* Les avocats d'affaires, une minorité qui réalise un important chiffre d'affaires. * Les cabinets marocains font de plus en plus appel à des avocats ou experts étrangers. Le Maroc connaît un développement notoire de son économie et de ses entreprises marqué par une ouverture sur le monde et une libéralisation poussée. Les avocats d'affaires sont à la fois des partenaires du développement de l'entreprise et des prestataires de services. Comme tous les autres avocats, ils ont le titre, le monopole de la plaidoirie et le devoir de respecter le Règlement intérieur national. Mais les avocats d'affaires occupent une place à part parmi leurs confrères : avec un pourcentage réduit de la population totale des avocats, ils réalisent le plus important chiffre d'affaires de la profession. La plupart travaillent pour des cabinets qui se consacrent exclusivement aux besoins des entreprises. Dans tous les domaines du droit, en effet, le monde des affaires fait de plus en plus appel à leur expertise, en contentieux, c'est-à-dire pour les litiges et conflits, comme en conseil. En France, on recense plus de 140 cabinets d'avocats d'affaires employant près de 9.000 collaborateurs, en grande partie des consultants, des experts et des analystes. Le marché des avocats d'affaires offre une typologie des maîtres qui peuvent être classés en trois catégories. D'abord les «bigs», historiquement liés aux grands groupes: Naciri, Kettani, Andaloussi, Hajji, etc. Ensuite, on trouve les cabinets internationaux comme Clifford Chance, Baker&McKenzie, Freshfields ; anglais ou américains pour la plupart. Quelques Français sont toutefois parvenus à rejoindre ce cercle à l'image de Salans ou CMS-Bureau Francis Lefebvre. Enfin, les cabinets «marocains». Ils se répartissent en deux catégories : les cabinets casablancais, très puissants (Me Jenkel, Me Taktak, Me Tabih, etc) et ceux du reste du pays, généralement proches de leur région d'origine, et de tailles très variables. Cette concentration est facilement explicable par le fait que la capitale économique abrite les sièges sociaux de la plupart des entreprises. Certains cabinets n'hésitent pas à faire appel à des avocats ou experts étrangers pour apporter leur expérience et leur savoir-faire. Philippe de Richoufftz, avocat au barreau de Paris et consultant au cabinet Naciri depuis quatre ans, a expliqué que «les multinationales cherchent toujours à avoir un service de qualité surtout dans la partie juridique pour éviter la partie judiciaire» ; et d'ajouter que «l'environnement des affaires au Maroc connaît une grande mutation et que les cabinets spécialisés devraient accompagner cette évolution». Même si les grandes entreprises sont dotées d'un département juridique, elles font appel à des cabinets spécialisés. Car certaines affaires peuvent être coûteuses, voire fatales pour l'entreprise. «Il faut distinguer entre le juridique et le judiciaire. Les entreprises ont grand intérêt à éviter le judiciaire», a indiqué Nabil Haddaji, avocat d'affaires au cabinet Ezze El Arab. Il a souligné que «les entreprises commencent à s'adresser de plus en plus à des avocats spécialisés, car la procédure est compliquée et il est question de bien prévoir l'issue de l'affaire aussi bien au niveau du jugement qu'au niveau du temps demandé». Les domaines de droit concernés couvrent un large spectre : droit social, droit fiscal, droit commercial et corporate... Par ailleurs, la conjoncture actuelle de sortie de crise économique favorise particulièrement les besoins juridiques liés aux restructurations et aux fusions et acquisitions. C'est en fonction de la situation et des ressources internes de l'entreprise que l'on détermine le type de cabinet vers lequel se tourner. Une entreprise confrontée à un besoin d'assistance juridique quasi quotidienne dans des domaines divers, doit procéder, parce qu'elle n'a pas les ressources en interne, à une quasi-externalisation de la fonction juridique. Il lui est alors recommandé de faire appel à des cabinets de petite ou de moyenne taille, plus disponibles que les grandes structures, et développant une offre «full-service», c'est-à-dire couvrant les principaux domaines du droit. Une entreprise plus importante qui dispose déjà de compétences juridiques en interne fera plutôt appel à deux types d'interlocuteurs : - des cabinets de niches, apportant conseil et expertise sur des problématiques très pointues. - des cabinets de taille importante, développant un large panel de compétences juridiques dans lesquelles l'entreprise fera ses choix en fonction de ses besoins. Les cabinets communiquent notamment par le biais d'articles et de tribunes, généralement publiés dans la presse spécialisée comme Juristes Associés, les Petites Affiches, le Jurisclasseur, mais aussi dans la presse économique. Ces articles permettent de s'informer sur les domaines d'expertise des différents cabinets et les spécialités sur lesquelles ils se positionnent. Pour le référencement dans les annuaires comme pour la publication d'articles, les avocats payent parfois le support. L'événementiel, participation à des forums ou des salons spécialisés, organisation de séminaires ou de déjeuners... demeure la première activité de communication des cabinets d'avocats, à côté d'une communication institutionnelle classique (site Internet, newsletter, plaquette...).