* Mise en place en 2005, la mesure de sauvegarde de lindustrie de carrelage nationale touchera à sa fin en novembre prochain. * Cette branche semble plus que jamais menacée de disparaître face à la rude, et parfois déloyale, concurrence des produits importés. * La fédération chapeautant cette branche dactivité devrait étudier, avec le ministre du Commerce extérieur, la possibilité de prolonger cette clause encore deux ou trois ans. Encore deux mois et prendront fin les mesures de sauvegarde pour les matériaux de construction, notamment lindustrie du carrelage. Ces derniers ont profité pendant 3 ans de la clause de sauvegarde pour se mettre à niveau et faire face à la rude concurrence des produits espagnols et chinois. Passé cette date, la production nationale de carrelage, de céramique et de sanitaire se trouvera exposée à cette concurrence qui mettra en péril et les emplois et les importants investissements du secteur. Comme ce fut le cas pour lindustrie de la robinetterie complètement décimée. Mais une lueur despoir demeure, celle dune rencontre qui réunira le ministre du Commerce extérieur et la Fédération des Industries de Matériaux de Constructibilité), présidée par David Toledano, courant septembre. «Lobjectif de cette rencontre est détudier la possibilité dun prolongement de la mesure de sauvegarde concernant une partie de lindustrie nationale des matériaux de construction, à savoir les produits céramiques, les carreaux et les sanitaires. Vu la masse des importations de ces produits de pays étrangers, il existe un vrai danger pour la production nationale», affirme David Toledano. En effet, les chiffres sont très parlants. Ainsi, les importations de carrelage sont rapidement passées de 1,5 million de m2 à 13 millions en 2004, sur une demande nationale de 40 millions de m2 ; lapplication de la mesure de sauvegarde adoptée en 2005 a permis néanmoins de ralentir les importations. «Nous avions freiné lhémorragie à temps, sinon ces industries auraient subi le même sort que lindustrie de la robinetterie», soutien le Président de la FIMC. Cela dit, les 3 ans nont nullement permis de mettre en place un cadre légal et des normes de qualité et de contrôle des produits, pour assurer une concurrence légale entre produits nationaux et produits importés. Chose que déplore David Toledano. La situation est dautant plus délicate que les principaux pays exportateurs vers le Maroc, à savoir la Chine et lEspagne connaissent une stagnation immobilière. Par conséquent un excédant de production. De même lEspagne que exerce une pression non négligeable sur le Maroc, en agitant la carte des produits agricoles marocains quelle importe. Ce qui annonce des négociations très serrées pour septembre. Et pour se doter dun soutien plus important, la FIMC a associé à son action architectes, promoteurs immobiliers pour les sensibiliser à la baisse des prix et la qualité des produits nationaux. Comme lexplique Toledano, la production nationale, en plus dêtre accessible, répond également aux normes internationales de qualité et de sécurité. Dailleurs, 50 % de cette production sont destinés à lexport, ce qui est en soi un gage de qualité des produits nationaux. «Nous essayons également de trouver des solutions avec les grands donneurs dordre comme Al Omrane. De même que nous voulons aider à la mise en place de normes de qualité et faire en sorte que tous les produits commercialisés répondent aux mêmes critères», poursuit le Président de la FIMC. Cela dit, il faut que le contrôle à nos frontières se fasse comme il se doit pour assurer une concurrence loyale. Cependant, certains déplorent que des produits défaillants finissent par pénétrer le marché profitant du vide sur ce segment. Ce qui explique en grande partie pourquoi les produits importés sont commercialisés à des prix imbattables. Les industriels nationaux espèrent trouver auprès du ministre du Commerce extérieur une bonne écoute et une solution à leur doléance. «La situation est délicate, mais nous essayerons de prolonger la mesure de sauvegarde pour 2 ou 3 ans, le temps damorcer une sérieuse mise à niveau du secteur ainsi que la mise en place dun cadre juridique et des normes à même de permettre une concurrence loyale entre produits nationaux et produits exportés», conclut Toledano. Dans le cas contraire, toute une branche dactivité sera mise en péril donnant lieu à des pertes demplois, dinvestissement et surtout à une perte de lindépendance industrielle du Maroc. Rien quen termes dinvestissement, les industries des matériaux de construction représentent 11 % de linvestissement industriel global. Sans oublier que le Maroc a entamé dimportants chantiers, notamment les projets de logements sociaux. Autant dire que ces projets profitent à lindustrie nationale !