* En moins de dix ans, le meuble en kit a gagné en visibilité au Maroc, démocratisant laccès aux meubles via des services modernes et innovants. * Pour Amine Benkirane, PDG de Kitea, le kit a boosté tout le secteur du meuble, malgré des débuts dificiles. * Un tissu industriel sest créé autour permettant la fabrication locale dune partie des meubles vendus. Créé il y a pratiquement un demi-siècle par l'homme d'affaires suédois Ingvar Kampred, fondateur du célèbre groupe Ikea, le concept du meuble en kit apparaît aujourd'hui comme une donnée incontournable dans l'industrie du meuble domestique, y compris au Maroc. Bien quil nexiste aucune statistique sur la part de cette branche dans le chiffre daffaires du secteur du meuble, il nen demeure pas moins que depuis une décennie, le meuble en kit a créé une petite révolution dans les habitudes marocaines grâce principalement à un prix très attractif et des facilités de financement défiant toute concurrence. En France, le meuble en kit représente désormais un bon quart du chiffre d'affaires de lactivité meuble (40 % même hors sièges et hors literie). Ainsi au Maroc, comme partout ailleurs, le meuble en kit n'est pas qu'un simple meuble à monter soi-même. Il s'agit maintenant d'un véritable produit industriel très pointu nécessitant des investissements importants et des innovations fréquentes. Et les principaux acteurs de cette branche dactivité misent dailleurs sur linnovation pour porter lessor de lactivité. Mais le revers de la médaille est quils subissent les mêmes difficultés que d'autres industries de biens de consommation prises en étau entre les attentes des consommateurs et la pression de la grande distribution. A savoir un produit de qualité, peu cher et à proximité. Cest ainsi quen moins de dix ans les enseignes comme Kitea, Mobilia et Kaoba ont multiplié les franchises et les points de vente pour couvrir au mieux le territoire national. Cest le cas de le dire pour Kitea, leader en la matière, qui déploie un budget important pour étoffer son réseau qui devrait atteindre 30 points de vente avant fin 2010 et 50 points de vente K Shop. Sans oublier le concept Géant qui, pour sa part, devra connaître une expansion dans dautres villes ; Marrakech sera la première à atteindre 8 points de vente Géant dici 2010. Pour son premier Géant, Kitea a investi quelque chose comme 37 millions de DH et 60 millions de DH pour celui de Bouskoura prévu en 2008. Il faut dire que la marque qui est parvenue à sexporter au-delà de nos frontières, tire bien son épingle du jeu avec un chiffre daffaires qui dépasse les 300 MDH. Autant dire que lactivité est porteuse. Il faut reconnaître que les débuts nont pas été aisés. Amine Benkirane, le PDG de Kitea se rappelle encore le lancement de la marque, en 1992-93 : «à lépoque, il ny avait pas de structure de distribution de meubles proprement dite. Il y avait les revendeurs de meubles et quelques distributeurs de grandes enseignes internationales qui nétaient pas accessibles à la classe moyenne. Lidée était de démocratiser laccès aux meubles à cette classe via une distribution moderne. Cest ainsi que nous avons commencé à exporter en grosses séries à des prix très intéressants». Une panoplie de services est proposée aux clients notamment la livraison à domicile, le service après vente et aussi un service de doléances des clients. Mieux encore, des solutions de financement à la clé. Cétait donc Kitea le catalyseur de cette branche dactivité, et ce nest pas pour rien que le leader saccapare entre 25 % et 48 % de PDM comme la démontré une étude récente. Par la suite, dautres enseignes sont nées et la concurrence a suivi. Une concurrence qui boostera tout le marché avec en permanence des offres, des discounts, des promotions, de nouveaux modèles. Le mobilier gagne plus que jamais en visibilité. À tel point que le Maroc a dépassé loffre européenne en matière de services. En effet, si les services de montage et de livraison sont payants en Europe, au Maroc ils sont gratis. «Si vous achetez en France un meuble à 100 euros, il faut compter 50 à 60 euros pour vous le faire livrer et monter. Au Maroc, les frais de livraisons se situent entre 60 et 80 DH en moyenne et chez nous on ne peut demander cette somme à un client. Alors on prend en charge cette partie aussi pour rendre le meuble très accessible», explique Amine Benkirane qui estime que la concurrence dans le secteur le booste. Mais uniquement celui du meuble en kit, quil ne faut pas confondre avec le meuble aggloméré. Cette dynamique sétend bien au-delà. Combien de particuliers se rendent chez un menuisier pour fabriquer un modèle copié sur celui de Kitea, Mobilia ou Kaoba. De même pour lindustrie du matelas. Comme le souligne Amrane Jamal de Lux lits, il existe une complémentarité entre lactivité du meuble en kit et celle du matelas. «Quand ce nest pas les distributeurs qui nous commandent des matelas, ce sont des particuliers qui, après sêtre rendus chez un distributeur de meubles en kit pour y commander une chambre à coucher, viennent acheter le matelas chez nous croyant que cest moins cher», souligne-t-il. Pour lui, plus cette industrie se développe, plus elle tire avec elle les autres composantes du secteur. Un revendeur de meubles à Derb Ghallef nest pourtant pas du même avis. Son chiffre daffaires na pas baissé, bien que beaucoup de ses clients préfèrent sapprovisionner chez les distributeurs modernes de meubles à prix accessibles. «Nous importons des meubles finis ou du bois qui est travaillé localement et le prix dune chambre à coucher démarre à 25.000 DH. Lobstacle qui se pose pour moi est que le client doit régler comptant le prix du meuble, ce qui nest pas une chose évidente étant donné que je travaille dans un circuit qui nest pas huilé», explique-t-il. Sur un autre registre, le meuble en kit a pu développer un vrai tissu industriel autour de lui. Ainsi si lon prend le cas de Kitea, au départ 99 % des meubles vendus étaient importés. Aujourdhui, quelque 25 % des meubles sont fabriqués au Maroc. Le PDG de la marque ne cache pas que cela a demandé des efforts pour inciter les sociétés de fabrication à investir dans les machines afin mettre au point un produit aux mêmes standards que ceux importés. Au départ rien nétait évident ; il y avait un manque de logistique et même aujourdhui, labsence de profils pointus dans les métiers de la distribution persiste encore. «Pour Kitea, il fallait partir de zéro grâce aux managers du groupe qui y ont cru», affirme-t-il. Créateur demplois de services par excellence, le meuble en kit emploie en moyenne entre 20 et 30 personnes par point de vente. Pour les grandes surfaces, il faut compter jusquà 80 personnes.