* La Loi de Finances 2008 a apporté beaucoup de nouveautés au niveau de la fiscalité boursière. Des nouveautés qui nont pas été très bien accueillies au sein de la sphère financière. * Le projet de Loi de Finances 2009 devrait corriger, en principe, les incohérences de lannée 2008. * Les deux mesures-phares attendues : la suppression du différentiel entre les taux applicables aux actions (15%) et aux OPCVM actions (20%), ainsi que le rétablissement du régime dérogatoire applicables aux zinzins. Cest mercredi 22 octobre que le ministre de lEconomie et des Finances, Salaheddine Mezouar, a présenté le projet de Loi de Finances au Parlement, après avoir eu laval du Roi, lors du Conseil des ministres tenu lundi au palais royal, à Casablanca. La communauté boursière nourrit beaucoup despoir sur ce projet de loi qui devra, on lespère, corriger les loupés de lannée 2008. Des loupés qui ont fait, rappelons-le, beaucoup de mécontents, quils soient investisseurs particuliers, institutionnels, banques, intermédiaires boursiers ou gestionnaires dactifs. La Loi de Finances 2008 a, en effet, apporté plusieurs changements en matière de fiscalité boursière. Des changements jugés irrationnels par les professionnels du marché. Outre le relèvement de la taxe sur la plus-value des valeurs mobilières de 10 à 15%, que largentier de lEtat a justifié par «la volonté de rééquilibrer la charge fiscale pesant sur les différentes catégories de revenus soumises à lIR», les opérateurs dénoncent aujourdhui le fait dimposer les profits des actions à 15% et ceux des OPCVM investis en actions à 20%... Ils appellent à un retour rapide à la normale. La Commission juridique et fiscale, qui travaille sous la houlette de la CGEM, a déjà exprimé le souhait de voir cette distorsion corrigée et a proposé, lors dune récente réunion tenue avec le patron de la Direction générale des impôts (DGI), Noureddine Bensouda, de ramener le taux dimposition des plus-values sur les cessions des parts dOPCVM actions à 15%. OPCVM : le retour au taux de 15% est acquis «La situation actuelle ne respecte pas lun des principes fondamentaux de la fiscalité, qui est la transparence, et qui veut quun portefeuille soit imposé au même titre que les instruments qui le composent», nous dit cet expert en fiscalité. Mezouar a-t-il été sensible à cela lors de la préparation du projet de Loi de Finances 2009 ? Va-t-il rectifier le tir ? «En principe, oui», nous dit ce député et membre de la Commission parlementaire des Finances. «Cette mesure, qui différencie entre la taxation des actions et celle des OPCVM, est une simple aberration. Cétait juste une omission. Car au départ, on voulait soumettre toutes les classes dactifs à un seul taux dimposition, qui est de 20%. Il y avait eu par la suite un amendement qui a ramené le taux dimposition sur les actions à 15%. Dans la hâte de boucler la Loi de Finances, on a omis de réajuster également le taux dimpôt applicable aux OPCVM actions», martèle-t-il. Cest dire que la surtaxation des OPCVM nétait pas faite à dessein et que cétait un simple oubli, que les services du ministère des Finances devront rattraper cette année. Sauf nouvel oubli ! Mais il ny a pas que ça. Les professionnels de la gestion dactifs ne se contenteront pas dun simple retour à la normale ; ils évoquent dautres incohérences dans le régime fiscal applicable aux OPCVM. «Ramener la taxe sur les OPCVM actions à 15% est aujourdhui un acquis. On devra maintenant travailler pour que la taxe sur les autres catégories dOPCVM (obligataires, monétaires et diversifiés) soit également revue à la baisse, car il est anormal que ces instruments dépargne soient taxés au même niveau que les profits immobiliers», nous dit ce patron dune société de gestion de la place. Linvestissement dans limmobilier na, en effet, ni la même logique ni les mêmes caractéristiques que celles dans les OPCVM. «Si lon taxe les profits immobiliers à 20% pour ne pas encourager la spéculation, les OPCVM se veulent des instruments de placement à long terme et doivent être avantagés fiscalement pour encourager lépargne. Même en ce qui concerne limmobilier, les plus-values de cession sont exonérées dimpôt si la durée de possession de limmeuble dépasse huit ans. Pour les OPCVM, aucune exonération fiscale nexiste», déplore ce patron. Les zinzins appellent au retour de lexonération Autre mesure vivement attendue par les opérateurs du marché : le retour du système dérogatoire des plus-values sur cession des titres de participation, applicable aux investisseurs institutionnels. Les professionnels du secteur des assurances y ont mis, faut-il le dire, toute la pression quil faut et ont fait part de cette requête à la DGI, à maintes reprises. Lobjectif étant de réinstaurer le schéma des abattements sur les plus-values issues de la cession des valeurs mobilières, à savoir 25 et 50% en fonction de la durée de détention des titres. Autrement dit, nos zinzins souhaitent que les gains réalisés en Bourse soient taxés de moins en moins au fur et à mesure que la durée de leur placement sera longue. «Le retour à labattement serait de nature à encourager la détention des titres pour une longue durée, contrairement aux opérations de spéculation qui restent imposables au taux de droit commun», explique-t-on auprès des assureurs. La suppression du régime dérogatoire a, en effet, causé beaucoup de tort au marché boursier en 2008. En ce sens que beaucoup dinvestisseurs institutionnels se sont transformés du jour au lendemain en «day trader», enflammant ainsi le marché, qui est devenu trop volatil ces derniers mois. «Si on ne rétablit pas le régime dérogatoire qui incite à linvestissement long, il ne faudra pas sattendre à ce que les zinzins jouent leur rôle de faiseur du marché. Lavantage fiscal qui les encourageait à détenir les titres sur une longue durée nest plus. Du coup, ils ont beaucoup plus intérêt à spéculer au quotidien que de pousser le marché vers une tendance de fond», nous dit ce trader. Argument recevable. Mezouar a-t-il tenu compte de ces doléances ? Pour linstant, rien ne filtre quant au rétablissement de lexonération Du moment que les détails du projet de Loi de Finances nont pas encore été rendus publics. À suivre. p