Le Maroc est un pays où le Sida est considéré comme épidémie peu active. Avec un total de 1.839 cas déclarés, le ministère de la Santé tente dempêcher cette épidémie de passer au stade de maladie concentrée. Au terme de la Journée mondiale de lutte contre le Sida célébrée le 1er décembre de cette année sous le thème «Stop sida. Tenir les promesses», le ministère de la Santé a dévoilé la dernière situation épidémiologique du Sida au Maroc. Il faut noter au passage que ledit ministère avait mis en place, depuis quelques années déjà, un système de surveillance épidémiologique des IST/Sida qui englobe aussi bien les déclarations de cas de Sida, la surveillance transfusionnelle VIH, la surveillance de la prévalence du virus que la notification des cas IST. Au 30 novembre 2005, le Maroc comptait 1.839 cas déclarés de Sida maladif. Rien quen 2005, quelque 271 cas ont été enregistrés contre 205 en 2004 et 165 en 1999, lannée de lavènement de la trithérapie, soit 54 % des cas déclarés entre 2001 et 2005. Les chiffres révèlent une augmentation considérable de la proportion des cas féminins qui passe de 19 % entre 1986 et 1990 à 42 % des cas entre 2001 et 2005. Autre chiffre inquiétant : la répartition des cas par âge. En effet, la tranche dâge 15-36 ans est la plus touchée par cette épidémie avec 68 % des cas. La tranche dâge 30-39 ans cumule à elle seule 43 % des cas contre 25 % pour la tranche 15-29 ans, qui est déjà un chiffre alarmant. Au Maroc, comme un peu partout dans le monde, le mode de transmission prépondérant du virus est le mode hétérosexuel avec une moyenne de 76 % des cas déclarés depuis 1986. Le taux de ce mode a progressé de manière considérable de 24 % entre 1986 et 1990, à 83 % entre 2001 et 2005. Le nombre de personnes vivant avec le VIH/Sida est estimé, quant à lui, entre 16.000 et 20.000 pour lannée 2005. Dans le cadre de la surveillance sentinelle, deux groupes ont été ajoutés à la liste des groupes vulnérables. Il sagit des prisonniers et des professionnelles du sexe, avec une prévalence de 0,6 % pour les premiers et 2 % pour les seconds. Pour les femmes enceintes, les tuberculeux et les porteurs dIST, la prévalence est respectivement de 0,1 %, 0,3 % et 0,3 % aussi. 2005, lannée du bilan et de la riposte Ces taux permettent dévaluer le niveau épidémiologique du Sida au Maroc. Avec une prévalence de moins 1 % pour les femmes enceintes et moins de 5% pour les groupes vulnérables, lépidémie est peu active au Maroc. Mais, il faut fournir tous les efforts possibles pour ne pas passer au stade dépidémie concentrée puisquun fil dAriane le sépare du stade de maladie généralisée. Depuis la signature de la déclaration dengagement en 2001, le ministère de la Santé et ses partenaires ont réalisé des progrès notables à travers la mise en uvre du Plan stratégique national de lutte contre le Sida entre 2004 et 2005. Les actions de prévention ont été renforcées et intensifiées à travers une campagne nationale de communication sociale et des actions de proximité auprès des groupes les plus vulnérables. Les interventions de proximité menées par les ONG, incluant léducation par les pairs, le dépistage anonyme et gratuit, la prise en charge des IST ont été étendues à plusieurs villes. En 2005, 9.000 personnes ont subi le test VIH contre 6.000 en 2004 et 1.500 en 2001. Dans le cadre des activités réalisées suivant le programme dappui du Fonds mondial, 410.000 jeunes et femmes ont été sensibilisés, ainsi que 32.000 personnes issues de groupes vulnérables. Laccès à la trithérapie a été généralisé, permettant le traitement de 1.120 malades à fin novembre 2005, alors que le nombre de malades traités nétait que de 167 en 2001. Les services de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida ont été décentralisés dans les centres hospitaliers des villes dAgadir, Marrakech, Tanger, Fès, Meknès et Oujda, en plus des deux CHU de Casablanca et de Rabat. Ces bons résultats et lexemplarité de la riposte nationale au VIH/Sida menés par le ministère de la Santé et ses partenaires ne doivent pas faire oublier la menace permanente de lépidémie. La riposte nationale se fixe dailleurs pour objectif dinfléchir la progression sans cesse maintenue du nombre de cas cumulés de Sida, qui a atteint le seuil de 1.839 à fin novembre 2005. Le renforcement de la riposte nationale passe obligatoirement par une plus grande mobilisation de lensemble des partenaires aux niveaux national et local afin daugmenter notablement la couverture des groupes vulnérables par des actions de prévention et de réduire limpact sur les personnes vivant avec le VIH/Sida. Le sida dans le monde Le sida est désormais considéré comme lune des plus grandes épidémies dans le monde. Selon lONUSIDA, entre 35 et 42 millions de personnes vivent actuellement avec le VIH dans le monde. Environ 25,5 millions dentre elles vivent sur le continent africain, où, à cette date, 13 millions sont déjà décédées et 12 millions denfants ont perdu au moins un de leurs parents des suites de cette maladie. Le taux de prévalence du VIH parmi les jeunes femmes enceintes âgées de 15 à 24 ans est supérieur à 10 % dans 12 des 23 pays dont lONUSIDA dispose de données. Dans les pays dAfrique du Nord, plus de 91.000 personnes vivent avec le virus et 11.000 sont décédées des suites de cette maladie, dont 2.700 décès en 2003. On totalise 510.000 individus porteurs du virus entre lAfrique du Nord et le Moyen-Orient. En 2005, on compte 3,1 millions de décès des suites du Sida à travers le monde et 10 nouvelles infections chaque minute. Tout cela se passe de tout commentaire !