* Le non recrutement des diplômés munis de lettres de nomination royale au sein du secteur public, semble toujours dactualité. * La logique budgétaire a pesé de tout son poids pour empêcher lexécution des décisions royales concernant le cas des diplômés. * Une fin heureuse pour tous les détenteurs de lettres royales est promise avant la fin de lannée. Finances News Hebdo : Quel est le degré de la valeur juridique des nominations décidées en faveur des diplômés chômeurs ? Aziz Chahir : Je crois que les dernières nominations décidées par le gouvernement en faveur des diplômés chômeurs ont une valeur juridique de première importance vu quelles émanent du pouvoir exécutif constitutionnellement considéré comme lautorité principale qui diligente lAdministration publique. Celle-ci devrait donc se mobiliser pour exécuter les décisions gouvernementales. Cependant, il est probable que ces décisions ne soient pas exécutées à en juger par le nombre de diplômés qui ont déjà bénéficié de lettres de nomination et qui se trouvent encore en situation de chômage. F.N.H. : Les Administrations publiques sont-elles obligées de recruter tous les profils qui se présentent à elles munis de lettres de nomination ? A.C. : Sur un plan strictement juridique, je crois que lAdministration est tenue dembaucher tous les profils munis de lettres de nomination. Même sil nexiste aucune loi qui oblige, expressément, les responsables administratifs à se soumettre aux décisions gouvernementales. Tout dépendrait donc du pouvoir discrétionnaire des élites administratives à juger de lacceptabilité ou non des profils et ce en fonction des postes budgétaires disponibles et des besoins en ressources humaines notamment. Dun autre côté, faut-il le souligner, les Administrations publiques feraient lobjet de certaines pressions politiques pour favoriser le recrutement de telle ou telle catégorie de diplômés compte tenu notamment de lintensité des contestations, des intérêts en jeu et du contexte politique environnant. F.N.H. : Quen est-il du cas particulier des diplômés chômeurs détenteurs de «lettres royales» ? A.C. : Je crois que le dossier des diplômés chômeurs détenteurs de recommandations royales écrites a été réglé par les autorités publiques. Vraisemblablement, ces dernières auraient obtenu des postes dans lAdministration dans le but de préserver la crédibilité des promesses données par le Souverain. Pour parvenir à leurs fins, ces diplômés ont radicalisé leur action menaçant parfois les autorités de recourir au suicide. On a tous en mémoire le souvenir de décembre 2005 lorsquun groupe de chômeurs munis de «lettres royales» ont tenté de se brûler vifs. On pourrait voir dans cet acte les germes dune radicalisation du comportement politique des jeunes diplômés qui sapparenterait à celle dextrémistes religieux. F.N.H. : Enfin, quelles sont les voies de recours qui sont offertes aux diplômés qui se voient refuser le droit au travail ? A.C. : Je crois que dun point de vue éthique, lEtat est responsable devant les citoyens davoir failli à lune de ses missions régaliennes, à savoir assurer aux diplômés le droit au travail. Dailleurs, la paix sociale est intrinsèquement liée au respect des droits fondamentaux des individus. Dun point de vue juridique, je crois que les diplômés chômeurs, munis de lettres de nomination qui se voient refuser le droit au travail, disposent du recours judiciaire devant les tribunaux administratifs. A mon avis, ils auraient ainsi le droit de poursuivre lAdministration publique et partant, lEtat pour avoir ignoré lautorité juridique des décisions prises par le pouvoir exécutif. Mais vu la complexité des procédures et surtout les frais onéreux du recours administratif, il semblerait normal que les diplômés chômeurs préfèrent recourir à la protestation quils jugent dailleurs plus efficiente pour faire parvenir leurs demandes.