Après les télécommunications, le secteur des hydrocarbures se prépare à l'ajournement de sa date de libéralisation. Les opérateurs classiques sont, décidément, des durs à cuire. Samir, le raffineur national, invoque des raisons... dont il est le seul à d L'année 2002 sera décisive pour Samir, l'unique raffineur local. Ces cinq années de monopole consenties depuis sa privatisation en juillet 1997 arrivent à terme. Ë partir donc de juillet 2002, la libéralisation deviendrait effective. Seulement, Samir, avec son actionnaire actuel le groupe Saoudo-Suédois Corral (représentant les intérêts de la famille Royale Saoudienne), semble se plaire dans son cadre protégé. Des discussions sont en cours avec les autorités de tutelle afin de retarder la date de libéralisation des produits pétroliers. Le raffineur avance l'argument de délais supplémentaires lui permettant de mener à bien son plan d'investissement de 600 Millions de dollars devant être opérationnel à partir de fin 2004. La signature de l'accord pour la réalisation des études d'ingénierie relatives à l'ensemble des unités et installations techniques faisant l'objet de son programme de développement du raffinage vient d'être conclue. Le 15 mai 2001, la société Foster Wheeler UK a été retenue par appel d'offres international. D'une durée de 15 mois, la mission de la société retenue est d'assister Samir pour la définition technique détaillée du projet comportant le choix des procédés, la sélection des bailleurs de licences, le dimensionnement et les spécifications des équipements, l'établissement des standards de construction... Les délais nécessaires à l'aboutissement de cet ambitieux programme d'investissement est de quatre ans. La société d'ingénierie devant réaliser la construction des nouvelles unités, prévues pour 2004, sera retenue par appel d'offres. Dans l'état actuel des choses, le timing serait vraisemblablement dépassé. De plus, en matière de protection de l'environnement, deux unités spécialisées dans la désulfurisation sont également prévues. La Samir s'est fixée pour objectif la réduction progressive de la teneur en soufre dans le gasoil, de 1% actuellement, à 0,5% en trois ans, et 0,05% dans cinq ans. Un centre de récupération du soufre est également programmé. Avec une production de 80.000 tonnes annuellement, on trouvera facilement une alternative sur le marché intérieur. Seulement, une question reste posée : Pourquoi la SAMIR, une fois privatisée, n'a-t-elle pas mis en place des unités appropriées de lavage des gaz pour arrêter l'émission de soufre sous toutes ses formes? Les retards sont donc sur tous les fronts. Cependant, un autre argument (alibi ?) est invoqué pour demander le report de la libéralisation. La menace algérienne En effet, lors de ses discussions avec les pouvoirs publics, la Samir a sollicité un temps supplémentaire afin de mettre à niveau ses outils; sinon, l'unique bénéficiaire de la libéralisation serait le voisin algérien... Un nom qu'il suffit d'évoquer par ces temps d'incertitudes pour obtenir gain de cause. Faux ! rétorque un spécialiste du pétrole. L'argument algérien n'est invoqué que pour justifier le retard pris par la Samir. Tout d'abord, des investissements sont nécessaires de la part des distributeurs (Mobil, Shell,...) afin de transporter la matière première. En l'état actuel, en l'absence de pipe, les seuls ports habilités à recevoir des approvisionnements externes sont la propriété de la Samir. Les ports de Mohammedia, Tanger et Nador sont aux mains de l'actuel maître des lieux. De plus, outre sa coïncidence avec le démantèlement douanier, la date de libéralisation du secteur représente la fin du système d'indexation ainsi que du cadre réglementaire. Or, à date d'aujourd'hui, aucune tendance des nouveaux régimes n'a été esquissée. Donc, en l'absence du cadre réglementaire, aucune ouverture sur l'extérieur n'est permise. Par cette nouvelle mésaventure, une chose est désormais sûre : la mondialisation n'est pas pensée en totalité. La visibilité et l'approche globale ne sont pas le fort de nos décideurs... En tout cas, c'est trop demander à l'équipe en place ! Encart : Le programme d'investissement Samir Présenté comme la composante principale du plan décennal de la Samir, ce programme d'investissement prévoit huit nouvelles unités : - Unités Preflash pour l'extension de la capacité de distillation atmosphérique N¡3 (2000 Ktonne/an) - Unité de distillation sous-vide (2389 Ktonne/an) - Hydrocraqueur (1726 Ktonne/an) - Viscoréducteur (1336 Ktonne/an) - Unité Merox Kérosène (277 Ktonne/an) - Hydrotraitement de Gasoil (1359 Ktonne/an) - Unité de production d'hydrogène (49 Ktonne/an) - Unité de production de soufre (80 Ktonne/an)