* Sil y a crise, elle sera passagère et la reprise sera au rendez-vous. * Au meilleur des cas, les transferts des MRE atteindront 61 milliards de DH en 2030, au pire, ils seront de 22 milliards de DH. * Le Maroc doit sortir de linstantanéité et prévoir un plan daction global dédié aux MRE . Quelles perspectives pour les MRE dans ce contexte de crise mondiale ? Cest la question à laquelle le Centre Links a cherché à fournir une réponse en organisant une table-ronde sur ce thème. Animée par Mohamed Berrada, le président du Centre et Mohamed Belqziz, le Directeur général adjoint de la BCP, cette rencontre a permis de tracer lhistorique de linstallation de cette diaspora nationale à létranger et sa contribution au développement du pays. Il faut noter dans ce sens une date précise, lannée 1969 où le change, peu organisé à lépoque, avait atteint 120 millions de DH. Cest alors que les autorités avaient décidé dorganiser la chose. La BP, qui était à lépoque pratiquement en faillite, placera ses agents au niveau des consulats et ambassades pour organiser les transferts, ce qui va la propulser et la positionner comme première banque de la place. Et à ce jour, les transferts des MRE constituent les 2/3 de son activité. Ce rappel fait, M. Belqziz ajoute que ce nest pas la première crise par laquelle nous passons et certainement pas la dernière, insistant sur limportance de sortir de linstantanéité pour prendre du recul et mettre en place les actions à venir. Et à ce niveau, il faut se retrousser les manches pour suivre les mutations des MRE, leur développement et le degré de leur intégration dans leurs pays daccueil. Des paramètres importants pour évaluer lavenir de cette manne qui, rappelons-le, représente une part importante dans la balance des paiements (15 % à septembre 2008), dans les dépôts bancaires (26 % au 31 décembre 2008) et dans le financement de léconomie nationale (20%). Un apport économique et financier important auquel participent nos 3 millions de MRE, un chiffre approximatif qui ne compte pas les MRE en situation illégale, dont plus de la moitié est concentrée en Europe et plus particulièrement en France laquelle compte 360.000 MRE actifs. Pour établir les perspectives et les scénarios de lévolution des transferts des MRE à travers le comportement de ces derniers, la BCP a mené une étude en France auprès de 1.100 MRE de la deuxième génération, âgés entre 25 et 40 ans. Cette étude classe les MRE en cinq catégories : les biculturels (58,2%), les mutants qui sintègrent à leur pays daccueil (15,5 %), les conservateurs qui sont Marocains avant tout (10 %), les assimilés qui se sentent européens avant tout (8,1 %) et les fragiles qui narrivent pas à se situer (8%). À la lumière de cette étude, la BCP a établi des projections à lhorizon 2030 des transferts des MRE. Le scénario le plus optimiste les évalue à quelque 61 milliards de DH si la reprise se fait assez rapidement après cette crise conjoncturelle. Le scénario médian les fixe à 46 milliards de DH et le pessimiste à 22 milliards de DH. Bien évidemment Mohamed Belqziz nest pas adepte de lattentisme puisquil ne faut pas rester les bras croisés à attendre 2030, mais plutôt réagir en réduisant le coût des transferts pour encourager les MRE et les orienter vers les canaux bancaires. Il déplore dailleurs que les produits proposés aux MRE restent très classiques doù limportance de créer des véhicules dédiés à lépargne, au placement et à linvestissement. Il est également urgent de renforcer lappartenance au Maroc auprès des MRE de plus en plus courtisés par leurs pays daccueil.