* Depuis que le code des assurances a reconnu officiellement la bancassurance, les banquiers ont fait main basse sur ce créneau. l Les opérations de concentration, qui ont marqué le microcosme financier et qui se sont traduites par des adossements des assurances aux banques, ont eu un effet de levier sur la bancassurance. l En 2007, le chiffre de la bancassurance frise les 4 Mds de DH. Avec le même taux de croissance quen 2007, soit 41%, la bancassurance produira 5,6 Mds de DH en 2008. Lactivité de la bancassurance a été exercée dans une parfaite illégalité depuis 1980, date à laquelle elle a fait son apparition au Maroc à linitiative de la BMCI et de la Banque Populaire. Elle sest par la suite considérablement développée et a permis de drainer un chiffre daffaires de 1,8 Md de DH en 2002. En vue de mettre un terme à cette illégalité, le Code des assurances a officiellement reconnu la bancassurance, délimitant, par là même, son champ dintervention. Néanmoins, comme le précise Jérôme Kullman, Directeur de lInstitut des Assurances de Paris, «il y a de plus en plus de dilution entre les contrats dassurance et ceux bancaires». Autrement dit, la frontière entre les deux est pratiquement invisible, ce qui crée une certaine confusion au niveau des citoyens. De toute évidence, les banquiers semblent avoir fait main basse sur lassurance et cest ce qui inquiète les agents. Les modèles de développement de la bancassurance suivis au Maroc varient entre les accords de distribution comme BP/CNIA, les joint ventures comme Attijari/Wafa et la stratégie de groupe comme BMCE Bank/ RMA Watanya. En 2007, le chiffre de la bancassurance se situait à près de 4 Mds de DH. Avec le même taux de croissance quen 2007, soit 41%, la bancassurance produira en 2008 le même chiffre que les intermédiaires, cest-à-dire 5,6 Mds de DH. En matière dassurance de personnes, la bancassurance ne concerne pas seulement les contrats dassurance liés à des produits bancaires (contrats emprunteurs ou connexes), mais des contrats dassurance de personnes non liés à des produits bancaires (ou annexes). Lessor quaffiche aujourdhui la bancassurance nest pas le fruit du hasard, mais résulte de la conjugaison dun ensemble déléments. Tout dabord, les banques disposent dun réseau denviron 3.000 agences dédiées à la vente de lassurance. Ce réseau ne cessera bien entendu de se développer. En Espagne, en 2003, on comptait 34.000 agences pour une population de 40 millions dhabitants, soit une agence pour 1.156 personnes, contre une agence pour 10.000 habitants au Maroc. Limplantation dense et structurée de ce réseau est un élément de premier ordre qui sous-tend le succès de la bancassurance. Les opérations de concentrations, qui ont marqué le microcosme financier et qui se sont traduites par des adossements des assurances aux banques, ont eu un effet de levier sur la bancassurance. Quid des avantages ? Les avantages quoffre la bancassurance expliquent en partie son succès. Il est évident quun nombre aussi important de points de vente, apportant aux clients proximité géographique et humaine, facilite les rencontres entre banquiers et consommateurs et permet par conséquent daccroître les chances de vente. «La proximité avec le client est une force quil ne faut pas sous-estimer. Cest le facteur fondamental de la mise en place de la relation et donc de la confiance et de la fidélité, sans oublier que les employés des agences bancaires sont motivés par les commissions quils perçoivent à titre personnel», explique un opérateur. Les Marocains sont attachés à la relation physique avec leur banquier, contrairement à dautres pays. De leur côté, les compagnies dassurance ont pu, grâce à cet adossement, varier leur mode de distribution afin déviter une dépendance trop grande à légard du réseau traditionnel. Elles ont également eu lavantage de réduire les coûts de distribution par rapport aux frais inhérents aux agents traditionnels. En outre, les coûts de distribution étant réduits, le client peut bénéficier des produits dassurance à des prix intéressants. Les modes de règlement des primes sont simplifiés puisque celles-ci sont fractionnées et directement prélevées sur le compte bancaire. On peut ainsi en déduire que le client de la bancassurance se procure des produits pas chers, avec un paiement souvent fractionné par mensualités et avec une accessibilité aisée puisque le réseau bancaire est plus dense que celui des intermédiaires. Bien quelle présente des avantages, la bancassurance ne demeure pas exempte de vices. La plupart du temps, les banques pratiquent la vente croisée et forcée. Ce qui veut dire : pas de crédit si on ne souscrit pas lassurance. La souscription dune assurance entre dans un package et le client ne peut donc y échapper. Il faut aussi souligner le fait quaucun choix de compagnie nest laissé au gré du client. Cette attitude des banques nest pas neutre au regard de leurs obligations et de leurs responsabilités. Car la banque est tenue de fournir au client toutes les explications utiles pour lui permettre de saisir la portée des garanties et des exclusions de risques. Elle est tenue de linformer le client des possibilités de résiliation du contrat en attirant spécialement son attention sur les délais de préavis. Cette mission se rattache à lobligation dassistance, de conseil et dinformation qui est absente dans la pratique de la bancassurance. A ce titre, un courtier dassurance remarque : «Plusieurs fautes professionnelles restent sans suite car la banque nest pas considérée comme un professionnel responsable mais comme un simple distributeur non responsable». Aussi, dans un avenir proche, est-il fort probable dentendre parler au Maroc, comme sous dautres cieux, dassur-banque. Il sagit de compagnies dassurance ayant des activités (compte, carte bancaire et même crédit) destinées à leurs assurés. Un moyen de contre-attaquer les banques qui se sont bien positionnées en matière dassurance.