* Une part importante des employés et cadres qui travaillent dans lintérim déplore une exploitation abusive. * Celui qui a une expérience professionnelle de douze mois a plus de chance dobtenir un emploi. Limportance de la branche de lintérim dans le tissu économique national, soit en matière de création demplois, soit en terme de production de richesses, nest plus à démontrer. Voici quelques chiffres pour illustrer ces propos : le nombre des intérimaires déclarés dépasse les 300.000 personnes. En enregistrant une croissance de 20%, le chiffre daffaires global du secteur enregistre plus de 1,2 Md de DH. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Tous nest pas rose. En fait, une part importante des employés et cadres qui travaillent dans lintérim déplore une exploitation abusive. Cest le cas dun cadre intérimaire qui travaille dans une administration publique dans le cadre intérimaire. Titulaire dun diplôme de troisième cycle en droit et dun mastère en comptabilité et gestion à lENCG, ce jeune cadre na pu obtenir un emploi que dans le cadre de lintérim. «Cest lexploitation au vrai sens du terme. Outre le faible salaire qui dépasse à peine 2.000 DH, nous ne sommes payés que le 15 de chaque mois, sachant que lentreprise intermédiaire accorde plus de 4.500 DH. Profitant au maximum du taux élevé du chômage, certains propriétaires dentreprises de travail temporaire ont fait de ce secteur un nouvel Eldorado. Dautre part, plusieurs professionnels du secteur dénoncent la concurrence déloyale. En fait, plus de la moitié des opérateurs ne déclare pas leurs employés à la CNSS et ne paye aucune indemnité aux salariés. Selon Patrick Cohen, le Directeur général de Crit, «nous sommes bloqués par cette durée de 6 mois. En principe, le contrat peut dépasser la durée dune année comme cest le cas en Europe. Par ailleurs, plusieurs branches nécessitent une formation qui peut prendre plusieurs jours. Cest le cas du propriétaire dun laboratoire pharmaceutique qui compte lancer un nouveau produit et qui ne sait pas sil y aura la demande nécessaire pour continuer sa production. Il a fait appel aux intérimaires, sachant quil compte recruter ceux qui vont lui donner satisfaction». Ce dernier affirme que « dans ce cas-là, 6 mois ne sont pas suffisants». En plus, les spécialistes de lemploi considèrent que les investisseurs étrangers prennent en considération le poids de ce secteur pour investir. Le Maroc marque des retards à ce niveau par rapport aux pays de la région comme la Tunisie et les pays de lEurope de lEst dont la durée est de 18 mois. Dans le même sens, Patrick Cohen note que «celui qui a une expérience professionnelle de douze mois a plus de chance dobtenir un emploi». Sagissant du recrutement dans le cadre dun contrat à durée indéterminée, les professionnels assurent que plus de 30% des intérimaires peuvent avoir un emploi stable. Sur un autre registre, celui de la caution à déposer à la CDG, les dirigeants des sociétés de travail temporaire demandent sa transformation en caution bancaire. Le Directeur général du Crit précise qu«il faut que la caution soit proportionnelle au chiffre daffaires, soit 10% du chiffre daffaires des 10 derniers mois». Bref, le travail temporaire joue un rôle incontournable en terme de création demplois et de valeur ajoutée. Cependant, les lacunes enregistrées en matière de réglementation et de contrôle tendent à pénaliser le développement du secteur.