* Le Groupe présidé par Mohammed El Kettani récupère cinq filiales du Crédit Agricole en Afrique subsaharienne. * AWB aurait également acquis la BIA, au Niger. Les filiales en Afrique subsaharienne du Crédit Agricole reviennent à Attijariwafa bank. Une entente trouvée après moult calculs dépicier et un marchandage serré. Comme nous lécrivions dans notre précédente édition, Attijariwafa bank était en lice pour la reprise de six filiales du Groupe français, notamment au Cameroun, Congo, Côte dIvoire, Gabon, Sénégal et Madagascar. Finalement, selon le communiqué rendu public mardi dernier, le groupe présidé par Mohamed El Kettani a acquis Crédit du Congo (81% du capital), Société Ivoirienne de Banque (51% du capital), Société Camerounaise de Banque (65% du capital), Union Gabonaise de Banque (59% du capital) et Crédit du Sénégal (95% du capital) pour un montant global de 250 millions deuros, soit 2,8 milliards de DH. Le montage financier retenu dans le cadre de cette opération résout, parallèlement, la délicate question relative à la présence dAttijariwafa bank dans le tour de table du Crédit du Maroc. En effet, Crédit Agricole SA renforce davantage sa participation dans sa filiale en acquérant 24% supplémentaires du capital du CDM détenus par Wafa Assurance pour un montant de 144 millions deuros (1,6 Md de DH), portant ainsi sa participation à 77%. En outre, Sofinco, filiale à 100% du Crédit Agricole, renforce sa présence dans le tour de table de Wafasalaf en prenant 15% du capital pour 71 millions deuros (0,8 Md de DH), portant ainsi sa participation à 49%. «La finalisation de cette opération est soumise à lobtention des autorisations nécessaires de la part des autorités compétentes et devrait intervenir au cours du second trimestre 2009», précise le communiqué. Fin du feuilleton Ce reclassement de participations met un terme définitif à un long feuilleton financier entre AWB et CDM, et qui aura, durant de nombreuses années, suscité polémiques et controverses. Une issue qui est pour le moins heureuse pour les deux parties quand on sait que cette participation quAWB traînait comme un boulet était davantage assimilée à un placement en ce quelle ne lui conférait aucun pouvoir de contrôle sur CDM. Ce dernier, quant à lui, se débarrasse dune douloureuse épine sous le pied, après une longue période dincertitude sur un éventuel retrait de sa maison-mère au profit dAWB. A lévidence, au vu de ce scénario, il nest pas faux de dire que le CA tient à sa filiale marocaine comme à la prunelle de ses yeux. A juste titre dailleurs, car CDM est une banque rentable qui a dégagé, au terme du premier semestre 2008, un total bilan consolidé de 35,4 Mds de DH, en hausse de 25,6% par rapport à la même période de lexercice précédent, un PNB de 802,5 MDH (+12,2%) et un résultat net part du groupe qui a fait un bond exceptionnel de 43,5% à 248,9 MDH. Georges Pauget, Directeur général de Crédit Agricole S.A., ne dit dailleurs pas autre chose. Selon lui, «( ) compte tenu du potentiel de développement du Maroc, nous avons souhaité conforter nos positions dans ce pays où nous sommes implantés depuis longtemps, dune part, dans les métiers de banque universelle à travers Crédit du Maroc qui a pour objectif de figurer dici 2010 parmi les 5 premières banques au Maroc; dautre part, dans le crédit à la consommation avec Wafasalaf, leader au Maroc». Les propos tenus par Jean-Frédéric de Leusse, DG délégué du CA, lors du point de presse donné hier au siège dAWB, vont dans le même sens : «nous avons investi au Maroc dans un contexte de crise internationale; ce qui prouve les ambitions que nous avons dans ce pays et pour le développement du CDM». Lenvol dAWB De toute évidence, avec cette acquisition, Attijariwafa bank prend une belle option dans sa conquête du marché africain en faisant dune pierre cinq coups. Cela, après avoir officialisé, la semaine dernière, lacquisition de 51% du capital de la Banque Internationale du Mali (BIM) cédés par lEtat malien au terme dun appel doffres international. Ce que soutient Kettani pour qui «lacquisition dun réseau de 5 banques, qui représente plus de 1.350 employés, un PNB 2007 de 1,3 Md de DH et un total bilan 2007 denviron 15,8 Mds de DH, vient compléter son dispositif dores et déjà déployé en Tunisie à travers sa filiale Attijari bank Tunisie, cinquième banque du pays (8% de parts de marché et 110 agences), au Sénégal à travers ses deux filiales en cours de fusion Attijari bank Sénégal et CBAO, lensemble constituant la première banque du pays (29% de parts de marché et 49 agences) et au Mali à travers sa filiale BIM, deuxième banque malienne (15% de parts de marché et 55 agences)». Parallèlement, précise-t-il, «ce nouveau redéploiement à linternational permettra doffrir un dispositif bancaire solide aux entrepreneurs marocains notamment, en les accompagnant et en sécurisant leurs transactions». Et à en croire nos satellites, la croisade africaine dAWB ne serait pas encore terminée. En effet, le premier groupe bancaire et financier du Maghreb et septième au niveau africain aurait mené des négociations sur plusieurs fronts, puisquil viendrait de mettre un pied au Niger en acquérant la BIA (Banque internationale pour lAfrique au Niger). Une banque qui a terminé lexercice 2006 avec un total bilan de 69,46 milliards de FCFA (1 DH = 65 FCFA), en hausse de 6% par rapport à 2005, un PNB de 5,9 milliards (+11,2%) et un résultat net déficitaire de 1,45 milliard.