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Entretien avec Mohamed Darif : «Il faut séparer les Habous des Affaires islamiques»
Publié dans Finances news le 09 - 10 - 2008

* Le religieux a toujours la mainmise sur le fonctionnement des Habous.
* Le point avec le politologue Mohamed Darif.
Finances News Hebdo : Dans le cadre de la réforme des champs religieux n’est-il pas opportun de réformer celui des Habous pour une meilleure gestion et un meilleur rendement de ce secteur?
Mohamed Darif : Au Maroc, nous avons un ministère qui est composé du département des Habous et celui des Affaires islamiques. Les recettes des Habous servent à financer les programmes religieux. Depuis un certain temps des voix s’élèvent pour prôner une séparation des deux départements et créer un organe indépendant des Habous alors que le ministère s’occupe uniquement des Affaires islamiques. La modernisation ne doit pas toucher les principes de base du «wakf» mais plutôt les mécanismes de fonctionnement et de gestion. Il est question de les rendre plus rigoureux, plus transparents avec des objectifs de rendement et de résultat. La stratégie du ministère a fait que le religieux a la mainmise sur les Habous et c’est là où il y a risque de dérapage. Le ministère peut faire des concessions de terres ou de biens à des prix symboliques. On a vu çà avec l’affaire Majidi concernant des terres Habous à Taroudant.
F. N. H. : Mais le rendement du patrimoine des Habous, surtout en ce qui concernce les locations, reste largement en deçà de ce qui existe sur le marché … ?
M. D. : Le rendement est faible car l’objectif du «wakf» n’est pas le profit mais plutôt le financement d’un programme religieux. La séparation entre les Affaires religieuses et les Habous permettra plus de visibilité. Le ministre est toujours issu des milieux religieux. Il n’a de ce fait aucune connaissance ni expérience en matière de gestion. Le département des Habous doit avoir un management digne d’une grande entreprise publique, des ressources humaines parfaitement qualifiées et des profils qui peuvent donner les objectifs escomptés. Pour moderniser aussi le secteur, il faut s’assurer de la bonne gouvernance d’une structure administrative qui fonctionne de manière rationnelle.
F. N. H. : Dans certains pays islamiques, les plus-values du wakf sont investies, notamment dans des fonds de placement qui respectent la chariaâ; n’est-ce pas là un exemple à méditer pour le cas du Maroc ?
M. D. : Comme je l’ai dit précédemment, l’esprit religieux domine le principe de gestion des Habous. C’est vrai, il y a des fonds islamiques qui investissent dans la Bourse, dans des valeurs dites «halal» ou dans d’autres placements similaires. Cette expérience a connu un véritable succès. Au Maroc, le système a fonctionné pendant des siècles. Il faut une véritable volonté politique pour le changer. L’excédent des Habous peut servir à des investissements qui auront un impact socioéconomique important.


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