Sa vie est loin dêtre un fleuve tranquille. Non pas quil ait une vie mouvementée, mais parce quavant quil nait eu le déclic pour la Com, il a passé des années à chercher sa voie avant de bâtir lune des plus grandes agences marocaines de Communication. Mehdi Sebti sest réalisé dans la Communication dont il est devenu une figure emblématique. Eh oui, voilà 14 ans que son agence a vu le jour un mois de janvier 1994. Depuis, elle sest frayé son chemin jusquà acquérir sa réputation actuelle à coups de dur labeur, de sueur, mais surtout grâce aux gens qui y ont cru. Et pourtant lhistoire commence tout autrement pour cet aîné de trois garçons et une fille. Mehdi Sebti est né un 8 mars 1962, à 8h du mat dans la chambre 8 dune clinique. Il faut dire que depuis, le 8 est devenu son chiffre fétiche et puis quoi de mieux que de célébrer son anniversaire le jour même de la Journée mondiale de la femme ? Jeune, il nétait pas si rebelle, pour ne pas dire du tout rebelle, car le déclic se produira beaucoup plus tard. Sage, plutôt gentil, très timide, il nen est pas moins le chef de bande, celle composée de ses frères ou avec ses cousins. Il ne décrochera pas son Baccalauréat au Maroc puisquà partir de la 1ère , il quitte le pays pour le Canada en août 1981, à Montréal où il passe le DEC avant dintégrer lUniversité, la branche économique pendant six mois. Mais cette option ne le séduit pas tellement; il penche donc pour la branche business et gestion sintéresse rapidement à la gestion, et fait une spécialisation en systèmes dinformation. À lépoque, les premiers ordinateurs faisaient leur entrée. Dailleurs, Mehdi Sebti a été le premier étudiant à se connecter à un mainframe pour suivre les TP à partir de chez lui. La gestion informatisée le passionne tellement que lors dune simulation de gestion dentreprise, il arrive à modèliser le système. Son professeur a été scotché. Une fois ses études terminées, Mehdi Sebti décide de revenir au Maroc. «Je navais quune idée : rentrer travailler au Maroc». Il rejoint aussitôt laffaire de son père, industriel textilien. Mais au bout dune année et demie il décide de monter sa propre affaire qui vivote ! Et par un concours de circonstances, lui et certaines de ses connaissances -ils étaient quatre-, décident de créer le premier magazine gratuit au Maroc. Les Alignés, un magazine branché et imprimé sur papier couché à quelques milliers dexemplaires. Cette expérience enrichissante sera lamorce du départ vers le monde de la communication et cela le motivera pour se lancer dans la pub. «Ça commençait à prendre et cest parti comme ça». La suite ? Il embauche un créatif et Boomerang voit le jour en 1994. «Nous étions trois personnes. Les débuts ont été difficiles. Il fallait frapper à toutes les portes et nous avons réussi à la sueur du front». Fin 97, Boomerang est approchée par le réseau Ogilvy & Mather qui décide den faire son partenaire au Maroc pour servir les clients alignés à linternational. Ce qui permet à lagence de parfaire son savoir-faire et de bénéficier dune expérience dun des plus grands réseaux de communication du monde. Lagence poursuit son expansion et décroche plusieurs marchés. En 1999 le staff de lagence est doublé en 2 mois. En 2000, lagence organise le «Tour du Maroc de la Publicité». Lidée était de sillonner quelques villes marocaines pour rencontrer le monde des affaires «régional». Ce fut une expérience enrichissante qui a permis de faire connaître lagence au niveau régional. Depuis Boomerang a grandi et a créé en 2006 sa filiale Piment Rouge, spécialisée dans le marketing opérationnel et les RP. «Dautres filiales seront installées toujours dans le domaine de la communication et jespère accueillir un nouveau bébé dici fin 2008». Parler de Boomerang revient à parler de Mehdi Sebti puisquil y consacre le plus clair de son temps. «Je my donne à 300%. Je suis très monotâche. Quand je me consacre à quelque chose, jy suis à fond». Mais disons que depuis quatre ans, un heureux événement a bousculé un peu sa vie. La naissance de sa fille est un événement très marquant pour lui. Il avait dailleurs pris lhabitude de lui parler avant même sa naissance et la première fois quil la découverte, il lui a dit : «bonjour». Reconnaissant probablement la voix de son père, le bébé a ouvert les yeux, la regardé et lui a souri. «Cétait un moment très fort de ma vie». Papa poule, il se met à quatre pattes pour son petit bout de chou, découvre Barbie en même temps que Dora. Mais au delà de la paternité, le cocon familial est pour lui essentiel. Un havre de paix loin de la jungle de Com. «Je me ressource en famille avec ma femme et ma fille». Fidèle en amitié, il croit néanmoins quil faut respecter les jardins secrets de chacun. «Le boulot est une chose, le cur en est une autre. Mais il faut toujours avoir lhonnêteté intellectuelle; cest ainsi que nous avons gagné la confiance des gens et tissé des relations de confiance dans le milieu». Au-delà du professionnel, Mehdi Sebti est un homme engagé. «Dans ce métier, il faut avoir une dose dengagement. Et si lon nest pas convaincu dune chose, autant ne pas y aller». Cet engagement, il lexprimera dans la campagne de lutte contre le Sida lancée par le ministère de la Santé. À lépoque, afficher un préservatif dans une campagne institutionnelle était plutôt audacieux. Mais lurgence de communiquer clairement sur les moyens de protection exigeait «de casser les codes». Il faut dire toutefois que souvent, avec dautres annonceurs, des idées restent prisonnières des tiroirs . «Quand un annonceur vient nous dire quil cherche une agence créative, nous lui répondons : ça tombe bien, nous cherchons un annonceur qui ose!». Le poids des années ne se lit pourtant pas sur son visage qui a gardé un air juvénile. Mehdi Sebti nest plus cet enfant timide, mais il reste réservé, discret et observateur. Croyant au destin mais aussi au hasard, il estime que les deux doivent êtres titillés. «Il faut des fois provoquer les deux». Si la vie était à refaire en connaissance de cause, il ny changerait pourtant rien, mais réagirait différemment face à certaines situations et en améliorant certaines choses. À la fin de lentretien, la défiance tombe, il esquisse un sourire et reprend son entrain bon enfant à senquérir de lavancement du travail auprès de ses collaborateurs.