* Le secteur bancaire en Afrique fait face à un épineux problème de liquidités lié à la crise internationale. * Le FMI a revu ses prévisions de croissance du continent africain pour 2009 à la baisse, à 3% contre 6% annoncé initialement. * La forte prudence en Afrique ne doit pas tuer linnovation dans le secteur bancaire. * La sous-bancarisation en Afrique est un sérieux défi. Nouveau contexte, nouveaux défis. Celui de la bancarisation en Afrique du Nord, du centre et de lOuest a eu tout lintérêt mérité les 14 et 15 mai dans la ville ocre à loccasion dAfrica Banking Forum organisé par i-conférences. Ledit Forum se veut un forum déchange, de débat et de rencontre. Il se propose dapporter aux différents acteurs la plate-forme idoine pour une confrontation des expériences et un éclairage sur les secteurs bancaires et financiers de la région. En dépit de la persistance de la crise financière, les intervenants sont unanimes à estimer que le sujet à débattre aujourdhui sur la bancarisation en Afrique colle parfaitement avec lactualité. En effet, et bien que lorigine de cette crise soit la défaillance du système financier, lAfrique sest rendue compte, encore une fois, quelle se trouvait à la merci des autres continents. Elle est et reste vulnérable. Le cycle de Doha est arrivé dans une impasse : à fin 2008, la part de lAfrique dans les échanges mondiaux était de 3%. Les échanges inter-africains étaient de 8% en ce qui concerne les exportations et de 9,3% en ce qui concerne les importations. Le développement du continent africain relève dabord du financement des projets, petits et grands, et de laccompagnement des PME nécessaires à lémergence déconomies viables dans les pays de ce continent. Le grand bémol cest quen Afrique, le développement de la banque se heurte au faible taux de bancarisation structurellement observé auprès de la clientèle des particuliers. Le potentiel de croissance pour la banque de détail nest pas négligeable, notamment sur les activités de banque au quotidien. Un décollage du taux de bancarisation permettrait aux établissements non seulement délargir leurs sources de revenus, mais aussi de sadresser à une clientèle plus large, à même de développer les services parabancaires. Lenjeu réside dans la mise à disposition de services à forte valeur ajoutée pour le consommateur, susceptibles de susciter ladhésion du plus grand nombre aux services bancaires. Fracture sociale vs bancarisation «Il faut créer un environnement pour les non-bancarisés tout en offrant une panoplie de produits à coûts réduits pour la population pauvre», annonce W. Fellow, Directeur du programme FSVC Maroc. Daprès lui, les banques africaines sont appelées à développer des offres financières durables et viables parce que celles qui nont pas de durabilité sont vouées à léchec. Il suggère lutilisation de la technologie qui nest pas difficile à mettre en place. Mais la soif de bancarisation ne doit pas passer sous silence le volet réglementaire. Léquilibre entre la nécessité de réglementation et la bancarisation se pose aujourdhui avec force, dautant plus que lorigine de la crise internationale reste les subprimes. Les banques en Afrique sont amenées à trouver un compromis entre la mise en place de normes et le développement de la bancarisation. Une bonne réglementation se veut, certes, garante des bonnes prévisions, mais elle risque de tuer linnovation. Lunanimité est de mise sur le fait que les défis de la banque sont liés à sa culture interne. Il savère pour elle trop compliqué datteindre la population non bancarisée. R. Zegers, coordinateur SME Finances BAD-Tunisie, partage lavis quun compromis est aujourdhui indispensable pour concilier entre bancarisation et prudence. «Je pense quil est désormais indispensable détablir un équilibre en matière dattente des différents groupes, des différents secteurs pour arriver à une viabilité financière et une rentabilité saine», sempresse-t-il dajouter. Il reconnaît à son tour que le système bancaire africain na pas été touché par la crise. Mais contrairement aux autres intervenants, il ne la lie pas aux bons fondamentaux du secteur bancaire africain. Il la lie surtout à la prudence dont la résultante est lignorance des groupes cibles (individus, PME ). Aussi, il faut reconnaître que la crise économique et financière commence à atteindre lAfrique. Le FMI a revu ses prévisions de croissance du continent africain à la baisse à 3%, contre 6% initialement. Le PIB par habitant diminue pour la première fois en 10 ans en Afrique. Les banques africaines sont désormais plus restrictives en matière de politique de crédit à cause dun problème de liquidités. Et par ricochet, les PME ne peuvent plus investir et sétendre. La crise internationale a touché par ailleurs le secteurs du négoce qui affiche des signes dessoufflement. Les réserves de lensemble des pays africains sont inférieures à celle dun pays comme la Norvège (5 millions dhabitants). Cest dans ce sillage que sinscrivent les différentes mesures prises par la Banque Africaine de Développement. Son leitmotiv est de prévenir la crise économique et financière qui affecte les différents moteurs de la croissance économique et menace dinverser les réformes surtout dans les pays à faibles revenus (Voir entretien p 18). A linstar de la BAD, dautres institutions multilatérales sont exhortées à apporter leur soutien en Afrique tout en étant proactives. Il est aussi primordial de renforcer la régionalisation entre les pays africains. Daucuns estiment que les banques basées en Afrique, affectées aujourdhui par la crise, ne sont pas responsables. Réponse du berger à la bergère : les banques occidentales sont elles-mêmes en crise et ne peuvent apporter aucun soutien à leurs homologues africaines.