* Afrique de lOuest, Maghreb, Afrique Centrale , Attijariwafa bank ne cache pas son appétit de grandir. * Après le rachat de la CBAO, où va-t-elle déposer ses valises ? Attijariwafa bank à la conquête de lAfrique. Cest le moins que lon puisse dire au regard notamment de la renommée internationale quest en train de bâtir la banque présidée par Mohamed Kettani depuis quelques années. Une renommée internationale vraisemblablement bâtie sur du solide et qui puise ses racines des réalisations et des acquis sur le marché national. Car un leader avec des filiales leaders dans leur domaine dactivité respectif semblent constituer des arguments suffisamment motivants pour avoir des prétentions à létranger. Surtout lorsquon na plus grand-chose à prouver sur le plan interne. Dès lors, sur les marchés étrangers, là où Attijariwafa bank pose ses valises pleines de sous, cela pousse évidemment à méditer. A réfléchir. Pas trop cependant. Seulement jusquau moment où lon se donne la peine de découvrir le fond de la valise. Le socle sur lequel repose les billets de banque. Car, à lévidence, toute offre financière dAttijariwafa bank est soigneusement enveloppée dans ce quon appelle communément «un projet structurant». Cela veut dire participer au développement économique du pays où elle prend pied en accompagnant, entre autres, les grands projets de développement. Suffisant pour convaincre ? A lévidence oui. Du moins pour ce que lon sait pour linstant. La Banque du Sud, en Tunisie, naura pas, en effet, résisté à lappétit du groupe de chercher des moteurs de croissance. Elle na pas à en rougir dailleurs. Elle sera suivie, un peu plus tard, de la Banque Sénégalo-Tunisienne, au Sénégal (fusionnée par la suite à Attijariwafa bank Sénégal pour donner Attijari Sénégal), et, tout dernièrement, de la Compagnie Bancaire de lAfrique Occidentale, toujours dans le même pays. Légitime, en ce moment, que la convoitise dAttijariwafa fasse trembler la concurrence, singulièrement en Afrique de lOuest. Au Sénégal en tout cas, elle laisse scotchée sur le starter-block la Société Générale de Banques au Sénégal (SGBS) en devenant leader du marché national. Et mieux encore, de la région, tout en ayant accès au grand marché quest celui de lUnion économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Un leadership que lui confère sa dernière acquisition : 79,15% du capital de la CBAO rachetés au groupe Mimran pour un montant avoisinant les 80 milliards de francs CFA (1 DH = 65 FCFA). Un tour de force réussi ? Probablement. La CBAO ne manque pas, en effet, darguments à faire valoir. Avec un total bilan de 449,3 Mds de FCFA au 30 juin 2007, elle est «la première banque au Sénégal et se situe parmi les deux plus grandes banques de la zone UNEMOA». Et avec un réseau de 34 agences au Sénégal, elle saccapare 22% de parts de marché dans les dépôts et 18% en ce qui concerne les crédits. Lacquisition de la CBAO est, de toute évidence, un investissement stratégique mûrement réfléchi. Le Sénégal devrait servir de tête de pont pour aller à la conquête dautres marchés, comme notamment le Niger où le Groupe aurait des visées assez sérieuses. Les dernières pièces du puzzle sont visiblement en train dêtre mises en place pour permettre à Attijariwafa bank dêtre lacteur de référence et le leader bancaire dans la zone UEMOA. Nomadisme Et une fois lAfrique de lOuest en poche ? Eh bien, il faut aller brouter dans les prés de lAfrique Centrale. Chose qui serait en train dêtre faite en République Démocratique du Congo (RDC). Les négociations seraient très avancées pour acquérir une banque de référence de la place. Lopération serait même presque bouclée. Lobjectif est clair : y décliner la même stratégie initiée en Afrique de lOuest. Tout cela ressemble fort à un nouveau phénomène quest en train dinitier Attijariwafa bank : le «nomadisme bancaire». Car le nom dAttijariwafa bank résonne dans dautres contrées où sa présence future est annoncée. On la cite en Algérie, un marché qui, selon les dires de lancien PDG, Khalid Oudghiri, «présente pour Attijariwafa bank des caractéristiques intéressantes». On la cite également en Libye. La Libye est dailleurs une «vieille» affaire, en ce sens que le groupe sy intéresse depuis plus de deux ans. Aujourdhui, cest donc un truisme de dire que la force de frappe dAttijariwafa bank est ressentie au-delà des frontières nationales. Et ce, grâce à une mécanique maintenant bien huilée, laquelle sous-tend un management opérationnel renforcé en dynamisme et en capacité à suivre avec plus defficacité les évolutions de lenvironnement et lélargissement du périmètre daction du groupe. Pour autant, au-delà de cette politique légitime, dans un environnement très concurrentiel, de chercher de nouveaux relais de croissance, la politique africaine dAttijariwafa bank participe certes de ces actes qui contribuent au Rayonnement du Maroc à linternational, mais elle est également à apprécier sous langle de la déclinaison nouvelle quest en train de prendre la coopération Sud-Sud : une coopération qui doit être meilleure quantitativement et qualitativement. Cest la volonté des autorités marocaines. Attijariwafa bank en a pris acte en décidant de scruter le Sud sans perdre le Nord.