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Entretien avec Rachid M’Rabet, Directeur de l’ISCAE : «2008, l’année de la mue de l’ISCAE»
Publié dans Finances news le 05 - 07 - 2007

* La promulgation de la loi de réforme de l’ISCAE va donner le coup d’envoi à toute une stratégie de développement élaborée par les équipes de l’ISCAE.
* L’ISCAE, qui devient ainsi un groupe, sera dirigé par un Directeur général désigné suite à un appel à candidature.
* Un cycle de doctorat sera également mis en place pour injecter un nouveau sang dans le corps enseignant, de même que la recherche scientifique.
* Deux nouveaux instituts seront créés dans un délai raisonnable, l’un au Nord et l’autre au Sud du Maroc, mais ces régions doivent participer à ces créations car on ne peut pas tout demander à l’Etat.
Finances News Hebdo : Tout le monde relaye l’information sur l’adoption du projet de Loi de réforme de l’ISCAE; pourtant, ce texte n’est pas né du néant puisqu’à la base, le projet le plus important est la stratégie de développement de l’établissement. Peut-on en savoir plus ?
Rachid M’Rabet : Le projet de loi, qui est devenu la loi du Groupe ISCAE, n’est que le support juridique de la stratégie de développement que l’établissement a élaborée.
Tout a commencé lorsque nous avons décidé de doter notre établissement d’un horizon, (à nous fixer des objectifs à atteindre), compte tenu d’un certain nombre de paramètres. Nous avons planché sur notre histoire, nous avons pris en considération notre position sur l’échiquier universitaire, l’évolution de l’environnement économique national et nous avons travaillé sur ce qui se fait de mieux à l’extérieur… Compte tenu de tous ces facteurs, il fallait, comme diraient les stratèges, repositionner l’établissement.
Pour ce faire, nous avons commencé par faire l’audit pédagogique de notre établissement par une institution étrangère spécialisée en la matière, L’European Foundation For Management Development (EFMD), qui a l’habitude de diagnostiquer les instituts européens pour, à la fois nous dire comment on est, mais aussi pour établir un benchmark avec des établissements prestigieux.
Par la suite, nous avons réuni les équipes en interne pour travailler sur le projet de stratégie. Ils ont étudié les éléments fournis par cet audit pédagogique. Nous avons également constitué un comité de pilotage stratégique composé d’enseignants de politique générale et de stratégie.
Nous avons établi un projet de développement en 2001 qui a été adopté par l’interdépartemental, le Conseil intérieur.
Le projet de développement a fait l’objet d’une discussion au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur et du ministère des Finances. Des discussions qui ont duré deux ans. En 2003 donc, nous avons eu une mouture acceptable et acceptée par les deux ministères. Cette mouture est passée en Conseil d’Administration qui a adopté la stratégie, mais aussi le projet de loi qui est son support juridique qui va permettre sa réalisation.
Le projet a suivi son parcours normal en passant par le Secrétariat général du gouvernement, le Conseil de gouvernement et le Conseil des ministres, a été adopté par la Chambre des conseillers, avant de passer à la Chambre des représentants.
En fin de compte, nous avons une loi qui va nous permettre de réaliser notre stratégie de développement.
F. N. H. : Pour revenir au diagnostic, quelles ont été les remarques soulevées par l’audit pédagogique ?
R. M. : D’abord, le diagnostic pédagogique nous a montré que sur certains aspects, l’établissement est au même niveau ou presque de ce qui se faisait dans les meilleures institutions de formation à l’extérieur et que, sur d’autres, nous avions beaucoup de retard.
Le premier élément est qu’à l’ISCAE nous n’avions pas une vision écrite noir sur blanc, même si nous avions une vision tacite puisque nous avons toujours formé en étant à l’écoute des besoins de notre environnement.
Nous avons cette culture en interne, les enseignants se réunissaient régulièrement pour modifier et adapter les programmes aux besoins du marché. Mais il fallait passer du tacite à l’établissement d’une vision claire communément partagée.
Le deuxième élément est que notre établissement devait faire des changements au niveau de ses programmes et au niveau de la qualité de sa pédagogie. Pour cela, l’établissement devait développer la recherche scientifique et créer les doctorats pour résoudre le problème du renouvellement du corps enseignant en formant de nouveaux doctorants. En somme, de rajeunir l’âge des enseignants et booster la qualité de formation.
Il fallait aussi mettre en place une organisation pédagogique et administrative qui permette une gouvernance et un management modernes. Vous savez, nous travaillons avec un texte qui date de 1975.
Il fallait se doter d’une structure à même d’accompagner le développement, mais aussi qui permette un partage de responsabilités entre les différents acteurs de l’établissement, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Mais surtout, l’audit relève qu’il faut trouver un positionnement. Notre établissement est certes connu, mais qu’est-ce qui le différencie des autres établissements ? Nous avons acquis une bonne réputation, les étudiants trouvent du travail… mais tout cela n’est pas un critère de différenciation suffisant. Il fallait trouver quelque chose qui positionne l’établissement par rapport aux autres.
L’idée est de partir d’un paradigme de base, «Entreprise et citoyenneté», qui postule qu’on a l’ambition de former des cadres compétents mais aussi de bons citoyens. Et non pas les cadres qui cherchent un bon salaire et un statut social. Nous voulons apprendre à nos cadres l’éthique, les valeurs de la société, la solidarité, la citoyenneté, l’amour du pays, etc … avec toujours comme finalité l’excellence de la formation.
Cette stratégie va consolider l’acquis, puisque notre institution n’est pas née d’hier et qu’elle a réalisé d’importants progrès, et en même temps nous voulons avoir une vision et bâtir un nouveau schéma de développement de l’établissement pour le positionner par rapport à la concurrence, lui donner les moyens pour réaliser ses objectifs.
F. N. H. : Justement, comment coordonner ce nombre important d’actions à mener ?
R. M. : C’est de là qu’est née l’idée de créer un Groupe ISCAE, une structure de gestion des ressources humaines et des ressources financières. Dans les régions où seront créés des instituts autonomes pédagogiquement l’enseignement prendra en compte les spécificités et les besoins de chaque région. De cette manière, nous contribuerons au développement régional de notre économie et en même temps nous aurons permis à la formation d’être plus adaptée aux besoins, donc faciliter l’employabilité de nos lauréats dans des créneaux bien précis. Cette régionalisation est partie prenante dans notre schéma de développement.
Cela dit, il n’y aura pas une cannibalisation de l’ISCAE. Il s’agit pour l’Iscae de créer, à moyen terme, deux grands instituts supplémentaires, un au Nord et l’autre au Sud. Nous estimons que ces instituts ne peuvent être implantés que dans de grands pôles de développement économique où il y a un potentiel. De même, il faut que ces pôles nous préparent le terrain et contribuent au financement. Il faut que ces régions participent, car on ne peut pas tout demander à l’Etat.
F. N. H. : Pour revenir à la réforme, les nouvelles prérogatives du Directeur du Groupe ont fait couler beaucoup d’encre. Dans ce sens, quelles seraient ces prérogatives tant décriées ?
R. M. : Il faut préciser une chose : l’une des spécificités de l’ISCAE qu’on retrouve dans son texte de base, est qu’il a un mode de gouvernance particulier. Il est administré par le Conseil d’administration et géré par un Directeur. Il existe un partage de responsabilités. Ce schéma a permis la réalisation d’un certain nombre de choses.
Avec le nouveau texte, nous restons bien évidemment un établissement public, avec un Conseil d’administration et un Directeur général.
Le Directeur d’un établissement public dispose de toute l’autorité et des prérogatives pour gérer un établissement. Et ce ne sont pas les établissements qui précisent le pouvoir du Directeur, mais c’est l’Etat qui le fait. Les pouvoirs sont entre les mains du Conseil d’administration. Le Directeur puise son pouvoir de ce même Conseil. Donc, le pouvoir est déjà cadré et régi par la loi. Et ce pouvoir n’est en fait qu’une responsabilité, puisqu’il faut rendre des comptes.
F. N. H. : Existe-t-il pour autant des garde-fous ?
R. M. : Nous avons proposé pour la première fois qu’il y ait un enseignant par établissement pour siéger au Conseil d’administration, c’est une première pour notre établissement. Les parlementaires ont voulu qu’il y ait deux par établissement, tant mieux.
Les responsabilités et les procédures dans le nouveau texte sont claires : l’ISCAE est un groupe avec deux instituts. Chaque institut est dirigé par un Directeur nommé par Dahir avec deux Directeurs adjoints ; l’un s’occupera de la partie académique, il est donc obligatoirement un enseignant et le deuxième s’occupera de la partie formation continue et conseil aux entreprises.
Pour améliorer l’organisation, le groupe sera doté d’un Secrétariat général, mais également d’un Directeur de la communication et des relations extérieures.
Toutes ces nouvelles responsabilités sont autant de possibilités offertes aux enseignants pour exercer des responsabilités au sein de l’établissement avec toujours, comme toile de fond, l’amélioration de la formation et de la recherche scientifiques.
Ainsi, le niveau des études à l’admission passera de bacheliers à
Bac + 2 avec une concentration sur les disciplines de management avec de nouvelles matières à même de répondre aux besoins actuels et futurs des entreprises marocaines, avec des moyens de communication modernes de même que les cours seront dispensés en anglais, arabe, espagnol et français pour diversifier l’offre de cadres.
F. N. H. : Et comment sera désigné le Directeur général du Groupe ?
R. M. : Le Directeur général et les Directeurs des instituts seront désignés par appel à candidature. Les meilleurs candidats parmi les enseignants de l’Iscae et de l’extérieur peuvent prétendre à la Direction de l’institution. Une commission sélectionnera trois candidats dont les noms seront remis à SM le Roi qui nommera le Directeur général et les Directeurs des deux instituts ISCAE.
F. N. H. : Quand pensez-vous pouvoir mettre en œuvre cette nouvelle stratégie de développement ?
R. M. : Il faut attendre la promulgation de la loi, puis préparer les décrets d’application.
L’établissement a toute l’année prochaine pour préparer la mue et entamer le processus de changement. Dès la rentrée 2008 seront recrutés les Bac+2, en même temps que seront mis en place les nouveaux programmes ainsi que le centre de recherche et le cycle doctoral. p
Propos recueillis par
Imane Bouhrara
Finances News Hebdo : Tout le monde relaye l’information sur l’adoption du projet de Loi de réforme de l’ISCAE; pourtant, ce texte n’est pas né du néant puisqu’à la base, le projet le plus important est la stratégie de développement de l’établissement. Peut-on en savoir plus ?
Rachid M’Rabet : Le projet de loi, qui est devenu la loi du Groupe ISCAE, n’est que le support juridique de la stratégie de développement que l’établissement a élaborée.
Tout a commencé lorsque nous avons décidé de doter notre établissement d’un horizon, (à nous fixer des objectifs à atteindre), compte tenu d’un certain nombre de paramètres. Nous avons planché sur notre histoire, nous avons pris en considération notre position sur l’échiquier universitaire, l’évolution de l’environnement économique national et nous avons travaillé sur ce qui se fait de mieux à l’extérieur… Compte tenu de tous ces facteurs, il fallait, comme diraient les stratèges, repositionner l’établissement.
Pour ce faire, nous avons commencé par faire l’audit pédagogique de notre établissement par une institution étrangère spécialisée en la matière, L’European Foundation For Management Development (EFMD), qui a l’habitude de diagnostiquer les instituts européens pour, à la fois nous dire comment on est, mais aussi pour établir un benchmark avec des établissements prestigieux.
Par la suite, nous avons réuni les équipes en interne pour travailler sur le projet de stratégie. Ils ont étudié les éléments fournis par cet audit pédagogique. Nous avons également constitué un comité de pilotage stratégique composé d’enseignants de politique générale et de stratégie.
Nous avons établi un projet de développement en 2001 qui a été adopté par l’interdépartemental, le Conseil intérieur.
Le projet de développement a fait l’objet d’une discussion au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur et du ministère des Finances. Des discussions qui ont duré deux ans. En 2003 donc, nous avons eu une mouture acceptable et acceptée par les deux ministères. Cette mouture est passée en Conseil d’Administration qui a adopté la stratégie, mais aussi le projet de loi qui est son support juridique qui va permettre sa réalisation.
Le projet a suivi son parcours normal en passant par le Secrétariat général du gouvernement, le Conseil de gouvernement et le Conseil des ministres, a été adopté par la Chambre des conseillers, avant de passer à la Chambre des représentants.
En fin de compte, nous avons une loi qui va nous permettre de réaliser notre stratégie de développement.
F. N. H. : Pour revenir au diagnostic, quelles ont été les remarques soulevées par l’audit pédagogique ?
R. M. : D’abord, le diagnostic pédagogique nous a montré que sur certains aspects, l’établissement est au même niveau ou presque de ce qui se faisait dans les meilleures institutions de formation à l’extérieur et que, sur d’autres, nous avions beaucoup de retard.
Le premier élément est qu’à l’ISCAE nous n’avions pas une vision écrite noir sur blanc, même si nous avions une vision tacite puisque nous avons toujours formé en étant à l’écoute des besoins de notre environnement.
Nous avons cette culture en interne, les enseignants se réunissaient régulièrement pour modifier et adapter les programmes aux besoins du marché. Mais il fallait passer du tacite à l’établissement d’une vision claire communément partagée.
Le deuxième élément est que notre établissement devait faire des changements au niveau de ses programmes et au niveau de la qualité de sa pédagogie. Pour cela, l’établissement devait développer la recherche scientifique et créer les doctorats pour résoudre le problème du renouvellement du corps enseignant en formant de nouveaux doctorants. En somme, de rajeunir l’âge des enseignants et booster la qualité de formation.
Il fallait aussi mettre en place une organisation pédagogique et administrative qui permette une gouvernance et un management modernes. Vous savez, nous travaillons avec un texte qui date de 1975.
Il fallait se doter d’une structure à même d’accompagner le développement, mais aussi qui permette un partage de responsabilités entre les différents acteurs de l’établissement, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Mais surtout, l’audit relève qu’il faut trouver un positionnement. Notre établissement est certes connu, mais qu’est-ce qui le différencie des autres établissements ? Nous avons acquis une bonne réputation, les étudiants trouvent du travail… mais tout cela n’est pas un critère de différenciation suffisant. Il fallait trouver quelque chose qui positionne l’établissement par rapport aux autres.
L’idée est de partir d’un paradigme de base, «Entreprise et citoyenneté», qui postule qu’on a l’ambition de former des cadres compétents mais aussi de bons citoyens. Et non pas les cadres qui cherchent un bon salaire et un statut social. Nous voulons apprendre à nos cadres l’éthique, les valeurs de la société, la solidarité, la citoyenneté, l’amour du pays, etc … avec toujours comme finalité l’excellence de la formation.
Cette stratégie va consolider l’acquis, puisque notre institution n’est pas née d’hier et qu’elle a réalisé d’importants progrès, et en même temps nous voulons avoir une vision et bâtir un nouveau schéma de développement de l’établissement pour le positionner par rapport à la concurrence, lui donner les moyens pour réaliser ses objectifs.
F. N. H. : Justement, comment coordonner ce nombre important d’actions à mener ?
R. M. : C’est de là qu’est née l’idée de créer un Groupe ISCAE, une structure de gestion des ressources humaines et des ressources financières. Dans les régions où seront créés des instituts autonomes pédagogiquement l’enseignement prendra en compte les spécificités et les besoins de chaque région. De cette manière, nous contribuerons au développement régional de notre économie et en même temps nous aurons permis à la formation d’être plus adaptée aux besoins, donc faciliter l’employabilité de nos lauréats dans des créneaux bien précis. Cette régionalisation est partie prenante dans notre schéma de développement.
Cela dit, il n’y aura pas une cannibalisation de l’ISCAE. Il s’agit pour l’Iscae de créer, à moyen terme, deux grands instituts supplémentaires, un au Nord et l’autre au Sud. Nous estimons que ces instituts ne peuvent être implantés que dans de grands pôles de développement économique où il y a un potentiel. De même, il faut que ces pôles nous préparent le terrain et contribuent au financement. Il faut que ces régions participent, car on ne peut pas tout demander à l’Etat.
F. N. H. : Pour revenir à la réforme, les nouvelles prérogatives du Directeur du Groupe ont fait couler beaucoup d’encre. Dans ce sens, quelles seraient ces prérogatives tant décriées ?
R. M. : Il faut préciser une chose : l’une des spécificités de l’ISCAE qu’on retrouve dans son texte de base, est qu’il a un mode de gouvernance particulier. Il est administré par le Conseil d’administration et géré par un Directeur. Il existe un partage de responsabilités. Ce schéma a permis la réalisation d’un certain nombre de choses.
Avec le nouveau texte, nous restons bien évidemment un établissement public, avec un Conseil d’administration et un Directeur général.
Le Directeur d’un établissement public dispose de toute l’autorité et des prérogatives pour gérer un établissement. Et ce ne sont pas les établissements qui précisent le pouvoir du Directeur, mais c’est l’Etat qui le fait. Les pouvoirs sont entre les mains du Conseil d’administration. Le Directeur puise son pouvoir de ce même Conseil. Donc, le pouvoir est déjà cadré et régi par la loi. Et ce pouvoir n’est en fait qu’une responsabilité, puisqu’il faut rendre des comptes.
F. N. H. : Existe-t-il pour autant des garde-fous ?
R. M. : Nous avons proposé pour la première fois qu’il y ait un enseignant par établissement pour siéger au Conseil d’administration, c’est une première pour notre établissement. Les parlementaires ont voulu qu’il y ait deux par établissement, tant mieux.
Les responsabilités et les procédures dans le nouveau texte sont claires : l’ISCAE est un groupe avec deux instituts. Chaque institut est dirigé par un Directeur nommé par Dahir avec deux Directeurs adjoints ; l’un s’occupera de la partie académique, il est donc obligatoirement un enseignant et le deuxième s’occupera de la partie formation continue et conseil aux entreprises.
Pour améliorer l’organisation, le groupe sera doté d’un Secrétariat général, mais également d’un Directeur de la communication et des relations extérieures.
Toutes ces nouvelles responsabilités sont autant de possibilités offertes aux enseignants pour exercer des responsabilités au sein de l’établissement avec toujours, comme toile de fond, l’amélioration de la formation et de la recherche scientifiques.
Ainsi, le niveau des études à l’admission passera de bacheliers à
Bac + 2 avec une concentration sur les disciplines de management avec de nouvelles matières à même de répondre aux besoins actuels et futurs des entreprises marocaines, avec des moyens de communication modernes de même que les cours seront dispensés en anglais, arabe, espagnol et français pour diversifier l’offre de cadres.
F. N. H. : Et comment sera désigné le Directeur général du Groupe ?
R. M. : Le Directeur général et les Directeurs des instituts seront désignés par appel à candidature. Les meilleurs candidats parmi les enseignants de l’Iscae et de l’extérieur peuvent prétendre à la Direction de l’institution. Une commission sélectionnera trois candidats dont les noms seront remis à SM le Roi qui nommera le Directeur général et les Directeurs des deux instituts ISCAE.
F. N. H. : Quand pensez-vous pouvoir mettre en œuvre cette nouvelle stratégie de développement ?
R. M. : Il faut attendre la promulgation de la loi, puis préparer les décrets d’application.
L’établissement a toute l’année prochaine pour préparer la mue et entamer le processus de changement. Dès la rentrée 2008 seront recrutés les Bac+2, en même temps que seront mis en place les nouveaux programmes ainsi que le centre de recherche et le cycle doctoral.


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