«Jai su assez jeune ce que je voulais faire comme métier !», explique demblée Monique Elgrichi, le Directeur général de lagence Mosaïk. Le choix de sa carrière émane dune conjugaison entre hasard, ténacité et son caractère bien trempé ! Extravertie, très sociable, Monique voulait faire un métier qui lui colle. Alors la Com, ce nest pas par pur hasard quelle y arrive. Mais le déclic va réellement se produire pour Monique, alors quelle navait que 14 ans, lors dun voyage au Canada. «La copine dun cousin germain travaillait dans les RP et cest en me parlant un peu de son travail, que lidée a commencé à germer». Au lycée Lyautey où Monique suivait sa scolarité, elle se montre parfois rebelle, un peu décalée. Et elle peut se le permettre parce quelle est brillante élève. Et cest volontairement quelle opte pour la section littéraire. «Jaimais !». En terminale, Monique consulte sa conseillère en orientation afin de lui exposer son choix de carrière. Cette dernière lui propose alors lEFAP à Paris. «Mon père venait de décéder et je ne voulais pas accabler ma mère avec les charges très lourdes de cette école». Heureusement que la conseillère fit preuve de beaucoup de ténacité et procéda à des recherches afin que Monique puisse faire les études dont elle rêvait. «Elle a vraiment bien creusé et ma proposé une nouvelle section IUT qui permettait de faire carrière dans linformation et la communication. Javais le choix entre deux options : journalisme ou communication. Je choisis la deuxième !». Elle part alors en tant que boursière à Toulouse où elle vivra dans une cité universitaire. Elle ne passera pas inaperçue et sortira major de sa promotion. Mais pas uniquement. Elle devient ainsi lune des premières, sinon la première Marocaine à obtenir un diplôme en communication, spécialisée en relations publiques. «Souvent, on assimilait la communication aux télécommunications. Et puis, beaucoup continuent de croire que Com rime avec pub. Or, la Com est un métier qui englobe tout». Durant son cursus, Monique effectuera des stages, notamment au Maroc et plus précisément à la Banque Populaire. «Cétait à lépoque lun des premiers organismes marocains, en plus de Royal Air Maroc, à disposer dun département communication et RP». Après lobtention de son diplôme, Monique pouvait poursuivre ses études, mais lun de ses professeurs lui expliquera que, dans ce domaine, ce ne sont pas les diplômes qui comptent mais lexpérience et le travail de terrain. Elle ne va pas y réfléchir à deux reprises et décide de rentrer au Maroc rejoindre sa mère et son frère. Son mari aussi, puisque peu après son retour, elle décide de faire ses vux, démarrant ainsi sa nouvelle vie de famille, pratiquement en même temps que sa vie professionnelle. De retour au Maroc dans les années 80, Monique recherche des débouchés car il ny avait pas, à lépoque, beaucoup de médias, encore moins dagences de com. «A mon retour au Maroc, il ny avait que 5 grands publicitaires quon appelait le Club des 5. 2M nétait pas encore née et les organes de presse étaient peu nombreux Autant dire des perspectives assez réduites». Mais comme le hasard fait bien les choses, Monique apprend par le biais dune amie que lun de ses clients cherchait à recruter un responsable du département manifestations et parrainages, qui deviendra pas la suite le département sponsoring. «A lépoque, le département communication portait tous les noms sauf celui de Com». En effet, le métier était à ses débuts au Maroc. Monique postule alors auprès des Brasseries et, jackpot, obtient le poste. «Pendant les cinq ans qua duré mon expérience au sein des Brasseries, nous réussîmes à lancer de nouveaux produits dès lors que nous avions plusieurs cartes de boissons comme Sidi Harazem, ou encore Coca-Cola Ainsi, je pratiquais le métier progressivement jusquà élaborer des plans marketing». Cap sur les multinationales : elle décide dintégrer Colgate. Elle est nommée chef de produit et cest une autre aventure avec le lancement de Cadum, un nouveau produit mousse à raser, etc Tombée enceinte de son premier enfant, Monique décide tout de même de prendre une année sabbatique pour se consacrer à la maternité. Son devoir amplement rempli, elle rejoint Warner Lambert en tant que Product Manager et confirme ainsi ses capacités en marketing. «Seulement 20 % de mon travail étaient consacrés à la communication et à la publicité, tandis que les 80 % restants étaient dédiés au marketing. Mais cétait une expérience enrichissante». En effet, Monique a pu suivre, grâce à son employeur qui avait décelé en elle de réelles capacités, des formations de pointe à Londres pour devenir une véritable pro en marketing avec la réalisation de business plans très ambitieux. Après une autre année sabbatique et larrivée plus tard dun petit garçon, Monique, ayant accumulé une expérience chez lannonceur, change de cap après sa rencontre avec Hamid Kadiri, le PDG de lagence Klem. Il la recrute et lui confie dimportants budgets à gérer. Monique expérimente alors la communication de lautre côté de la barrière. Et cest un tournant radical ! En 1993, Monique a un déclic. «Avec le développement économique du pays, le boom de la Bourse et le développement des télécommunications et des médias je métais dit que la communication classique ne saurait, à elle seule, accompagner lessor du pays. Alors jai décidé de créer une agence de communication globale avec lappui et le soutien total de H. Kadiri. Et cest là où jai fait appel à Denis Germain, chacun de nous complétant lautre». Depuis, le tandem na plus changé de méthode. Même dans les recrutements, lagence sest tracée une ligne de conduite : évaluer les compétences des personnes, puis leur donner les moyens datteindre leurs objectifs, sans quelles soient sous-employées ou surstressées. Une agence qui réunit plusieurs profils pour répondre à tous les aspects de la communication, des RP à la réalisation de campagnes publicitaires Bref, tout ce quil faut pour accompagner les annonceurs dans leurs efforts dinvestissement et dinnovation. Il est important de sarrêter ici un moment sur leffort et le temps que cette femme investit pour gérer sa vie professionnelle et familiale. «Jessaye de dissocier les deux ! Et puis, par moment, il faut savoir faire des choix». Bien que très dynamique, sûre delle-même, il nen demeure pas moins que Monique se remet en question tous les jours. «Je ne cesse de répéter à léquipe que dans notre métier, on passe le Bac chaque jour !». Alors, pour faire face à la vie, cette quête qui lentraîne chaque jour dans une course effrénée sur de nouveaux fronts, Monique a opté pour une devise qui la définit bien : «Ma seule devise est quil faut essayer dêtre sérieux sans pour autant se prendre au sérieux. Parce que, dune part, nous avons des responsabilités quil faut assumer et, de lautre, nous avons une vie dont il faut également profiter».