* 16,3 millions de personnes, dont 62,9% de citadins. * Elle regroupe 53% de la population, contre 34% pour la classe modeste et 13% pour la classe aisée. * La structure du revenu est dominée par le mode salarial avec 44,5%. La classe moyenne au Maroc est majoritaire si lon tient compte de la dernière étude publiée par le Haut Commissariat au Plan (HCP). En effet, le poids démographique de cette classe est important par rapport aux autres couches de la population marocaine. Deux approches ont été utilisées pour quantifier et identifier cette classe. Il sagit de lapproche du revenu et celle déclarative. «La définition des classes moyennes au Maroc se réfère aussi bien à lapproche par auto-identification sociale des chefs de ménage quà lapproche basée sur les critères objectifs de revenu et de niveau de vie», a souligné Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan. Il a expliqué que «la première renseigne sur le vécu, par la population, de son statut social. Mais elle présente en revanche linconvénient de son inadéquation avec la stratification objective de la société globale». «La deuxième approche, a-t-il indiqué, se fonde sur le partage statistique de la richesse nationale entre les différentes catégories sociales. Elle permet de donner une base objective à un consensus sur la place des classes moyennes dans la distribution sociale des revenus, lidentification de leur segmentation et lanalyse aussi bien de leurs caractéristiques socio-économiques que de leur évolution». Selon la classification par le revenu, la catégorie moyenne regroupe 53% de la population, contre 34% pour la classe modeste et 13% pour la classe aisée. Ces chiffres montrent que le Maroc a connu une réelle transition socio-économique. Généralement concentrée en milieu urbain, la classe moyenne cest 16,3 millions de personnes dont 62,9% de citadins. Par catégorie socioprofessionnelle, létude du HCP montre que 63% des «employés, artisans et ouvriers qualifiés des métiers de lartisanat font partie de la classe moyenne, contre 10,9% dans la classe aisée et 26,1% dans la classe modeste). Cette classe regroupe 58% des rentiers, 56% des cadres moyens et des commerçants et 48,6% des ouvriers agricoles et non agricoles. Pour les professions libérales et les cadres supérieurs, 19,5% se revendiquent de cette classe alors que 76,5% font partie de la classe aisée et seulement 4% de la classe modeste. «Globalement, ce sont les catégories socioprofessionnelles de niveau de formation et de qualification intermédiaires qui alimentent le plus la dimension des classes moyennes. La disparité aussi bien de leurs niveaux de revenu que de leurs conditions de vie contribue à lhétérogénéité socioprofessionnelle de la classe moyenne», a affirmé Lahlimi. En terme de revenu, la classe moyenne est répartie selon trois catégories. La première constitue 28% de la classe moyenne dont le revenu dépasse la moyenne nationale à savoir les 5.308 DH. La deuxième catégorie représente 42%. Elle est intermédiaire avec un revenu compris entre 5.308 DH et 3.500 DH. La troisième et dernière catégorie, dite inférieure, perçoit un revenu en deçà de la médiane nationale, soit 3.500 DH. Cette dernière catégorie constitue 30% de la classe moyenne. Létude du HCP a également décliné la classe moyenne selon le type dactivité : 48% dactifs occupés ; 8,2% de chômeurs; 43,7% dinactifs. Pour Lahlimi, la classe moyenne cest aussi «52% de la population active occupée et 58% de lemploi salarié qualifié». Par secteur, la classe moyenne représente 44% de lemploi dans le primaire, 61% dans le secondaire et 59% dans le tertiaire. Un autre fait saillant, dégagé par létude du HCP, montre que la classe moyenne est la plus touchée par le chômage du fait de son poids démographique. Elle a un taux de 14,6%, contre 10,9% pour la classe modeste et 10,4% pour la classe aisée. En terme de revenu, les ménages de cette classe ont un revenu moyen de 4.402 DH en milieu urbain et 4.219 DH en milieu rural. Outre son poids démographique, le poids économique de la classe moyenne est visible au niveau des chiffres. Elle revendique 44% des revenus des ménages et 49% dans leurs dépenses de consommation. La structure du revenu est dominée par le mode salarial avec 44,5% dont 52,7% en milieu urbain et 27,7% en milieu rural, les entreprises représentent 30%, les transferts 13,3%, les rentes 9,4%. Les ménages de la classe moyenne consacrent près des deux tiers de leurs dépenses à lalimentation et lhabitat, contre trois quarts pour la classe modeste et moins de la moitié pour les classes aisées ; 9% aux dépenses de «transport et communication» contre 19% pour la classe aisée et 5% pour la classe modeste. Commentant ces chiffres, Lahlimi a affirmé que «globalement, les classes moyennes ont un revenu qui leur permet de couvrir la totalité de leurs dépenses de consommation». Létude du HCP sest penchée également sur la question de lendettement. Il ressort que la proportion des ménages endettés atteint les 31% contre 37,5% pour les ménages aisés et 27,3% pour les ménages modestes. Le niveau dendettement sélève selon le niveau de la catégorie. Il est de 26,8% dans la catégorie inférieure, de 30% dans la catégorie intermédiaire et de 34,8% dans la catégorie supérieure. Lendettement des ménages de la classe moyenne se répartit entre 59% pour le crédit à la consommation, 25,1% pour le crédit immobilier et 15,9% pour le crédit à léquipement ménager ou pour lacquisition de moyens de transport. «En général, le recours aux crédits à la consommation émane surtout des catégories inférieures ; alors que les crédits déquipement et dimmobilier concernent plutôt les catégories intermédiaires et supérieures», a souligné Lahlimi. Cette étude du HCP servira comme base de données pour les différentes stratégies publiques ou privées pour les études de marché. Elle permettra, à coup sûr, davoir quelques indicateurs démographiques et socioéconomiques sur la classe moyenne.