* 50% des victimes appartiennent à la catégorie la plus active de la population. * Le développement démographique et du parc roulant risque d'aggraver la situation Les accidents de la circulation continuent de sévir en provoquant des morts et des dégâts matériels importants. En 2006, la route a tué 3.622 personnes et fait 12.060 blessés graves et plus de 71.000 autres blessés légers. L'impact socioéconomique est alarmant. Le coût sur l'économie est lourd : 11 milliards de DH, soit 2% de perte pour le PIB. Un mort engendre automatiquement un drame social. S'il est père de famille, il laisse une veuve et des orphelins. Le pire est que 50% des tués représentent la catégorie sociale des 15 à 44 ans, c'est-à-dire la tranche la plus productive de la population. C'est une perte pour l'économie et une perte pour la société à long terme. 20% des victimes assurent le revenu principal d'une famille. Des milliers de familles doivent subsister suite au décès ou l'invalidité de leur tuteur. Le parcours des membres se voit sérieusement perturbé sinon détruit suite à cet événement dramatique. Pour le professeur Mohamed Lemsefer, chirurgien orthopédiste et traumatologue, «les accidents de la circulation sont un danger public, les victimes doivent être prises en charge par la société. Seules quelques-unes ont une assurance maladie, les autres doivent payer elles-mêmes les frais d'hospitalisation qui sont très coûteux. La plupart des blessés graves subissent un traumatisme crânien et entrent dans un coma profond qui nécessite plusieurs jours de soins intensifs. Les frais varient entre 1.000 dirhams et 5.000 dirhams/jour. Pour ces victimes, il faut des mois de convalescence, sinon des années, pour qu'elles puissent reprendre leur vie normale. Souvent, les charges d'hospitalisation dépassent les capacités des familles». Le Pr Lemseffer explique qu' «un traumatisme sur cinq est causé par un accident de la circulation. Ces victimes sont les principaux occupants des services de réanimation». Eric Poupcart, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), souligne, quant à lui, que «les accidents de la circulation sont un fléau mondial ; aucun pays n'est épargné. Mais il y a certains Etats qui ont réussi à limiter les dégâts à travers des programmes de sensibilisation», avant de préciser que «ces accidents causent chaque année plus de 1,2 million de morts, soit plus que toutes les guerres réunies sur la même période. Leur coût économique est estimé à 600 milliards de dollars. Un montant qui dépasse de loin l'aide au développement ». Poupcart relève que «si rien n'est fait, les accidents de la route vont progresser de 80% d'ici 2020, surtout dans les pays en développement». Il souligne par ailleurs que «ces tragiques événements causent non seulement des traumatismes physiques aux victimes, mais aussi et surtout des traumatismes psychiques pour la famille qui serait exposée à la souffrance permanente faute de soutien. Les proches doivent subir les conséquences souvent longues et douloureuses». Pour percevoir les indemnités dues, les ayants-droit doivent attendre des années et subir un vrai calvaire juridique. Outre une procédure judiciaire longue et pénible, les victimes se trouvent en fin de compte confrontées à la non exécution des jugements. Le ministère de la Justice a mené une campagne dans ce sens pour activer les exécutions. Le tribunal de première instance de Casablanca a accéléré la cadence en 2005 et 2006. Plus de 90.000 dossiers liés aux accidents de la circulation ont été exécutés durant cette période. Les compagnies ont versé des indemnités de près de 11 milliards de DH en deux ans. Plus de 75% des règlements ont été faits à l'amiable. Le parc roulant du Royaume dépasse un million de véhicules toutes catégories confondues. Ce parc augmente à une cadence moyenne de 15% par an. L'une des causes principales des accidents de la circulation est le vieillissement du parc. En effet, 88% des véhicules ont plus de 10 ans et 46% ont plus de 15 ans dâge. La baisse du pouvoir d'achat des consommateurs explique en partie cette option pour les voitures d'occasion ; le développement démographique et du parc roulant risque d'aggraver la situation. L'état des routes est aussi un autre facteur déterminant dans la sécurité routière. L'axe Rabat-Tanger a été parmi les plus meurtriers du pays, surtout pour les MRE. Mais la mise en service de l'autoroute a diminué sensiblement les accidents et surtout les victimes.