais-je surpris ? Sonasid génère dimportantes liquidités et affiche sa confiance dans lavenir. - F.N.H. : Sonasid a-t-elle recours à des instruments de couverture contre la volatilité des prix à limage des sociétés minières par exemple ? - B. C. B : Les métaux non ferreux (cuivre, plomb, aluminium ) font depuis longtemps lobjet de contrats de couverture sur des marchés très liquides assurant visibilité et sécurité pour des engagements de prix à long terme. En revanche, aucun des produits ferreux (ferraille, fonte, billette, rond à béton ) ne bénéficie encore de contrat de couverture sur les marchés liquides. Il y a des raisons assez techniques à cela, sur lesquelles je ne métendrai pas. Il y a des projets qui voient le jour dans ce sens mais leur développement reste encore très limité. - F.N.H. : Pour le second semestre, vous tablez à la fois sur une reprise de la demande internationale et aussi des prix. Quest-ce qui motive cet optimisme ? - B. C. B : Les marchés mondiaux de lacier ont subi un choc dont ils se remettent progressivement, les stocks ayant fondu. Les prix sidérurgiques ont ainsi touché le fond lhiver dernier et se reprennent depuis ; les fluctuations demeurent, mais la tendance est la bonne. Sonasid en profitera. Il ny a plus de dépréciation de stocks en perspective mais une progression des résultats portée par la bonne charge des usines et un rééquilibrage progressif des prix des matières premières et des produits finis. - F.N.H. : Dernièrement, le ministère du Commerce extérieur a imposé une licence aux importateurs et exportateurs de ferraille. Est-ce que cette mesure impactera lapprovisionnement de Sonasid, sachant que plusieurs opérateurs seraient tentés découler leur ferraille sur le marché international ? - B. C. B : Le marché des ferrailles tend à davantage de réglementations en Europe, sagissant de déchets dont on veut sassurer de la bonne valorisation. Du point de vue des autorités européennes, Sonasid est un centre reconnu de recyclage des ferrailles répondant à toutes les exigences. Nous ne sommes donc pas inquiets de cette mesure pour y être parfaitement préparés, nous y voyons même un avantage compétitif. - F.N.H. : Depuis que Sonasid est passée sous le giron dArcelorMittal, des rumeurs persistantes font état de difficultés de validation des projets dinvestissement. Quels commentaires faites-vous face à ces rumeurs ? - B. C. B : Si vous faites référence au projet du broyeur, vous savez probablement quil a été confirmé, malgré le contexte de crise internationale. En quelque sorte, nous avons dailleurs bénéficié de ce contexte en obtenant des conditions très avantageuses : le coût dinvestissement à la tonne broyée a été divisé par 2 depuis létude de faisabilité réalisée en 2006. Au-delà de cet investissement, Sonasid conduit un programme dinvestissement pluriannuel que nous ne détaillerons pas, mais qui sinscrit dans une vision stratégique de performance industrielle discutée et développée par ArcelorMittal, dans une perspective pluriannuelle, tenant compte des délais détude et de la séquence logique des choix techniques. Pour illustrer le caractère structurel de ce programme, je vous donnerai lexemple de la consommation délectricité à la tonne dacier qui a baissé de plus de 20% entre 2006 et 2009.