* Depuis quelque temps, lactivité immobilière émet des signaux positifs qui peuvent laisser prédire une véritable reprise de lactivité. * Il faut attendre encore quelques mois avant de confirmer la reprise. * Durant cette période difficile, la demande interne a été une vraie soupape pour amortir le choc de la crise. * Si la réorientation vers limmobilier intermédiaire a été dictée par la crise, le haut standing ne doit pas être abandonné puisque cest à travers lui que le Maroc sest frayé une place sur le marché international. * Youssef Benamour, Directeur général Afrique du Nord de Hamptons International, reste très attentif au développement du secteur. Il nous donne son point de vue. - Finances News Hebdo : Comment se comporte le secteur de limmobilier face à la crise économique ? - Youssef Benamour : Durant les trois dernières semaines, Hamptons International a réalisé son meilleur chiffre daffaires des deux dernières années à linternational, notamment sur le marché londonien. Et pour cause, la récession économique, combinée à la dévaluation de la Livre Sterling, sest traduite par une baisse de 40% des prix des biens immobiliers. Alors quavant la crise, le prix dun appartement de même superficie à Chelsea coûtait le double quau 16ème arrondissement à Paris. Ce qui explique avec la crise, une ruée sur le marché britannique et, plus particulièrement, celui de Londres. - F. N. H. : Cette opportunité a-t-elle été saisie par les Marocains ? - Y. B. : Vous savez, la transaction dachat implique le transfert du montant du bien immobilier en devises, ce qui nest pas autorisé par lOffice des changes. Cela dit, les Marocains sont plutôt orientés vers des pays comme la France avec laquelle ils ont plus daffinités. - F. N. H. : Cette reprise enregistrée sur le marché londonien est-elle la seule sur le marché mondial ? - Y. B. : Nous avons constaté, lors dune réunion des Directeurs généraux de Hamptons International, que dautres pays ont connu une «petite» reprise. Il faut donc noter quil commence à y avoir des signes positifs au niveau du marché mondial de limmobilier. On ne peut pas savancer et parler de reprise, ce serait trop prématuré. Mais, il est important de souligner que sur certains marchés, il y a des signes de reprise. - F. N. H. : Quels sont ces marchés ? - Y. B. : Des marchés comme lItalie par exemple. Au Maroc, lors du Salon Sakane Expo, nous avons fait une bonne opération. Nous avons également été, le même week-end, au Twin Center pour la promotion du projet dAsilah Marina Golf et avons eu un excellent feed-back. Jai limpression que depuis un mois, je ne sais pas comment mes confrères perçoivent la chose; il y a les prémices dune reprise. - F. N. H. : Sagit-il de prémices dune reprise interne ou externe de la demande ? - Y. B. : Il sagit des deux. Les deux exemples que je vous ai cités nous ont démontré une certaine reprise. Durant le Salon, il y avait un mélange des deux, tandis que sur le projet dAsilah, la demande est exclusivement marocaine. Nous avons récemment reçu des visites de clients italiens, pour vous dire quon sent la reprise. La question quil faut se poser est : est-ce que ces signes positifs vont se traduire par une réelle reprise du secteur immobilier ? Ou, est-ce quon ne va pas accuser, avec le délai du cycle économique, le contrecoup de la crise en Europe ? - F. N. H. : Mais navez-vous pas déjà ressenti un ralentissement de la demande étrangère ? - Y. B. : Bien évidemment. Nous sortons dune période très difficile. Nous avons vécu, depuis le mois de novembre 2008, jusquà mi-mars 2009, une période extrêmement difficile au niveau de la demande internationale et même au niveau de la demande marocaine. Mais là, nous sommes enthousiastes et nous espérons que ça va être une tendance à la reprise. - F. N. H. : Est-ce que la correction des prix de limmobilier a pu relancer la demande, notamment sur des villes comme Marrakech ? - Y. B. : Cest sûr quil y a eu des corrections des marchés, comme par exemple la ville de Marrakech; ça tout le monde le sait. Maintenant, la problématique réside aussi dans le fait que certains développeurs nont pas pu entreprendre cette correction des prix ou essayent de tenir pour ne pas la faire dans la mesure où ils ont une contrainte de profitabilité et de business plan. Dun autre côté, les clients potentiels, eux aussi, étaient dans cette attitude dattentisme aux évolutions du marché et notamment des corrections des prix à la baisse. Ce qui a généré une situation assez tendue quon peut assimiler à un bras de fer. Cest pourquoi durant les premiers mois de cette année au Maroc, on a ressenti une sorte de ralentissement de la demande interne expliquée par cet attentisme de la part des clients. Maintenant, la situation commence à se détendre dans la mesure où certains développeurs ont intégré cette donne dans leur Pricing en opérant dans le lancement de nouveaux produits des prix plus compétitifs. Donc, il y a eu un assainissement qui ne peut être que bénéfique pour le marché parce que les prix opérés nétaient pas en adéquation avec le marché. Et puis, il y a un autre phénomène très intéressant provoqué par cette crise quest la réorientation de loffre vers des produits plus destinés à la classe moyenne et à lhabitat intermédiaire. En effet, le marché du haut standing ayant été touché par la crise, le secteur sest dirigé vers cette niche quest la demande interne de la classe moyenne, laquelle a constitué une réelle soupape pour amortir le choc de la crise. Et cest une bonne chose, parce que le marché marocain, même sil est petit du point de vue de ses fondamentaux, reste le marché principal qui soutient le secteur de limmobilier. Et cette crise a eu le mérite de rappeler aux promoteurs et développeurs quil ne faut pas faire limpasse sur ce pilier. Ainsi, même si certains développeurs étaient historiquement orientés vers le haut standing, ils ont dû diversifier leur offre. Et à mon sens, il nexiste plus de développeurs qui ne fassent que le haut standing. Dailleurs, la crise a démontré quil ne fallait pas mettre tous ses ufs dans un seul panier. Mais le Maroc a tout de même bien tiré son épingle du jeu, puisque sur certains marchés, notamment certains pays du Golfe, le secteur immobilier a fait un frein sec ! - F. N. H. : En tant que conseiller en immobilier, pensez-vous que cest le moment dacheter ou pas un bien immobilier ? - Y. B. : Absolument. Cest un excellent moment pour acheter pour la simple raison quavec les révisions, le prix de limmobilier ne sera plus révisé à la baisse. Les biens immobiliers ont atteint leur prix plancher et, plus on attend, plus on risque de ne pas trouver la bonne offre et le bon produit. Et puis, si la reprise actuelle se confirme, les prix reprendront à la hausse. Et cest le jeu de loffre et de la demande qui reprendra. Et ce dautant plus que si le marché international reprenait, les prix reprendront rapidement. Autant dire que cest le moment de profiter des purges qui ont eu lieu au Maroc, notamment à Marrakech où les prix ont baissé de 20 à 30 % sur beaucoup de projets. Il ne faut pas oublier que tout le Maroc est en mode start-up dans la mesure où le pays est sur une courbe ascendante à long terme. Certes, il y a eu une correction liée à la crise, mais cette dernière ne va pas durer. - F. N. H. : Combien de temps faut-il encore attendre pour savoir si les signaux positifs de reprise vont se traduire par une vraie reprise du secteur immobilier ? - Y. B. : Il est difficile de se prononcer actuellement, certes, mais je pense quon saura dans les deux à trois prochains mois sil sagit dune vraie reprise. - F. N. H. : Peut-on prendre comme indicateurs de reprise le fait que certains groupes immobiliers se lancent dans le haut standing, bien que ce dernier ait essuyé un sérieux revers durant cette crise ? - Y. B. : Je pense que la décision de ces groupes de se lancer dans le haut standing a été prise dans les meilleures conditions du marché. Mais, je pense que nous avons un devoir au Maroc, au-delà de gagner de largent, de maintenir une certaine qualité et une certaine approche dans le développement immobilier. Il faut éviter certains écueils constatés sous dautres cieux, où le surdéveloppement immobilier a dévasté le paysage et le cachet du pays. Ce qui a fait à ce jour du Maroc une destination immobilière distinguée, cest quil sest positionné sur un créneau assez haut de gamme. Contrairement à la Tunisie qui sest positionnée sur le bas de gamme. Il ne faut pas, à mon sens, reculer parce que le marché du haut standing a connu une petite inquiétude, qui passera, parce que la demande reprendra et que ces produits connaîtront un grand essor.