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La crise de l’autorité parentale au Maroc
Publié dans Finances news le 31 - 03 - 2005

La problématique de l’autorité parentale au Maroc prend de plus en plus d’ampleur. Plusieurs facteurs y ont contribué. Cette problématique a fait, récemment, l’objet d’une étude de la part d’Abdelmajid Benjelloun, professeur à la Faculté de droit de Rabat-Agdal. Une étude parue dans le Rapport du Social 2004, des éditions OKAD. Détour.
Il est à noter que ce travail se situe tout à fait en dehors du contexte de la psychanalyse, et donc loin de toutes considérations relatives à la nécessité de tuer son père, au complexe d’Oedipe, à la castration, etc.
Abdelmajid Benjelloun, professeur à la Faculté de droit de Rabat-Agdal, ne parle de la détérioration de l’autorité parentale que dans les limites de ce que l’on appelle la normalité. Il traite d’un problème sociétal, c’est-à-dire de ce que les statisticiens appellent la loi des grands nombres. Les jeunes, dans cette étude, sont abordés en tant que notion générique sans distinction de sexe, bien qu’il y ait des différences dans leur nature et dans leur comportement respectifs. Mais, il semble au vu de l’observation la plus immédiate et peut-être la plus superficielle, que le problème est plus sérieux chez les garçons.
Constatations premières
Abdelmajid Benjelloun, auteur de l’étude, note que l’approche du problème de la crise de l’autorité parentale au Maroc relève de deux ordres : subjectif et objectif. Il parle de l’expérience subjective de la crise de l’autorité parentale à coups de témoignages collectés auprès des proches ou de simples connaissances de passage et même à partir des scènes auxquelles il a pu assister, sans oublier les témoignages recueillis dans une émission télévisée où l’on se fait écho à la fois des sentiments d’un père et de son fils et de ceux d’une jeune fille qui exprime des réflexions extrêmement significatives sur la liberté fondamentale et inextinguible de l’être humain, face à une autorité parentale qui lui semble aveugle ou aveuglément répressive.
D’après l’oncle de l’auteur, il y a 50 ans, ou même moins, les enfants ne mangeaient pas avec leurs parents. Ils attendaient jusqu’à ce que ceux-ci aient terminé pour pouvoir se mettre le reste sous la dent. Dans certaines familles, les enfants ne tournaient jamais le dos à leurs parents … Ils sortaient à reculons... Abdelhadi Belkhayat, le célèbre chanteur marocain, raconte qu’il a, dans sa première jeunesse, acheté en cachette de son père un luth, et que lorsque celui-ci découvrit le pot aux roses, il le lui a cassé sur la tête.
Mais depuis, il y a eu une réelle accélération invraisemblable de l’histoire, comme en témoigne ce père de famille qui vit dans un tel climat d’opposition avec sa fille adolescente que celle-ci refuse de partager même l’air ambiant avec lui.
Malgré cette mutation fulgurante, nous manquons de monographies ou d’études spécialisées suffisantes au regard de l’importance de ce sujet. Néanmoins, l’auteur de l’étude en a déniché quelques-unes pour les besoins de ses recherches, comme «Socialisation et identité» d’El Mostapha Haddiya. Cet écrit, datant de 1988, est relativement ancien mais tout aussi pertinent. Certes, il ne concerne que de jeunes ruraux dans une région particulière, mais peut s’appliquer à l’ensemble de la campagne marocaine de l’époque. Un pourcentage de 60 % des garçons et 50 % des filles questionnés affirment que leurs parents se mettent en colère en cas de réalisation du désir personnel de l’adolescent, 80 % des garçons et 70 % des filles disent ne pas respecter l’avis des parents et 90 % des garçons contre 87 % de filles sont en désaccord avec les propositions de leurs parents.
A peine sept ans plus tard, le même Haddiya entreprend une autre étude menée auprès de lycéens ; une étude relative à l’attitude qu’ils adoptent à l’intervention (contrôle) de leurs parents dans les «problèmes et les affaires personnelles». Seuls 16,41 % approuvent totalement l’intervention des parents. Une attitude qu’ils justifient par des considérations afférentes à la religion, l’expérience des parents, l’éducation, et la confiance mutuelle notamment. Mais, d’autres lycéens cherchent davantage d’autonomie quand la prise de décision les concerne personnellement même si ce sont 41,98 % qui approuvent ou désaprouvent partiellement l’intervention des parents. Parmi les lycéens questionnés, 18,65 % approuvent de manière partielle et limitée l’intervention de leurs parents. Par contre, 23,13 % d’entre eux désapprouvent totalement toute intervention parentale dans leurs affaires personnelles.
Haddiya en déduit que nous sommes en face d’un processus de socialisation inadéquat caractérisé par un déphasage et un clivage entre le «reçu» et le «vécu». L’adolescent est contraint de se former une identité psychosociale dont les traits principaux se situent dans le cadre de la rupture.
Les causes du phénomène
Comment en sommes-nous arrivés là ? Il faut distinguer, comme le dit Abdelmajid Benjelloun, entre les facteurs historiques et psychologiques à la base de la crise de l’autorité parentale au Maroc.
Il y a chez nous, depuis un certain temps déjà, comme une marche irrésistible vers un individualisme accru, dont le soubassement est évidemment la libération sous toutes ses formes, et notamment celle des enfants et adolescents vis-à-vis de leurs parents, à la lumière ou à cause de ce qui s’effectue dans ce sens en Occident.
Les médias occidentaux, dans ce qu’ils comportent d’excessif, montrant les rapports entre les parents et leurs enfants sous leur plus mauvais jour, ont nécessairement un effet de démonstration sur nos jeunes.
Bien avant, le contact de la colonisation européenne a produit d’importantes secousses socio-économiques qui ont assoupli et diversifié les types familiaux, en fonction de leur degré d’intégration à la vie moderne.
De plus, ce qui, dans ces dernières décennies, contribue à la détérioration de l’autorité parentale au Maroc, c’est que les enfants sont choyés. Du coup, ils profitent de la situation; c’est-à-dire de cette espèce de faiblesse sus-indiquée de leurs parents. Il en découle une crise de l’autorité parentale dont les parents assument du reste une large part de responsabilité.
Psychologiquement parlant, l’enfant, devenant progressivement plus ou moins un adolescent, vit une véritable mutation qui ne peut pas ne pas le déstabiliser. Le jeune débutant dans l’existence, n’a pas, à cette fin, tous ses esprits. En tant que tel, il ne sait pas, en quelque sorte, par quel bout prendre la vie. Pour l’auteur, c’est l’insupportable privilège de la jeunesse.
Selon ses déductions,, même si certains pères continuent de nos jours à croire en leur autorité selon un modèle ancien, nous sommes condamnés à faire confiance aux jeunes, à commencer par nos fils et filles, au gré de cette sentence héraclitienne : «on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière».


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