Ces dernières semaines, la Bourse de Casablanca a grouillé de faits anecdotiques et cocasses; à la limite risibles avec un peu de recul, mais graves de par les conséquences quils sont susceptibles dentraîner. En effet, entre lexpédition punitive initiée contre la SNEP et lannulation, in extrémis, de lintroduction en Bourse de GSI Maroc, la place casablancaise est passée de lincompréhension au grand étonnement. Lévénement inédit, qui, sans aucun doute, sera difficile à enterrer dans les trappes de lhistoire de la Bourse, est vraisemblablement la volte-face du Conseil déontologique des valeurs mobilières qui a déclaré GSI persona non grata à la BVC. Une première. Et pour quels motifs ? Lapparition déléments nouveaux qui invalident la note dinformation. Cest tout. On nen saura pas plus. Le fond de la vérité, malgré les supputations avancées à gauche et à droite, on ne le saura certainement jamais. Pourtant, des questions sans réponse, il en existe encore. Pourquoi le gendarme du marché a-t-il validé la note dinformation ? Qui la informé de faits nouveaux pouvant justifier lannulation de lopération ? Y a-t-il eu mensonge par omission dans la note dinformation ? Lémetteur a-t-il réellement fauté ? A quel point la responsabilité de la banque conseil est-elle engagée ? Et celle des commissaires aux comptes ? Enfin, les responsabilités seront-elles définitivement établies ? Autant dinterrogations qui, je doute fort, trouveront réponses un jour. Simplement parce que, de mémoire dhomme, de tous les scandales boursiers qui ont émaillé la place de par le passé, jamais les responsabilités nont été clairement situées. Et pourtant ! Des délits dinitié, il y en a eu. Des transactions douteuses aussi. Mais il est bien facile de se retrancher derrière largutie «cest difficile à prouver» pour laisser le champ libre à tous ces opportunistes qui manipulent le marché selon leur bon vouloir. Sans coupable désigné, il y a toujours une part de flou qui est laissée à lappréciation de lopinion publique, laquelle laisse vaquer son imagination, se livrant à des interprétations souvent fausses (ce qui nest pas de leur faute dailleurs), sans jamais savoir la réalité des faits. La réalité est que nous nous trouvons dans un marché au sein duquel, sous le manteau de la transparence, bien souvent les faits sont travestis par défaut dinformations ou par la diffusion dinformations fallacieuses soigneusement enrobées dans des discours de circonstance pour le moins trop optimistes. Volontairement ? La plupart du temps oui. Sans aucune sanction. Sans aucune conséquence pour les coupables. Sauf pour les pauvres petits porteurs, emmurés dans un silence coupable au sein dune association qui ne vit que par son nom. Question de crédibilité Un analyste dépité me confiait récemment que le marché boursier «est un vrai panier à crabes». A y regarder de plus près, il na pas tort. Entre un gendarme du marché qui, à force de ménager la chèvre et le chou, vend aux enchères sa crédibilité, des sociétés de Bourse qui se livrent une guéguerre lamentable par notes de recherche interposées, ceux qui font et défont le marché à leur guise, des investisseurs étrangers qui prennent la place pour une vache à lait, et des petits porteurs désabusés, cest un truisme daffirmer que le marché boursier est encore loin des standards dont il se prévaut. Cest dommage de le dire, au regard notamment de tout leffort de modernisation qui a été déployé ces dernières années. Comment pourrons- nous, demain, nous étonner que la confiance des investisseurs sentame ? Mais cest comme ça. Nos cris dorfraie ne serviront certainement à rien. Peut-être seulement à attirer lattention des observateurs, lespace dun moment, sur ce qui se passe réellement. Et de laventure avortée de GSI en Bourse, nous retiendrons quand même une chose sur laquelle tout le monde semble saccorder : mieux vaut tard que jamais. Le CDVM a corrigé sa copie, bienheureusement, juste à temps. Ce qui ne lexonère nullement de mieux veiller au fonctionnement du marché boursier. Car on attend du gendarme de ce marché davantage daudace. On attend de lui quil légifère la place au mieux de son intérêt et quil mette fin aux agissements de certains acteurs du marché mus seulement par des intérêts douteux. On attend surtout quil se mette au service de tous ces petits porteurs qui, régulièrement, glapissent dune manière hystérique dans leur petit coin. De la même manière, on attend des analystes davantage dobjectivité et dindépendance. Autrement dit, doivent primer léthique et la déontologie au détriment du mercantilisme outrancier.