* Une Commission regroupant plusieurs départements, des chercheurs et des associations, devrait élaborer les grands axes du projet. * Des mesures dordre économique, social, fiscal et administratif sont au programme. * Le renforcement de la classe sociale permettra daccélérer la transformation de la société. Le renforcement de la classe moyenne devient une priorité nationale. Lintérêt porté à cette couche de la population sexplique par son rôle majeur dans la transformation de la société. Le dernier Conseil de gouvernement sest penché sur la question. Cette décision fait suite aux directives royales décrétées lors du dernier discours du Souverain prononcé à loccasion de la fête du 20 août. Il sagit de trouver les mécanismes qui peuvent renforcer cette classe. Cest la Primature qui se charge du dossier. Mais le Premier ministre a décidé quune Commission se charge de lélaboration des mesures qui doivent être prises. Outre les départements ministériels concernés de plus près comme les Finances, lIntérieur, la Santé et le Commerce et lIndustrie, cette Commission devrait regrouper des acteurs du secteur privé, des chercheurs universitaires et des membres du monde associatif. «Cest un travail densemble qui concerne plusieurs intervenants et à plusieurs niveaux. Il sagit aussi dun programme dont les actions ne peuvent aboutir que dans le long terme», a souligné Youssef Oubouali, professeur universitaire. Mais pourquoi commence-t-on à sintéresser à la classe moyenne ? «Dans les pays développés, la classe moyenne est le moteur de léconomie et de la société du fait quelle représente la majorité de la population. Cest une frange qui participe activement au niveau des recettes fiscales, de la consommation et de lépargne», a indiqué Oubouali. Mais est-ce le cas pour le Maroc ? Un pays qui souffre dinégalités sociales frappantes. Où le système fiscal, malgré ses performances de ces dernières années, narrive pas à instaurer une justice fiscale capable de pérenniser une bonne répartition des richesses. En tout cas, la Commission qui sera désignée devra, dans un premier temps, définir la classe moyenne. Une mission qui nest pas facile vu limportance du secteur informel et la réticence des gens à déclarer leur richesse. Le revenu est vraisemblablement le meilleur indicateur. Mais encore faudrait-il définir à partir de quel niveau on accède à cette classe et à partir de quelle échelle on passe vers la classe supérieure? Il est aussi question de définir les catégories socioprofessionnelles qui devraient constituer cette classe. Durant les années 60 et 70, la plupart des fonctionnaires classés à partir de léchelle 7 figuraient dans cette classe. Leur revenu leur permet de mener à bien leur vie en acquérant leur propre logement et une voiture neuve. Mais les choses ont beaucoup changé, le coût de la vie a sensiblement augmenté durant les deux dernières décennies dépassant en cela lévolution des revenus. Actuellement, même les fonctionnaires classés aux échelles 10, 11 ou hors échelle ont beaucoup de peine à faire face au coût de la vie. La classe moyenne a été longtemps marginalisée. Elle a subi de plein fouet les effets de linstauration du Programme dajustement structurel (PAS) imposé par le FMI et la Banque mondiale. Cette frange de la population a payé un lourd tribut. Dun côté, les salaires sont restés quasi-stagnants. De lautre, elle devrait subir un effort fiscal de plus en plus pénalisant. «Il faut des mesures daccompagnement comme le développement du monde rural, lémancipation de la maîtrise de lurbanisation, la modernisation du système denseignement. Le développement humain est essentiel pour encourager la classe moyenne, laccès facile aux soins, à leau et à lélectricité sont dautres facteurs encourageants», a précisé Oubouali. Mais pour assurer son émancipation, cette classe a besoin de mesures dordre fiscal comme la poursuite de lallègement de limpôt sur le revenu. Une baisse aussi sur les impôts à la consommation permettra dalléger la hausse de lICV. Par ailleurs, laccès au financement et la simplification des procédures permettra à cette couche de la population daméliorer son niveau de vie à travers lacquisition déquipements, de logements ou dinvestissements.