La Directrice générale du FMI appelle les régulateurs bancaires africains à renforcer leur coopération. Le FMI s'inquièterait-il de l'expansion galopante des banques transfrontalières en Afrique ? En tout cas il ne prend pas la question à la légère. L'institution de Bretton Woods a réuni les régulateurs bancaires africains à Maurice pour une conférence au titre révélateur : "activités bancaires transfrontalières et réformes réglementaires: les implications de l'expérience internationale pour l'Afrique" Dans son discours liminaire, devant les régulateurs et banquiers centraux d'Afrique, Christine Lagarde, Directrice générale du FMI, est revenu sur l'expansion impressionnante des banques panafricaines ces dernières années, surtout depuis l'avènement de la crise de 2008. «Les banques et autres institutions panafricaines sont devenues des pièces importantes du paysage financier continental. Ces institutions, dont certaines participent à cette conférence, ont comblé le vide laissé par le désengagement des banques européennes et américaines depuis la crise. Grâce à des produits et services de meilleure qualité, elles accompagnent la croissance des pays», a-t-elle d'emblée souligné. «Les activités bancaires transfrontalières ont enregistré une expansion impressionnante. Dix banques africaines sont désormais implantées dans au moins dix pays du continent et l'une d'entre elles est présente dans plus de 30 pays», a précisé Lagarde. Mais prévient-elle, «il vous est demandé de mettre en œuvre une coopération sans précédent avec les autres autorités de supervision africaines ainsi qu'avec les organismes de réglementation internationaux». En effet, cette expansion a donné lieu à une complexité grandissante. Compte tenu de la diversité des régimes réglementaires entre pays se trouvant à des stades différents de leur développement financier, la supervision des activités bancaires transfrontalières pose d'immenses défis. «Il n'existe pas de normes de comptabilité et d'information harmonisées. Les carences statistiques sont nombreuses. Les lois nationales régissant le secret bancaire et les restrictions imposées aux flux d'informations entravent la coopération entre les autorités de supervision des pays d'origine et des pays hôtes», déplore C. Lagarde. Les holding bancaires inquiètent particulièrement la patronne du FMI, qui appelle à une vigilance accrue : «Les sociétés holding bancaires ont leur siège dans un pays et leurs filiales dans la région sont soumises aux lois et réglementations des pays hôtes. Cette configuration confère une lourde responsabilité aux autorités chargées au premier chef de la supervision des holdings». La DG du FMI a néanmoins reconnu que plusieurs pays ont pris d'importante mesure pour faire face à ces problèmes, comme les collèges de surveillance transfrontaliers. Il faut désormais généraliser ces initiatives et renforcer davantage la coopération entre superviseurs pour saisir et corriger les risques liés aux banques transfrontalières. Le Maroc, qui compte trois banques panafricaines (Attijariwafa Bank, BCP et BMCE BOA) était bien sûr représenté à cette conférence par Abderrahim Bouazza, Directeur général de Bank Al-Maghrib, qui, si l'on se fie au programme de l'évènement, devait intervenir au sein d'un panel consacré la coopération en termes de surveillance transfrontalière en Afrique. Le programme prévoit également une intervention de Brahim Benjelloun-Touimi, Administrateur Directeur Général Délégué de BMCE BOA sur le thème des perspectives du secteur privé sur les opérations bancaires panafricaines.