* Le programme de 2007-2009 de la Ficopam se base sur quatre axes stratégiques. * L'attaque des marchés rémunérateurs passe par la maîtrise de la qualité chez l'agriculteur et l'industriel. * L'industrie des conserves est pénalisée par la TVA. Finances News Hebdo : Dans quelles circonstances avez-vous été élu Président de la Ficopam? Hassan Debbagh : Je tiens d'abord à saluer le travail qui a été effectué par le Président sortant Chraïbi qui a beaucoup donné à la Ficopam et qui a défendu les intérêts de ce secteur au Maroc et à l'étranger. Chraïbi a passé 3 mandats à la tête de la Ficopam, le Président sortant et les confrères ont insisté pour que je prenne le relais. J'ai accepté à condition que tous les membres s'impliquent, et notamment les présidents d'associations. En effet, le travail au sein des associations est primordial dans le sens où les problèmes spécifiques de chaque association sont traités par son président et son bureau et, le cas échéant, avec un soutien du bureau fédéral. Le rôle du bureau fédéral est d'animer et coordonner le travail des associations, exécuter le programme décidé par l'assemblée générale et traiter les problèmes stratégiques du secteur. La Fédération regroupe aujourd'hui 7 associations (olives, câpres et cornichons, tomates et conserves de légumes, jus et conserves de fruits, épices et produits déshydratés, huile, vinaigre et vin et enfin produits surgelés). F. N. H. : Quelles sont les grandes lignes du programme 2007-2009 de votre Fédération? H. D. : La Fédération a un programme très ambitieux pour la période 2007-2009. Je pourrai résumer ses grandes lignes comme suit : - le plan Émergence a fait ressortir l'agroalimentaire comme un des 7 métiers retenus pour le développement du Maroc. Nous souhaitons mettre en place avec les responsables un plan d'action pour le secteur; - contribuer à l'amélioration de l'approvisionnement en matières premières, en quantité et en qualité; - soutenir une plus grande valorisation des produits finis des acteurs du secteur, - généraliser les systèmes qualité dans le secteur en amont et en aval. F. N. H. : Quels sont les chantiers prioritaires pour votre Fédération en vue d'assurer sa mise à niveau ? H. D. : Je pense que les quatre axes que j'ai mentionnés sont tous prioritaires et interdépendants. Nous ne pouvons pas investir, par exemple, dans la recherche de nouveaux produits si nous n'avons pas régulé l'approvisionnement en quantité et en qualité. Nous ne pouvons pas attaquer des marchés plus rémunérateurs tant que nous n'avons pas maîtrisé les systèmes Qualité chez l'agriculteur et chez l'industriel... F. N. H. : L'industrie marocaine de fruits et légumes transformés est spécialisée dans les produits intermédiaires à faible valeur ajoutée. Comment la Fédération et les associations concernées comptent-elles remédier à cette situation en coopération avec les autorités de tutelle? H. D. : Je reconnais qu'aujourd'hui certaines de nos filières s'arrêtent à un niveau de valeur ajoutée relativement faible, notamment celles qui commercialisent des produits en vrac. Nous avons mis le doigt sur ce point depuis un moment; Émergence a confirmé notre diagnostic et nous ferons tout pour combler ce retard. Nos voisins concurrents (Espagne, Grèce) y sont arrivés, ils ont bénéficié certes des aides communautaires pour cela. Nous aborderons ce sujet lors de la déclinaison du plan Émergence pour notre secteur. F. N. H. : Une grande partie de l'industrie de conserves au Maroc est destinée à l'export ; quels sont ses avantages et ses inconvénients ? H. D. : En effet, une grande partie de la production industrielle en conserves est destinée à l'export, mais avant de discuter des avantages et des inconvénients, j'aimerais revenir sur les causes de cet état de fait. En dehors du faible pouvoir d'achat qui pousse à consommer un produit non transformé plus qu'un produit industrialisé, nous avons un problème de TVA. En effet, à titre d'exemple : un légume frais n'est pas assujetti à la TVA, le même légume en conserve est assujetti à 20% de TVA. Pour ce qui est des avantages, l'export ouvre la porte à un marché mondial diversifié où les entreprises affûtent leurs armes pour une concurrence «grandeur nature», et où les standards de production et de qualité sont forcément tirés vers le haut. Par contre, la faible présence de la conserve marocaine dans le marché local prive le secteur de la possibilité de s'appuyer sur un marché domestique fort qui lui constituerait un parachute en cas de mauvaise conjoncture internationale. Par conséquent, les industriels ont du mal à investir pour innover et tester sur un marché proche avant de prendre des risques à l'étranger. F. N. H. : Est-ce que votre secteur est apte à affronter la mondialisation et le libre-échange avec le moins de dégâts? H. D. : Un des avantages que je viens de citer est l'aptitude du secteur à affronter la mondialisation parce qu'il est principalement exportateur. J'ajouterais même que le Maroc a un fort potentiel pour améliorer sa présence et son positionnement à condition que la volonté soit affichée et qu'une politique adaptée à l'amont agricole soit mise en place. F. N. H. : Comment comptez-vous tirer profit des accords de libre-échange que le Maroc a signés ? H. D. : Les accords de libre-échange sont profitables à certaines filières à des degrés différents. Le Maroc peut davantage profiter des accords si les industriels se battent avec les mêmes armes que leurs confrères dans les pays signataires de ces accords. Nous avons suivi les cas des concentrés de tomates, des confiseries et des pâtes alimentaires. Il faudra rester vigilant sur les origines réelles des produits importés de ces pays, et sur la valeur ajoutée réelle produite dans ces pays pour garantir les règles d'une concurrence loyale.